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«Wanted»

«Nous sommes plus des spectateurs que des acteurs. » Le constat de la pédagogue et anthropologue Danièle Palmyre, dans l’article de couverture ci-contre, n’est pas flatteur. Il y a de la couardise qui s’est instillée dans le comportement de l’Homo Mauritianus. Ou plus justement, il y a de la fatalité. L’assise du système social et éducatif régulièrement décriée, notamment dans la presse, est à peine ébréchée par les critiques.
Parce que les commentaires, si ce ne sont des litanies plaintives, sont rarement suivis d’action.
Il n’est pas question d’un revival des «années de braise» mais bien d’anachronismes, de comportements pétris de craintes pour les dominés et d’une prétendue toute-puissance pour les dominants. Ce sont les mêmes voix qu’on entend, si bien qu’on fi nit par croire que la société civile est réduite à un groupe d’irréductibles gauchistes pour la plupart. Même le citoyen lambda hésite à émettre une opinion qui serait diffusée. Moins sur les ondes que sur le papier, car «les paroles s’envolent», pense-t-on. Le journaliste, du coup, peine à trouver ces voix «on record» qui enrichiraient et feraient avancer le débat.
S’il est impérieux qu’on introduise dans la pratique l’Equal Opportunities Act et qu’on avance le Freedom of Information Bill, c’est bien parce que notre démocratie vivante n’en est pas moins perfectible. Les travers communalo-castéistes, la «politique des petits copains», les «méga scandales» et autres «scandales du siècle», le «noubanisme» : toutes ces expressions diagnostiquent un malaise de moins en moins accepté.
Dans la logique du printemps arabe, mais dans une tout autre mesure – ne comparons pas ce qui n’est pas comparable –, la mobilisation citoyenne se structure sur les réseaux sociaux. «Wanted: 15,000 youngsters to save our future»* : le groupe constitué sur Facebook démontre plusieurs choses. La pratique de la politique doit changer ; les jeunes ne sont pas si déconnectés des enjeux sociopolitiques que ça ; l’élan, au fond, transcende les générations mais est initié par une section qui pense son avenir autrement ; les coucheries du politique et du religieux sont intolérables.
C’est l’ampleur de la mobilisation – 9 740 membres à midi hier – qui attire l’attention et crédibilise le mouvement (même si le système d’adhésion n’est pas volontaire puisqu’un membre peut ajouter ses contacts à sa guise). La visibilité du groupe est assurée, l’action citoyenne qui s’ensuivra – marche pacifique à la Place d’Armes le 11 septembre – devra batailler pour éviter toute récupération politique, et se méfier des hiérarques en devenir.
Cette initiative, comme celle du Block 104 aux dernières législatives, devrait nous interpeller et nous sortir de notre confortable indifférence. Des chevilles ouvrières de cette mobilisation, on attend une réflexion claire sur le type de société espéré.
Quoi qu’il en soit, il est heureux de constater que les jeunes n’ont pas perdu, a priori, cette capacité de s’indigner, de se mobiliser, et d’agir. C’est roboratif, exaltant, et on l’espère, prometteur. Chapeau !
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