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Investir le terrain

2 avril 2024, 08:41

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Bien avant le meeting du 1er-Mai et des prochaines législatives, les journalistes de l’express ont commencé à arpenter le terrain, circonscription par circonscription, en donnant la parole aux électeurs, souvent moins médiatisés que leurs représentants au Parlement.

Notre démarche, journalistique d’abord, patriotique ensuite, ne cherche pas forcément à distribuer des bons ou des mauvais points à tel ou tel politicien, ou tel ou tel parti. Nous voulons avant tout comprendre comment ça marche sur le terrain en 2024, alors que les deux principales dynasties qui contrôlent notre pays au sommet jouent leur va-tout. À travers les témoignages pluriels des électeurs de chaque circonscription et quartier, nous essayons de démonter les mécanismes et les pièces qui s’agencent et qui font en sorte qu’un certain nombre de processus sont souvent les mêmes et produisent les mêmes résultats et le même folklore.

Il s’agit aussi de ne pas perdre de vue le cœur de notre métier, la place du travail de terrain, du reportage, des témoignages sans filtre, des tabous électoraux (comme l’argent, la caste des candidats proposés sur les listes des alliances qui s’affrontent et les chances quasi-inexistantes des candidats de proximité, même s’ils habitent la circonscription). «La confrontation avec le réel nous met à l’abri d’une réaction idéologique plaquée. On se doit d’ausculter la réalité, et non de faire des commentaires à partir d’un salon», explique-t-on dans les écoles de journalisme et au sein des rédactions qui se respectent. Il s’agit de décrire le présent, pas de prédire l’avenir. Car, souvent, il y a un déficit d’autocritique dans notre métier.

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Au fil de notre histoire et de nos pages, les prises de position de l’express – en faveur du mauricianisme, d’un développement intégral et intégré qui soit durable, d’un sens avisé des enjeux écologiques et d’une gouvernance débarrassée du népotisme et du copinage – sont bien connues et acceptées par beaucoup. Nous nous réjouissons de pouvoir faire confiance à une équipe de jeunes et moins jeunes journalistes, passionnés (dont la moyenne d’âge ne dépasse pas les 40 ans), afin de maintenir notre position comme un groupe de presse indépendant qui lutte, au jour le jour, en faveur de la pluralité des opinions, de la diversité des angles de traitement de l’information, du débat éclairé des idées. Ce qui ne plaît guère, bien évidemment, à ceux qui souhaitent tout voir et imposer avec les mêmes lunettes et dans le même moule. Au fil des ans, nous sommes devenus, malgré nous, les adversaires idéologiques des partis politiques ou organisations/groupuscules qui veulent évidemment voir leur point de vue dominer celui des autres, sans partage.

Nos combats n’ont pas changé parce que le pays a beaucoup fait du surplace, grandement à cause d’un non-renouvellement des élites, surtout politiques.

Nous avons encore du chemin à faire pour un toilettage de la Constitution (afin de nous débarrasser du Best Loser System par exemple), pour la rénovation de la République afin de décentraliser les pouvoirs du Premier ministre-Roi, pour le renforcement des libertés publiques (la libéralisation complète des ondes), le redécollage économique, la modernisation de la société, l’émancipation des femmes (au sein de la rédaction elles sont désormais en majorité et solidement aux commandes), l’écoute des jeunes, le combat contre les drogues dures et artificielles, contre la fraude et la corruption, l’insalubrité publique. Bref, le progrès.

À l’approche des élections générales, on va davantage investir le terrain et tenter d’illustrer ce que doit être un journalisme qui forge sa ligne éditoriale dans le creuset humain de la rédaction - et «non à la flamme d’un quelconque puissant», comme l’affirmait Jean-Jacques Servan Schreiber.