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Interview de ...Shafeeck Jhummun

«J’ai déjà investi Rs 50 millions dans l’exportation de macaques»

25 février 2024, 22:00

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«J’ai déjà investi Rs 50 millions dans l’exportation de macaques»

Il est accusé de cruauté envers des animaux après l’affaire Jin Fei. Et alors que la controverse autour du projet d’élevage de 12 000 singes à Le Val se poursuit, l’affaire entre Hammerhead International Ltd et Rose-Belle Sugar Estate pour la prélocation de terres continue de faire des vagues. Les questions persistent quant à l’annulation du contrat et des allégations de non-respect des délais contractuels et de négligence sont évoquées. Le protagoniste de cette affaire, lui, grimace d’agacement. Il se défend en affirmant être victime d’un complot ourdi par ses concurrents. Le directeur de Hammerhead International Ltd maintient fermement la légalité de ses démarches, insistant sur le fait que le contrat avec Rose-Belle Sugar Estate n’avait pas été annulé au moment de la soumission de sa demande pour un permis EIA en décembre 2023.

Le contrat signé entre Hammerhead International Ltd et Rose-Belle Sugar Estate pour la prélocation des terres s’étalait sur la période datant du 1er octobre 2022 au 30 septembre 2023. Cet accord a-t-il été annulé ?

Non, l’accord n’avait pas été annulé au moment de la soumission de la demande pour un permis d’Environmental Impact Assessment (EIA) auprès du ministère de tutelle. Selon les clauses du contrat de prélocation, le contrat de bail final aurait dû être signé dans l’année suivant la signature du contrat de prélocation. Cependant, le plan du site n’a été obtenu auprès du géomètre de Rose-Belle Sugar Estate (RBSE) qu’en juin 2023, soit plus de neuf mois plus tard. Cela a retardé la soumission de la demande d’EIA et peut-être la signature du bail final. Ensuite, le 14 novembre 2023, il y a eu une question parlementaire de Joanna Bérenger à l’ancien ministre Vikram Hurdoyal à ce propos. Ce n’est que le 5 février que j’ai reçu une lettre de l’avocat de RBSE m’informant que ce dernier n’irait pas de l’avant avec le contrat de bail final.

** Si le plan du site a été obtenu en juin 2023, pourquoi avez-vous attendu jusqu’en décembre pour soumettre votre demande pour un permis EIA ?**

Après avoir obtenu le plan du site, il est nécessaire de préparer le plan topographique, les plans de construction, entre autres, avant de soumettre une demande pour un permis EIA. Cela a pris le temps qu’il fallait et pour moi, il n’y avait aucune raison de penser que l’accord n’avait pas été renouvelé car le conseil d’administration de RBSE ne m’en a jamais informé avant le 5 février de cette année. Comme le démontrent mes documents, la terre avait déjà été attribuée pour un bail de 10 ans. Le contrat de prélocation était temporaire en attendant la signature du contrat de bail dans l’année. Même si le contrat de prélocation a expiré, l’accord était toujours valide jusqu’à la lettre d’annulation et celle-ci a été émise le 5 février. Donc, au moment où j’ai soumis ma demande, il y avait toujours un accord entre Hammerhead International Ltd et RBSE. La visite sur le site le 15 février pour l’EIA était légale.

Dans la lettre de l’avocat de RBSE qui vous informe de sa décision de ne pas renouveler le contrat, on vous demande aussi d’enlever toutes vos structures en stipulant que vous avez jusqu’au 6 mars pour cela. L’ancien ministre Vikram Hurdoyal avait pourtant dit au Parlement que lors d’une visite le 8 septembre 2023, le terrain était vide…

Je n’ai pas compris pourquoi il a dit cela alors que mes structures étaient toujours là jusqu’à présent. D’ailleurs, s’il n’y avait rien, RBSE ne m’aurait pas demandé d’enlever les structures au 6 mars. Et aussi, si le contrat n’avait pas été renouvelé, pensez-vous que RBSE aurait attendu tout ce temps pour me demander cela ?

