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Elections en Inde

Inside story

22 avril 2024, 22:22

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Les élections au sein de la «plus grande démocratie du monde» ont débuté vendredi dernier, et vont durer jusqu’au 1er juin prochain et les résultats proclamés. Presque 970 millions d’Indiens sont appelés aux urnes pour élire le prochain Premier ministre et les 543 députés du Lok Sabha. D’ores et déjà, Narendra Modi est donné grand favori selon pratiquement tous les sites d’informations. Dans la Grande péninsule, les habitants oscillent entre continuité et espoir de changement.

La logistique déployée est titanesque. Les électeurs seront appelés à voter en sept phases, dépendant de l’État où ils vivent. Quinze millions d’agents sont mobilisés. En Inde, la règle est claire : les bureaux électoraux ne peuvent pas être éloignés de plus de 2 kilomètres des habitations. Ainsi, des porteurs ont commencé à déplacer les machines électroniques, en début de semaine, dans les endroits les plus reculés. Pendant la période électorale, il faudra qu’ils se déplacent dans les montagnes, les déserts, qu’ils rencontrent les nomades, qu’ils naviguent en bateau, voyagent en avion, montent à cheval ou même à dos d’éléphant, selon le journal Le Monde. Les votants repartent avec une marque à l’encre sur l’index, témoin de leur passage dans l’isoloir, mesure que préconise d’ailleurs Linion Moris pour les élections générales à Maurice.

Inside story (3).jpg Anirudh Nakka, 41 ans, vit à Bangalore et estime que la campagne électorale a été «exécrable».

Les deux blocs qui s’affrontent sont le Bharatiya Janata Party (BJP), le parti de Narendra Modi, et une coalition de partis régionaux menés par le Congrès. Cependant, cette coalition n’a pas encore fait savoir qui occupera le poste de Premier ministre en cas de victoire. De plus, le compte bancaire du Congrès a été gelé par le fisc indien depuis février, ce qui rend leur campagne plus difficile. Rahul Gandhi, issu d’une famille de Premiers ministres, a été écarté du Parlement l’année dernière après une condamnation pour diffamation et le Chief Minister de Delhi, Arvind Kejriwal, a été emprisonné récemment. Les détracteurs de Narendra Modi n’ont cessé d’évoquer des manoeuvres politiques pour écarter ses adversaires.

Inside story (4).jpg Les votants repartent avec une marque à l’encre sur l’index, témoin de leur passage dans l’isoloir.

Quel sera l’impact de ces élections sur Maurice ? Sollicité par l’express, Rakesh Mishra, président de la Pipra Foundation – association socioculturelle indienne – et qui a visité Maurice à plusieurs reprises, explique que pendant les dix dernières années, l’Inde a connu une transformation en profondeur, des infrastructures à la technologie. Quant à Maurice, il fait ressortir qu’à l’avenir, il y aura plus de possibilités pour les Mauriciens en Inde, comme dans le secteur de la santé ou de l’éducation. «Il ne faut pas oublier que beaucoup de professionnels mauriciens travaillent ou font du business avec l’Inde.»

Une étudiante indienne, qui maîtrise la relation Maurice-Inde, rappelle que Maurice s’est beaucoup développé grâce à l’Inde. Elle parle du métro, des infrastructures à Agaléga et la Cour suprême entre autres. «Si Narendra Modi est réélu, les deux pays vont en bénéficier», estime-t-elle…

Le problème des transfuges et du financement des partis

Mais tout n’est pas si rose. Anirudh Nakka, 41 ans, vit à Bangalore. Ce HR Benefits Officer chez Tesco a une autre lecture des choses. «Déjà, la campagne a été exécrable. Le gouvernement a utilisé tous les moyens pour réduire l’opposition. De plus, nous avons un problème de transfuges, ce qui n’arrange pas les choses», fait-il remarquer. En outre, les exigences des partis en matière de financements par le secteur privé, qu’il qualifie d’«arm twisting», découragent la classe moyenne éduquée car cette catégorie ne voit pas venir le changement. Certes, les 10 dernières années n’ont pas été toutes noires.

Inside story (1).jpg Presque 970 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour élire le prochain Premier ministre et les 543 députés du Lok Sabha.

Anirudh Nakka concède qu’il y a eu des progrès concernant la création d’emplois et les infrastructures. «Mais la corruption a aussi gagné du terrain, l’inflation ne cesse de grimper et le pays a une taxation plus lourde. Il est clair que la création de richesse et la stabilité financière pour la classe moyenne seront très difficiles», observe-t-il. D’ailleurs, selon lui, les enjeux du prochain gouvernement seront l’emploi pour la jeunesse issue de la classe moyenne, la baisse des impôts et la réduction de la corruption dans le domaine des infrastructures, qui a un impact énorme sur les citadins.

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Cependant, ce n’est pas gagné car selon lui, il y a une bonne partie de la population qui n’est pas d’accord avec le régime actuel, mais n’a pas le choix car il n’y a pas d’opposition crédible. Un peu comme à Maurice ? Pas de réponse de sa part. «Mais je sais que Maurice et l’Inde entretiennent de bonnes relations, contrairement à ce qui se passe avec les Maldives…»