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Lady Joyce Bacha
«J’ai rencontré le conducteur qui a tué sir Bhinod pour la première fois il y a quelques instants…»
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Lady Joyce Bacha
«J’ai rencontré le conducteur qui a tué sir Bhinod pour la première fois il y a quelques instants…»
Elle jette un coup d’œil mélancolique à la photo de celui qui a partagé sa vie pendant plusieurs décennies…
Vendredi après-midi, à Quatre-Bornes. La rencontre est purement fortuite. Sa robe bleue virevolte autour d’elle, ses sourcils dessinés au crayon et son visage sont reconnaissables entre mille : la Lady fait ses courses au supermarché qu’abrite l’Orchard Centre. Le 17 octobre, cela fera quatre mois depuis que son prince – qui n’a pas toujours été charmant selon ses détracteurs – a perdu la vie dans des circonstances tragiques. Comme le hasard ne fait pas les choses à moitié, elle a justement rencontré celui qui a «tué» son époux, pour la première fois, quelques minutes seulement avant cet entretien. Réalisé dans l’appartement qu’elle a partagé avec l’homme de sa vie…
Le 17 octobre, cela fera quatre mois depuis que sir Bhinod Bacha s’en est allé…
(Elle regarde la photo posée à côté du canapé, une rose posée au pied du cadre) Ce n’est pas parce qu’on sourit, qu’on parle à tout le monde, qu’on n’est pas triste, vous savez. En fait, j’essaie de ne pas trop y penser. J’occupe mes journées, je gère la maison, je m’occupe de l’enfant (NdlR, Yamesh Bacha, qui vit avec elle dans l’appartement situé à Orchard Centre, à Quatre-Bornes), des affaires. J’apprends à faire des courses aussi ! J’estime que je suis une femme forte, j’ai surmonté bien des obstacles. Je suis bien entourée, j’ai le soutien des miens, des gens qui m’aiment. Il faut foncer dans la vie, on n’a pas le temps d’être triste, on peut mourir à tout instant !
Justement, vous nous disiez que vous veniez, il y a quelques minutes, de rencontrer le conducteur qui a ‘tué’ votre époux…
C’est la première fois que je le rencontre… Je faisais mes courses quand il est venu m’aborder. Il m’a dit : «Momem kinn touy ou Missyé-la.» J’étais bouche bée, je ne savais pas quoi lui dire. Une fois la surprise passée, je lui ai parlé pendant quelques minutes, je lui ai posé des questions. Il avait l’air fatigué, il boitillait. Il m’a dit qu’il souffre de rhumatisme, qu’il a deux enfants, qu’il a perdu son épouse il y a sept ans. Je lui ai demandé comment il avait fait pour ‘rouler’ sur sir Bhinod pas une, mais deux fois… Il m’a seulement dit qu’il ne l’avait pas vu...
Est-ce que vous avez de la rancœur, de la haine contre lui ?
C’était le cas jusqu’il y a quelques minutes… Je ressentais de la colère surtout. Mais ce sentiment s’est quelque peu estompé depuis que je l’ai rencontré… Il m’a presque fait de la peine. Je ne l’excuse pas pour autant. On a échangé nos numéros, je vais peut-être l’appeler. Ou pas.
Le jour de l’accident, ou même des funérailles, des internautes ont parlé de karma. «Linn bril so Madam, so zanfan, linn mor vilain», disaient certains... Vous leur répondez quoi ?
Certains commentaires m’ont blessée. Et puis comment ça, le karma ? Je dirais à ces gens-là qu’ils sont des idiots ! Même ses poumons ne sont pas partis en fumée, alors qu’il fumait comme un trou ! Il est mort comme il l’a toujours voulu. Il ne voulait pas être alité, porter des couches, agoniser longtemps à cause d’une maladie comme le cancer. Et le médecin qui s’est occupé de lui le jour de l’accident m’a dit qu’il a sombré dans le coma au moment où sa tête a heurté le sol. Et qu’il n’a pas dû beaucoup souffrir… Il a eu la mort qu’il souhaitait ; rapide et brutale. D’ailleurs, à 80 ans, il a quand même bien vécu, non ?
