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Volontarisme ou rigueur…
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Volontarisme ou rigueur…

Qu’il le veuille ou non, tout ce que le grand public non-initié aux grands paramètres macro-économiques retiendra du dernier budget du gouvernement travailliste pour le présent mandat sera la question de la compensation salariale.
Sera-t-elle payée ou pas ? C’est tout ce que l’homme de la rue veut savoir.
L’exercice de langue de bois auquel s’est livré le ministre des Finances, Rama Sithanen, mardi dernier au Parlement pour ne pas répondre directement à la question du leader de l’opposition, Paul Bérenger, peut être interprétée de diverses façons, selon le point de vue où l’on se place.
Qu’il n’y ait pas de «overriding reason» d’accorder une compensation salariale ne signifie pas qu’il ne va pas l’accorder.
De plus, pourquoi préciser qu’une «policy decision» doit être prise dans le prochain budget si le gouvernement n’a pas l’intention d’accorder une compensation salariale, arguent certains.
Pour les autres, les travaillistes étant sûrs de remporter les prochaines consultations législatives, le parti rouge ne se sent pas dans l’obligation de «fer labous dou», d’autant plus que c’est elle qui devra gérer toute dégradation du déficit public, comme le laisse entendre le Premier ministre, Navin Ramgoolam.
La question d’une compensation salariale n’a donc aucune justification économique directe. C’est une décision politique, se contentent de dire les pontes du secteur privé avant d’ajouter qu’il leur faudra bien se plier à la décision gouvernementale.
Mais surtout qu’on ne vienne pas nous faire accroire que cette décision politique n’a été prise que lundi soir à l’issue d’en tête-à-tête entre Navin Ramgoolam et son ministre des Finances. C’est un «gimmick politique». La décision a dû être prise bien avant car les conséquences sur les dépenses du gouvernement et les ajustements nécessaires sont si profonds qu’il aurait été impossible de le faire entre lundi et mercredi.
Nous disions plus haut que la compensation salariale n’a aucune justification économique directe. C’est vrai. Mais indirectement, une compensation salariale peut aider à renflouer la consommation qui est passée de 6 % à 3 %.
L’industrie domestique souffre beaucoup de la baisse du pouvoir d’achat comme le témoignent les résultats financiers intérimaires publiés.
Une compensation salariale aiderait davantage qu’une mesure utopique comme la baisse du taux de la TVA ou celle des intérêts sur les taux bancaires. Une baisse de la TVA coûterait trop cher au Trésor public et une baisse de la taxe sur les intérêts bancaires aurait un impact limité.
Une compensation salariale, aurait un effet général sur le pouvoir d’achat et même une «monnaie de singe» aurait un «feel good factor» non négligeable à quelques mois des élections générales. Ce pouvoir d’achat supplémentaire, même illusoire, retournerait dans les caisses du gouvernement à travers l’arsenal fiscal. Il ne coûterait donc pas si cher en définitive. Par contre, une baisse du pouvoir d’achat et de la consommation peut remettre en cause les revenus fiscaux de la TVA.
Maurice n’est pas les États-Unis, mais quand le moteur de l’exportation est cassé et qu’on se demande s’il va redémarrer à temps, quand le moteur des investissements directs, locaux et étrangers, tourne aussi au ralenti à cause d’une conjoncture défavorable, il ne reste plus que la consommation domestique pour tenter de limiter la casse.
L’économie a besoin d’un coup de fouet pour repartir, même sur une patte, en attendant que ne se confirme la relance mondiale. Ce coup de fouet ne peut venir que de l’État dans la conjoncture. L’investissement privé et les emprunts privés sont en baisse car les projets ont été gelés dans la construction et le tourisme, les gros emprunteurs avant la crise. Même les banques souffrent de la baisse de ola demande de crédit.
Les analystes de la Mauritius Commercial Bank exhortent le gouvernement à lancer les grands chantiers d’infrastructures déjà identifiés et qui tardent à voir le jour par un souci de combattre le chômage qui est à 8,1 %, disent-ils.
C’est vrai que la construction contribue à l’emploi des personnes non-qualifiées, le gros des chômeurs.
Mais il y a aussi un souci plus global de faire redémarrer l’activité économique. La lutte contre le chômage aide à faire repartir la consommation et peut créer d’autres emplois. Cette lutte est aussi une priorité du Joint Economic Council qui ne veut pas que soient démantelées les mesures de l’Additional Stimulus Package avant que l’on atteigne à nouveau les taux de croissance moyens de 5 % d’avant la crise.
Dans une époque où le mot d’ordre était venu «moins du gouvernement» on se retrouve obligé, depuis la crise, à faire l’apologie de l’interventionnisme d’État, pour sauver les banques et les jobs. La revanche de l’histoire.
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