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Votons pour le bloc 104
Faisons comme la presse ailleurs, et prenons ouvertement position pour un bloc en vue du scrutin du 5 mai. Nous optons pour le bloc 104 pour le symbole d’ouverture qu’il incarne !
Entre une Alliance dite de l’Avenir, qui conjugue avec les patronymes d’avant-hier, et une Alliance du Cœur qui, faute d’un arrangement communalo-électoral, se rabat sur des seconds couteaux dynastiques, comment choisir ?
Sur un plan purement rationnel, le choix électoral devrait être quasi-impossible, car aucun des deux blocs n’a jusqu’ici explicité son projet de société pour le pays. Les politiciens qui labourent leur circonscription savent que ce n’est pas sur le plan des idées que se joue une campagne législative. Quand ils « descendent » sur le terrain, quand ils font du porte-à-porte, ils font appel aux plus bas instincts de la population, ceux qui divisent les gens tout en prônant un soi-disant discours d’unité nationale (discours pris à contre-pied par leur seule présence dans leur circonscription spécifique).
Et ainsi au lieu de faire progresser le pays, de faire reculer les préjugés hérités de l’ère coloniale, et partant, faire émerger une vraie nation mauricienne, 545 candidats, dont ceux des deux Alliances choisis avec une grossière loupe ethnique, ont mis en avant leur appartenance communale pour pouvoir briguer cette élection nationale. Pour ce faire, ils respectent des lois désuètes imposées, en d’autres temps, sur la population. Ces lois, à bien voir, les arrange et mettent en exergue leur « bon » profil.
Face aux 545 candidats enregistrés par la commission électorale, un fait historique et salutaire : nous avons 104 hors-la-loi, soit un bloc hétérogène de citoyens mauriciens authentiques. Ceux-ci sont des hommes et des femmes qui savent que l’île Maurice métissée ne se retrouve pas dans un système électoral dépassé, vicié, qui profite aux éternels mêmes : Ramgoolam, Jugnauth, Duval, Uteem et autres Bérenger, Mohamed, Boolell, Meeah, Ramjuttun, etc. qui se complaisent dans un système injuste.
Comme en 1982, triste est de constater que le leader du MMM, qui jadis pronait «enn sel lepep, enn sel nation », rate cette fois-ci encore son rendez-vous avec l’histoire. Le fait que Bérenger se présente, pour la première fois comme Premier ministre face à Ramgoolam, est invalidé par la raison de son choix de vice-Premier ministre : Ashock Jugnauth. Mais vraiment Ashock Jugnauth ? Où est donc passé le principe d’égalité des chances ? Pourtant au sein des mauves, il y a plusieurs qui sont bien plus capables que l’oncle de Pravind !
Comme le MMM, pratiquement tous les partis enregistrés se doivent de faire du clientélisme dans une tentative de se faire élire. Ainsi dictent nos lois. Et celles-ci impactent sur notre culture et vice-versa. Dommage que nos lois n’imposent pas un quota pour les femmes - qu’on appelle par ailleurs à voter mêmes si elles ne sont pas compétentes. Cette discrimination positive, pour augmenter le faible quantum, est au fond similaire au phénomène « pied bananes » des principaux partis…
Au-delà de l’appartenance religieuse, du pays d’origine des ancêtres, du facteur ethno-castéiste, du pouvoir de l’argent, du lieu d’habitation, du style de vie, et du sexe du candidat, les Vencadasmy, Patel, Forget, Marie, Teelock, Jauffret Subron, parmi ces 104 Mauriciens exemplaires, poussent courageusement vers l’émergence d’un système électoral qui placerait les compétences d’un individu avant ces autres critères réducteurs qui dominent, depuis trop longtemps, la politique mauricienne.
Mais, à cause de nos lois désuètes, ces 104 citoyens sont interdits de faire acte de candidature pour siéger comme députés au Parlement mauricien.
La Cour suprême, une fois encore, sera appelée à interpréter si le fait de se présenter comme Mauricien, avant toute autre chose s’avère anticonstitutionnel. Les Nations unies aussi se penchent sur cette question identitaire – primordiale pour notre avenir commun.
En attendant, on peut soutenir le bloc 104, chacun à sa façon, sans klaxon ni meeting, même si les dés sont déjà pipés pour le 5 mai : le vote blanc est rejeté chez nous - comme nos 104 candidats.
Mais en continuant le travail de réflexion autour de la construction d’une nation mauricienne, le changement finira par arriver. En attendant que les quatre cases communales de notre Constitution volent en éclats, les 104 doivent se multiplier…
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