Hormis l’incendie, et pardon pour le jeu de mots pourri, votre relation avec sir Bhinod était tout de même enflammée, pas vrai ? On sait qu’il y eu des épisodes qui ont provoqué la polémique.
(Lady Bacha expliquant les circonstances de l’accident ayant coûté la vie à son époux.)
Oui, on ne va pas se mentir, je n’aime pas les hypocrites qui font semblant que tout va bien. Mais c’est comme dans toutes les relations, il y a des hauts et des bas. Nous étions de fortes têtes tous les deux. Ma tactique, quand on se disputait, c’est que je prenais mes cliques et mes claques et je claquais la porte. Je revenais après 15 jours, le temps que les choses se calment. Il m’envoyait des petits messages pour m’amadouer, il me disait qu’il avait acheté un petit cadeau pour moi, me demandais si je voulais ceci, cela,… Notre histoire d’amour était vraie et passionnée, qu’importe ce que disent ou pensent les gens. Voilà pourquoi on n’a jamais divorcé, pourquoi notre couple a duré si longtemps.
Votre appartement est plutôt cossu. Vous avez des employées de maison. Sir a-t-il légué un bel héritage à sa Lady ?
Il n’était pas multimilliardaire, comme le pensent certains…
Multimillionnaire alors ?
Non plus…
Millionnaire tout court ?
Naaan. Ce que je peux vous dire c’est qu’il ne nous a pas laissés dans le besoin. Mais il faut faire attention aux finances, ne pas dépenser sans réfléchir, ne pas balancer les sous par la fenêtre. Avant je travaillais comme hôtesse de l’air notamment, puis j’ai ouvert ma boutique de prêt-à-porter, je sais ce que c’est que de travailler, de gérer le portefeuille.
En parlant de boulot, ça lui arrivait de ramener le travail à la maison ? De vous parler des dossiers qu’il traitait en tant que conseiller du Premier ministre ?
Des Premiers ministres, il en a conseillé plusieurs ; le père, le fils et le Saint-Esprit ! Il n’évoquait jamais, jamais, jamais les dossiers brûlants avec moi, il était quelque peu cachottier… Et je ne lui disais rien, j’estimais qu’il était de bon conseil et qu’il avait un jugement approprié vu son expérience. De toute façon, il était muet comme une tombe, il a emporté tous ses secrets d’État làbas d’ailleurs ! En tout cas, tous les politiciens qu’il a côtoyés peuvent dormir sur leurs deux oreilles.
Des politiciens actuels, tiens, vous en pensez quoi ? Des scandales ? Stag Party ? Affaire Kistnen ?
(Sourire perplexe) Euhhhh. J’en ai entendu parler, mais je n’y comprends rien, c’est trop compliqué, il y a trop d’épisodes dans tous ces films-là ! Je lis les journaux, je suis l’actualité certes mais je préfère me focaliser sur les choses positives, comme les allocations, le transport gratuit, l’augmentation de la pension de vieillesse…
Ah ? Ça fait longtemps que vous la percevez, cette pension ?
Non, je ne vous dévoilerai pas mon âge ! Sachez seulement que ça fait un bail effectivement que je reçois la pension de vieillesse.
Dites-nous au moins quel est le secret de votre fraîcheur cutanée. La chirurgie esthétique ?
Ah non ! Les peaux métissées sont résistantes, heureusement ! J’ai géré des instituts de beauté ici et à La Réunion et je peux vous dire que le secret, ce sont les crèmes. Toutes les crèmes. Il faut hydrater sa peau et se démaquiller, le soir surtout. Je ne suis pas contre la chirurgie d’ailleurs, j’aimerais bien en faire si j’en ai l’occasion.
On ne va pas tourner autour du pot (de crème) mais vous pensez que vous seriez capable d’aimer quelqu’un d’autre un jour ?
Non ! Enn boug sé enn lamerdman parfwa sa ; pou bizin al okip sa ? Sérieusement, après mon grand amour, je préfère me consacrer à mes autres amours, mes enfants, ma famille, mes voyages, mon association – La Porte du Bonheur – le concours Mrs Mauritius, qui me tient à cœur. Mais mon plus grand bonheur, ce sont mes petits-enfants, qui me donnent tant de joie. Et qui sont tristes de ne plus voir leur papy chéri.
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