Vous avez écrit à RBSE pour contester cette décision et vous évoquez un complot contre vous…

Je précise que j’ai écrit au conseiller juridique de RBSE le 14 février et une réponse est toujours attendue. Tant qu’il y a un appel en cours, le contrat est toujours valide, ce qui fait que toutes mes démarches sont légales. Dans la lettre de RBSE, il y a une seule raison évoquée pour ne pas renouveler le contrat. Des controverses en raison des articles de presse... Je trouve cela absurde car mon dossier est complet. Il n’avait pas annulé le contrat. Je suis victime d’un complot des concurrents et il y a une tentative pour ternir l’image de ma compagnie. D’ailleurs, j’ai des preuves que des documents qui avaient été saisis par les officiers du ministère lors de la descente à Jinfei ont atterri entre les mains de mes concurrents. Une compagnie a même utilisé ces documents pour suspendre un de ses employés. J’avais fait une déposition à l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) pour dénoncer cette affaire et le 9 janvier, l’ICAC m’a écrit pour me faire savoir qu’elle a initié une enquête pour faire la lumière sur cette affaire. Cela démontre qu’il y a substance dans ma plainte. Le projet d’exportation de macaques nécessitera un investissement d’environ Rs 600 millions au cours des quatre prochaines années et j’y ai déjà investi plus de Rs 50 M...

Où en est l’affaire Jin Fei devant la justice ?

Une accusation provisoire de «cruelty against animals» sous l’article 3 de l’Animal Welfare Act, pour détention illégale de primates dans un bâtiment à Jin Fei a été retenue contre moi et mon avocat a déposé une demande pour la radiation des charges provisoires. Quasiment un an après cette affaire, l’enquête de la police n’a rien trouvé qui pourrait m’incriminer jusqu’ici car mes concurrents étaient ce jour-là trop pressés pour exécuter leur plan machiavélique. Les macaques n’étaient pas maltraités et ils recevaient des soins médicaux dans des cages individuelles. La cour rendra sa décision le 7 mars et je suis convaincu que justice sera faite.

On évoque souvent votre proximité avec le gouvernement…

J’ai fait ma demande pour obtenir les terres à bail de RBSE le 2 mars 2022 et le 9 août 2022 et ma demande avait été approuvée pour un bail de dix ans. Le prix du bail commence à Rs 4 M la première année pour arriver jusqu’à Rs 14 M la dernière année. Cela me fait Rs 28 000 par jour, c’est beaucoup et je les ai payées de ma poche. Si j’étais une personne proche du gouvernement et que j’avais des privilèges, comme certains veulent le faire croire, je n’aurais pas déboursé autant d’argent, j’aurais eu des terres en cadeau comme d’autres personnes proches du pouvoir... Quand j’ai déjà payé, pourquoi faut-il m’empêcher de réaliser le projet alors qu’il n’y a aucun problème avec ma demande ? Sur le site à Le Val, il y a déjà un bâtiment avec une autorisation PER (NdlR, rapport environnemental préliminaire), il n’aurait pas été difficile pour moi d’obtenir un certificat EIA pour l’élevage et l’exportation de macaques. Nul besoin d’avoir des contacts politiques pour cela. Toute personne qui soumet une demande avec des conditions respectées aurait obtenu le contrat. Mais annuler un contrat parce qu’il y a des controverses après des articles de presse n’est pas éthique...

Sinon, que pensez-vous du traitement accordé aux singes et du respect de l’Animal Welfare Act ?

Mes macaques n’ont jamais été maltraités et recevaient les soins médicaux nécessaires. Tous mes animaux étaient fit and healthy. Certains ont même dit que ces singes n’avaient pas été nourris pendant des mois. Comment ont-ils pu survivre alors ? Je n’ai jamais maltraité mes animaux. Au contraire, je peux donner des leçons sur l’animal welfare.