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Post-Belal
Inondé, le musée de Port-Louis patauge dans la boue
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Inondé, le musée de Port-Louis patauge dans la boue
De la capitale au Sud de l’île, le cyclone n’a pas épargné les musées. Situé rue La Poudrière à Port-Louis, le musée d’histoire naturelle a été inondé. L’eau est montée jusqu’aux artefacts.
Scène de désolation hier matin au musée d’histoire naturelle, à la rue La Poudrière, Port-Louis. Les stigmates des inondations après le passage du cyclone Belal sont bien visibles : de la boue non seulement dans la cour, mais aussi abondante et épaisse à l’intérieur du musée. Laissant des traces tout le long des présentoirs et des objets exposés.
Somduth Dulthumun, président du Mauritius Museums Council (MMC) confirme : «L’eau est montée à hauteur des artefacts, jusqu’à deux pieds.» La quantité de boue dans la deuxième salle consacrée aux poissons et dans la troisième salle consacrée à la collection d’insectes témoigne de la fureur des éléments. Même si le musée est surélevé par rapport à la chaussée de «trois à quatre pieds», à l’intérieur, l’eau est arrivée à «encore deux pieds de hauteur». Ce qui donne une idée de l’intensité des précipitations.
Il ajoute que les voitures qui étaient garées dans la cour du musée «ont été submergées». Avant de préciser que «sept voitures» ont subi des dégâts des eaux dans le parking du musée.
Et dire que c’est dans ce bâtiment situé à l’angle des rues La Chaussée et La Poudrière que sont conservés et exposés les emblématiques ossements de dodo. «Ils sont dans la quatrième salle du musée», précise le président du MMC. Un patrimoine national – les ossements – qui n’a pas subi d’avaries après le passage du cyclone Belal, selon lui. Somduth Dulthumun indique qu’il est encore trop tôt pour évaluer le coût des dégâts après ce cyclone. On se souvient que les inondations meurtrières de 2013 à Port-Louis n’avaient pas épargné le musée d’histoire naturelle à Port-Louis.
Au seuil du musée, ces débris donnent une idée des inondations.
Sept véhicules garés dans la cour ont subi des dégâts des eaux.
Musée de Mahébourg : Il affronte le cyclone sous un prélart vert
C’est bâché sous un prélart vert que le musée national d’histoire à Mahébourg a essuyé les rafales du cyclone Belal.
Soulagé, Somduth Dulthumun indique qu’à Mahébourg, le musée est «safe». Il ressort qu’il existe un protocole selon lequel à l’approche du mauvais temps, des artefacts, comme les tableaux sont mis à l’abri. D’autant plus que le prélart vert qui couvre le toit du musée de Mahébourg «depuis plus de deux ans a une couture qui a craqué», indique une autre source. Résultat : «Même s’il ne pleut plus à l’intérieur du musée, il y a des infiltrations d’eau le long des murs extérieurs. Une bâche ce n’est pas fait pour durer.» Belal à son point le plus rapproché est passé à 70 km au sud de Maurice.
Le toit en bardeaux pourri attend une rénovation qui tarde à venir. Malgré des subventions de Rs 5 millions au cours de deux années financières consécutives et le recrutement d’un consultant, l’appel d’offres pour les travaux de rénovation n’a pas encore été lancé. Un cahier des charges est en cours d’élaboration.
Musée de la Petite Collection : un ancien wagon de train endommagé
À Rose-Belle, Goorooduth Chuttoo ne cache pas son pincement au cœur. Pendant quinze jours, son musée de la Petite Collection restera fermé. Pas de visites, donc un manque à gagner, le temps du nettoyage après les dégâts causés par le passage du cyclone Belal.
Sa plus grosse perte : un ancien wagon de train. «Les rafales de vent ont enlevé les tôles du wagon», explique Goorooduth Chuttoo. Nostalgique, il rappelle la date du 31 mars 1956, celle du voyage du dernier train de passagers à Maurice. Les trains de marchandises ont continué à sillonner l’île jusqu’en 1964. «Le wagon qui est chez moi servait au transport du sucre de l’ancienne usine de La Baraque et celle de Rose-Belle jusqu’au Quai D», explique le responsable du musée de la Petite Collection.
Quand le chemin de fer est démantelé, ce wagon «est transformé en une sorte de bureau. Gardien ti pe dormi ladan». Il surveillait les autres wagons vendus et en partance. Comme le Mauritius Government Railways n’existait plus, «le gardien a fini par amener le wagon chez lui, à Bell Village. Il y a aménagé une cuisine». Goorooduth Chuttoo qui a vent de cette histoire propose au gardien de lui céder le wagon en échange d’une vraie cuisine. «Misie la finn dakor. Monn ranz enn lakwizinn pou li.» C’est en 1968 que le collectionneur dit avoir récupéré le wagon, qu’il conserve chez lui depuis.
«Je lance un appel aux autorités, aux sponsors, au Mauritius Museums Council pour sauver ce patrimoine, pour que les enfants de nos enfants puissent toujours le voir. Je souhaite retaper ce wagon», affirme Goorooduth Chuttoo. Il évalue les dégâts à «un total de Rs 3 millions» après le passage du cyclone.
Il précise avoir pris contact avec divers assureurs dans le passé, «mais ils m’ont tous dit que la valeur des objets du patrimoine, sa li enn lot sa. Pourtant le cyclone m’a pris un trésor». Ce qui explique pourquoi les très nombreux objets du musée de la Petite Collection «ne sont pas assurés contre le feu, le vol ou les cyclones». En attendant, le responsable du musée de la Petite Collection dit seulement «the show must go on».
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