Publicité

Mesure gouvernementale

Internet gratuit pour les 18-25 ans : L’État déboursera Rs 31,5 millions par mois

8 septembre 2024, 19:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Internet gratuit pour les 18-25 ans : L’État déboursera Rs 31,5 millions par mois

Leonardo McLain Mamaly accueille favorablement cette mesure.

À l’ère numérique, où la connectivité est devenue une nécessité quotidienne, l’accès à l’Internet est crucial pour les jeunes générations. Face à cette réalité, le gouvernement a lancé un forfait mensuel gratuit de données mobiles pour les jeunes de 18 à 25 ans samedi dernier. Annoncée dans le budget 2024- 25, cette mesure vise 8,33 % de la population, soit plus de 100 000 jeunes. La Mauritius Revenue Authority (MRA) chargée d’enregistrer les bénéficiaires avait déjà traité plus de 40 000 demandes en quelques jours. «Nous avons constaté un fort engouement des jeunes dès que la mesure a été mise en place», explique la cellule de communication de la MRA. Pour en bénéficier, chaque jeune doit s’enregistrer sur la plateforme en ligne de la MRA en fournissant son numéro de carte d’identité et un numéro de téléphone à son nom sur lequel le forfait de données sera crédité. Le jeune doit être un citoyen mauricien et résider à Maurice. Une fois les informations collectées, les fournisseurs de services téléphoniques – my.t mobile de Mauritius Telecom, Emtel, et Chili de MTML – offrent le forfait de données sur le numéro de téléphone enregistré. Ce forfait est automatiquement renouvelé chaque mois. Pour l’État, le coût de cette initiative s’élève à Rs 31,5 millions par mois.

Cette mesure, qui permet aux jeunes d’accéder gratuitement à un forfait de données mensuel d’une valeur de Rs 315, a été bien accueillie par une grande partie de cette tranche d’âge. Pour beaucoup, cela représente une véritable opportunité de rester connectés à l’ère numérique sans avoir à mettre la main à la poche pour recharger leur téléphone. Leonardo McLain Mamaly, habitant de Rivière-du-Rempart de retour à Maurice après un séjour à l’étranger, considère cette mesure comme bénéfique, notamment pour les étudiants. «Je peux désormais étudier sans me soucier des coûts d’internet et cela allégera également le fardeau financier de ma famille.»

Avis partagé par Isha, élève en Grade13 dans une école privée du centre du pays, qui voit dans cette mesure une aide précieuse, surtout en cette période de révision pour les examens de fin du cycle secondaire. «Les jeunes sont constamment connectés à Internet. Avoir cet accès gratuit nous soulage financièrement», souligne-t-elle. Dewan, camarade de classe d’Isha, abonde dans le même sens. «C’est une excellente mesure pour les études. J’utilise souvent Internet pour mes recherches et avec cette offre gratuite, je suis grandement soulagé», affirme-t-il.

Cependant, Dewan souligne qu’il ne compte pas rester connecté 24/7 pour préserver sa santé mentale et avoir du temps pour lui-même. Il précise qu’il ne changera pas ses habitudes, même avec l’accès gratuit à Internet. À ce jour, il s’est déjà enregistré et attend que son opérateur active son forfait. Pour Duena, élève en Grade 12 dans un collège confessionnel, cette mesure est avantageuse sur le plan financier car elle allège le fardeau de ses parents, qui doivent débourser Rs 900 pour un forfait de trois mois. «De plus, cela m’aidera grandement dans mes études», dit-elle, tout en reconnaissant la nécessité d’utiliser Internet de manière responsable, même si le service est gratuit. Depuis l’entrée en vigueur de cette mesure, ses parents lui ont conseillé de s’enregistrer auprès de la MRA pour bénéficier du forfait mobile gratuit.

Inquiétudes et interrogations

Malgré l’enthousiasme général, certains jeunes restent prudents quant aux implications de cette offre. «Est-ce que tous les bénéficiaires vont vraiment utiliser ce forfait gratuit à bon escient ?» se demandent-ils. Pour ces jeunes, la mesure nécessite une certaine discipline personnelle. «Il faudra faire preuve d’un grand contrôle lorsque nous sommes sur Internet.» D’autres s’inquiètent de l’impact financier à long terme de cette mesure. «Qui paiera pour cette initiative ? Ne sont-ce pas les contribuables ? Est-ce un investissement réellement profitable à long terme ?»

Un jeune de 23 ans, employé dans l’hôtellerie et souhaitant garder l’anonymat, se montre très réticent à s’inscrire pour l’Internet gratuit. Il craint que cette mesure ne fasse plus de tort que de bien aux jeunes. «Ils pourraient utiliser l’Internet pour des activités non productives, voire nuisibles, plutôt que pour des choses éducatives ou positives.» De plus, il redoute lui aussi que ce soient les contribuables qui doivent financer cette initiative, ce qui motive son refus de s’inscrire.

Crainte sur la conservation des données personnelles

L’autre grande préoccupation des jeunes concerne la protection de leurs données personnelles. «Nous n’avons aucune garantie que nos informations seront conservées de manière sécurisée. Nous ne savons pas qui détient nos données.» Cette crainte est renforcée par le fait qu’ils ont déjà dû réenregistrer leur carte SIM en début d’année et maintenant, ils doivent à nouveau fournir ces informations à la MRA. Certains jeunes se sentent ainsi pris au piège d’une collecte de données récurrente et peu transparente. «Nous n’avons aucune information sur la manière dont nos données sont traitées. Serons-nous exposés à un risque de chantage à l’avenir ? Est-ce que cette mesure cherche à exercer une influence sur les jeunes ?» Même si le forfait se renouvelle automatiquement, certains envisagent de le suspendre pour protéger leurs données personnelles. Pour eux, cette mesure est qui plus est perçue comme un «bribe électoral» visant la population la plus «naïve»...

Collectif «pa tous nou SIM Card» : «pe larg ene bomb»

Le Collectif Pa Tous Nou Sim Card, bien qu’il ne soit pas contre la digitalisation à Maurice, qualifie cette mesure de «piège dangereux». Selon les membres du collectif, elle a été mise en place sans la participation de la société civile, ce qui pourrait soulever des problèmes d’éthique. «Ce n’est pas parce qu’une personne est dans le besoin qu’il faut absolument lui offrir un tel service, surtout à l’approche des élections.» «Pe larg ene bomb», ajoute le Collectif, en référence au coût potentiel de cette initiative pour le pays, tout en notant que chaque forfait de 6 GB par mois représente une dépense significative.