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Vraiment y échapper
La presse a largement évoqué cette affaire de prostitution d’adolescente qui a occasionné quelques arrestations d’adultes et la prise en charge de la jeune fille par la Child Protection Unit. Il apparaît que l’on trouve des touristes parmi les clients et il se pourrait que d’autres mineures soient également impliquées. On peut arrêter les adultes corrupteurs, soustraire pour un temps les victimes des influences néfastes du milieu ou du voisinage mais cela est-il suffisant pour espérer une solution durable à ces problèmes d’insertion ?
Toute mise en contact de pouvoirs d’achat très largement différents, comme à travers la rencontre du tourisme et des populations les plus démunies de ses destinations, constitue un terrain propice aux échanges vénaux. Rs 2 000, ce n’est que 65 dollars, ce n’est que 50 euros, pas grand chose pour un voyageur venu d’un pays à revenus élevés.
Précisément ceux qu’entend attirer notre industrie touristique, les plus susceptibles d’exposer une jeunesse précaire à la tentation de l’argent facile.
Il ne faut pas se voiler la face. Là où existe une activité touristique importante, là est également susceptible d’apparaître une pratique prostitutionnelle organisée. Face à cela, la responsabilité de l’État, des associations, voire des entreprises en mesure d’offrir des emplois peu qualifiés est d’identifier les populations à risques, de remédier aux conséquences de l’échec scolaire et de l’analphabétisme, de proposer des formations adaptées aux ressources de ces personnes. Les travailleurs sociaux peuvent aussi témoigner du rôle de la toxicomanie - soit comme échappatoire, soit comme motif - dans l’itinéraire des personnes prostituées. Il s’agira donc de mettre au point un exercice de veille qui croisera ces divers paramètres pour définir une prévention pertinente.
La langue désigne la prostitution comme le “plus vieux métier du monde”, c’est dire combien la culture, elle-même, est porteuse d’une tolérance résignée face à cette forme de trafic d’être humains. Il faut parfois des reportages sur des enfants de Thaïlande vendus aux bordels dès la puberté ou sur des jeunes femmes d’Europe de l’Est, enlevées, battues, transportées comme du bétail, il faut parfois de ce degré d’horreur pour que nos sociétés prennent vraiment conscience de la violence inhérente au sexe tarifé. Non seulement faut-il le prévenir par tous les moyens à notre disposition mais encore faut-il être capable d’offrir des moyens de réinsertion à ceux et celles qui veulent y échapper.
Qu’advient-il de nos enfants ? Et ces petites prostituées de quinze ans le sont aussi.
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