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Ashok Subron membre de ReA et candidat de l’Alliance du changement
«Il faut redonner aux jeunes le goût de vivre à Maurice»
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Ashok Subron membre de ReA et candidat de l’Alliance du changement
«Il faut redonner aux jeunes le goût de vivre à Maurice»
Pravind Jughauth vous a attaqué lors de son congrès jeudi dernier. Que lui repondez-vous ?
Il avait lancé une première attaque contre l’Alliance du changement en parlant de la IIe République. Cela a été un flop. Là, il a insinué le même mensonge. Les réformes de la Constitution dont nous parlons concernent, entre autres, la révocation des députés. C’est l’un des plus grands changements démocratiques depuis l’inscription des élections chaque cinq ans dans la Constitution. Il a un problème avec ça ? Nous voulons aussi inscrire le droit à la nature dans la Constitution. Où est le problème ? Nous voulons aussi constitutionnaliser les droits sociaux, économiques et culturels. Où est le problème ? Nous voulons aussi introduire, dans la Constitution, les élections villageoises et municipales pour que plus jamais elles ne soient renvoyées comme cela a été le cas. Nous avons aussi parlé d’une dose de proportionnel. Il n’est pas d’accord ? Concernant le Best Loser System, nous avons déjà dit que dans les premiers mois, nous allons changer la loi pour qu’aucun candidat n’ait à déclarer son appartenance ethnique pour les élections. Nous nous engageons à reconduire, sous six mois, le mini-amendement de 2014 en attendant la réforme.
Tout ceci ne sera possible qu’avec une majorité des trois quarts. Il se passera quoi si l’Alliance du changement ne l’obtient pas ?
Nous sommes partis pour une landslide victory. Mais il y a plusieurs choses qui peuvent être faites si nous n’obtenons pas de majorité. Par exemple, le droit à la nature peut être intégré dans une loi. L’obligation de tenir des élections municipales et villageoises aussi. Quant aux droits sociaux, culturels et économiques, ils peuvent aussi être dans une loi. Il y a des pays qui ont un «Bill of Rights».
Rezistans ek Alternativ a toujours été indépendant. Qu’estce qui a poussé le parti à s’allier aux partis traditionnels ?
Il y a un impératif. On ne pouvait pas accorder un troisième mandat à Pravind Jugnauth. Cet impératif découle d’une ligne rouge qui a été franchie : c’est l’assassinat de Soopramanien Kistnen qui avait été maquillé en suicide. Peu importe le bilan d’un gouvernement, s’il y a un assassinat avec des motifs politico-financiers – et ça, c’est la magistrate de la cour de Moka qui le dit, pas moi – c’est très grave. Et la liste pour laquelle on ne peut pas lui accorder un troisième mandat est longue et culmine avec le renvoi des élections municipales.
Et puis, ReA ne s’est pas réveillé un jour en disant qu’on allait conclure cette alliance. Depuis 2022, nous avons toujours maintenu qu’il faut un front uni de l’opposition. La décision d’intégrer l’Alliance du changement est en cohérence avec ce que nous avons prôné. Maintenant, notre position n’est pas seulement de changer de gouvernement, mais aussi de changer de système. C’est pour cela que nous avons parlé des réformes constitutionnelles, de donner plus de pouvoir au peuple, de sauvegarder la nature et d’assurer l’avenir de nos enfants. C’est ce que nous avons toujours défendu et c’est ce qui figure sur le programme. Soyons réalistes. Dans cette alliance, il y a deux dirigeants qui entament sûrement leur dernier mandat. Je leur ai dit qu’ils ont la possibilité de faire quelque chose pour nos enfants. Il faut tous que nous partions un jour, et c’est aux générations futures qu’il faut penser.
L’autre raison c’est que nous sommes dans une situation de «deadlock» pour ce qui est de la démocratie. Après 10 ans de Pravind Jugnauth et 56 ans d’Indépendance, notre démocratie s’est essoufflée. On ne peut pas la réparer, il faut la réinventer. Nous la faisons revivre avec de nouvelles mesures, par exemple, donner au peuple le droit de révoquer un élu.
Mais il y a aussi des problèmes urgents, comme la drogue. Vous avez prévu quoi pour endiguer ce fléau ?
Il faut tout d’abord accepter que l’approche que nous avons prise pour combattre la drogue n’a pas marché. Culpabiliser les usagers de drogue n’a pas fonctionné. Il faut les considérer comme des personnes malades. À partir de là, il faut leur donner un traitement médical approprié, l’assistance et l’accompagnement nécessaires. Puis, il faut que nous apprenions des autres, il faut voir ce qui a marché ailleurs et faire la même chose. Il faut voir ce que préconise les Nations unies et s’éloigner de l’approche hyper répressive qui n’a pas du tout fonctionné. Il faut aussi travailler avec ceux qui sont sur le terrain, et ReA est proche de ces travailleurs.
Il ne faut pas oublier que ce problème de drogue comporte un autre volet : c’est que les jeunes sont dégoûtés de leur pays. Certains sont partis. Ceux qui sont ici se sentent menacés par l’afflux des travailleurs étrangers. Il faut trouver le moyen de redonner le goût à la vie à ces jeunes, car notre pays peut être un bijou !
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