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En chômage technique forcé

Indurani Chatoo : «Je subis la pire humiliation d’un collège que j’ai servi pendant plus de 40 ans»

11 mai 2024, 17:00

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Indurani Chatoo : «Je subis la pire humiliation d’un collège que j’ai servi pendant plus de 40 ans»

Elle est devenue «redundant» à la suite d’une décision de l’administration du collège Friendship de Goodlands. Cette enseignante de français dans le département des filles de ce collège, a été interdite d’enseigner. Chaque jour, elle vient signer sa présence et ne fait toute la journée avant de rentrer chez elle l’après-midi. Elle se sent rabaissée par ce traitement après de si longues années de service.

Ancienne élève du collège Friendsip de Goodlands, Indurani Chatoo y est recrutée pour enseigner après avoir obtenu un Bachelor in Education. Elle détient aussi un diplôme en médias et communication et a reçu une formation du Centre international d’études pédagogiques de l’Union européenne. Au cours de sa carrière, elle déclare avoir apporté une riche contribution au collège. Au niveau extrascolaire, elle a amené des élèves à trois reprises en finale du French National Drama Festival, organisé par le ministère des Arts et du patrimoine national. De plus, ses compétences en art ont fait que le collège soit le seul à être choisi au niveau de la zone 1 pour sensibiliser les élèves aux fléaux sociaux via un forum du ministère de la Jeunesse et des sports.

Cette mère de famille s’estime victime d’une grande injustice et en a gros sur le cœur. Elle déclare que tout a commencé avec la nomination de Vishal Paupiah comme Deputy Rector. Ce n’est qu’à la rentrée, après plusieurs mois de confinement, que le directeur du collège, Rajah Venkatasawmy, a présenté Vishal Paupiah comme Acting Rector. «Sa nomination est une violation à outrance des procédures établies par le rapport du Pay Reaserch Bureau de 2008. Selon les procédures stipulées dans l’Employers Rights Act, il fallait déclarer vacant le poste de Deputy Rector. Or, ce poste n’a jamais été déclaré vacant et aucun avis n’a été émis pour permettre à tous ceux éligibles de postuler et leur donner une chance égale.»

Elle souligne qu’au moment de sa nomination, M. Paupiah ne satisfaisait pas les critères pour le poste de Deputy Rector. «Il ne comptait que dix ans d’expérience en tant que prof dans ce collège au lieu des 15 ans demandés. Il a été recruté en 2010 et promu en 2020. Après sa promotion, il y a eu un dysfonctionnement au collège. Mes amis et moi déplorons son manque de considération pour les éducateurs senior, dont ceux occupant le poste de section leaders. Ces postes ont été arrachés et confiés aux jeunes.»

Elle ajoute que lors de staff meetings, il ne crée aucun espace de dialogue, d’échange d’idées et d’expression d’opinions face aux arguments qu’il avance. «Au cours d’une de ses réunions, je n’ai pas approuvé ses stratégies que je juge inappropriées concernant l’enseignement du français. Je lui ai dit que j’ai une formation en linguistique et pédagogique et que je suis mieux placée pour savoir quelles stratégies répondent mieux aux besoins spécifiques de mes étudiantes, surtout celles qui ont de faibles compétences langagières. Cela ne lui a pas plu et il a exprimé son mécontentement en me disant que j’étais en conflit avec lui. Par conséquent, il s’est mis à me harceler.» Le 23 novembre, elle dit avoir été victime de violence verbale et psychologique de sa part. «Il m’a malmenée quand je lui ai dit que je ne pouvais assister à l’annual party de décembre sur la plage de Mon-Choisy.»

Elle dit avoir rapporté le cas au ministère et à la Private Secondary Education Authority. Le 1er août de l’année dernière, l’administration du collège lui a proposé le poste de Head of Department (HOD) de français. Deux jours après, soit le 3 août, elle a soumis sa lettre au directeur du collège, exprimant son intention d’accepter la proposition. Le même après-midi, elle affirme que les enseignants du département de français, sauf elle, ont été conviés d’urgence à une réunion avec le Deputy Rector, M. Paupiah, où il aurait ordonné à ceux présents de choisir une autre Head à sa place. «Ainsi, il a choisi une de mes collègues par un vote illégal. Il a aussi ordonné qu’il n’y ait pas de fuite à ce sujet. Le choix du HOD se fait sur la base de la séniorité. Or, comme le mostsenior est facilitator dans l’Extended stream, c’est moi qui suis éligible pour occuper le poste de HOD.»

Elle ajoute que le 7 mars, au cours d’une réunion, le Deputy Rector a annoncé qu’un nouvel emploi du temps serait bientôt alloué aux enseignants et qu’il y aurait un redundant dans le département de français. «Je lui ai demandé de bien définir par écrit les critères pour le choix du redundant. Après la remarque du directeur du collège, j’ai compris que sans aucun doute que ce serait moi la redundant car quelques jours plus tôt, j’avais dénoncé l’injustice et le favoritisme existants au collège. Le 18 mars dernier, j’ai récupéré mon time-table sur la table du clerk et j’ai constaté qu’il était vide. On ne m’avait alloué aucune working period. Pour moi, il s’agit d’une mesure punitive, faisant suite à mes dénonciations de discrimination à mon égard.»

La direction se défend

Si au début de la conversation, le directeur du collège, Rajah Venkatasawmy, nous a répondu qu’il y a une plainte e l’enseignante au ministère du Travail suite à une plainte et une autre du Deputy Rector, il a tenu quand même à nous donner quelques explications. Selon lui, Indurani Chatoo n’est pas la Senior most au sein du département de français. Il est soutenu dans ses dires par Renusha Soobadar, qui compte 32 ans de service au collège. Celle-ci affirme que lorsqu’elle s’est jointe au collège, elle était déjà diplômée et qu’Indurani Chatoo a dû suivre des cours pour obtenir les qualifications qui la rendent éligibles au poste de HOD. Le directeur indique qu’Indrani Chatoo travaille dans deux départements, le français et les arts dramatiques. Pour cela, il considère qu’elle n’est pas seniormost du département de français. «Il y a aussi le rapport du PRB à prendre en considération», souligne-t-il.

Rajah Venkatasawmy ajoute qu’Indurani Chatoo compte 42 ans de service au collège et qu’elle devrait partir à la retraite l’an prochain. «J’ai préféré la mettre redundant car si j’avais choisi un autre enseignant, l’an prochain j’aurais été obligé d’en recruter un autre quand elle serait partie à la retraite.» Il souligne également qu’avec le nombre réduit d’élèves au collège, il y a un surplus d’enseignants.

Il dément avoir proposé le poste de HOD à Indurani Chatoo. «Je lui ai seulement demandé quelle était son intention.» Pour le refus de l’enseignante de se rendre à l’annual party à Mont-Choisy, il souligne que cette activité s’est déroulée au collège et que la réunion d’urgence du 3 août n’a pas été conviée par le Deputy Rector. Le directeur du collège fait ressortir que pour l’instant, comme il y a une enquête au ministère du Travail, il préfère ne pas en dire davantage, soulignant que son Deputy Rector et lui donneront toutes les informations nécessaires à ceux qui mènent l’enquête.

L’express est en possession d’une lettre en date du 1er août 2023, dans laquelle Rajah Venkatasawmy demande à Indurani Chatoo de «kindly let me know if you are willing to take the Head of the French Department.» À chacun son interprétation. Pour l’annual party, il nous revient que c’est faute d’un permis pour ériger une tente à Mont-Choisy que cette activité avait eu lieu au collège.