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Retour sur les lieux crime
Jalousie mortelle
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Retour sur les lieux crime
Jalousie mortelle
Dans cette rubrique hebdomadaire, nous revenons sur des disparitions, des faits divers ou des crimes perpétrés il y a plusieurs semaines, mois, années… Des drames qui ont marqué les esprits et bouleversé des vies à tout jamais…
Le 24 décembre 2016, alors que le pays est en pleine période de festivités, de paix et de joie de Noël, le village de Surinam, dans le sud de l’île, est secoué par un crime atroce. Vidwantee Dindoyal a reçu cinq à six coups de couperet sur la tête et succombé à ses blessures dans la nuit. Son meurtrier ne serait autre que son concubin, Dharmadeo Neliah. La raison de cet acte irréparable : un accès de colère dû à la jalousie.
Tout commence en 2013, quand Dharmadeo Neliah, un habitant de Surinam, fait la connaissance de Vidwantee Dindoyal alors qu’il travaille à Mahébourg. Peu après, le couple décide de vivre ensemble à son domicile. Les choses se passent bien au début, mais par la suite, de fréquentes disputes commencent à surgir. Vidwantee Dindoyal décide alors de quitter le domicile de son concubin et de s’installer du côté de Mon-Désert, chez un certain Sanjeev. Après un certain temps, elle revient sur sa décision et décide de retourner vivre avec son ex-partenaire à Surinam. En août 2016, elle prend de l’emploi comme cuisinière dans un hôtel de Bel-Ombre.
Les choses semblent aller pour le mieux, jusqu’en octobre de la même année, quand Vidwantee Dindoyal dit à Dharmadeo Neliah qu’elle doit assister à une prière à un endroit appelé Kenya, Mon-Désert. Le lendemain, lorsqu’il va la chercher, une nouvelle dispute éclate et il la gifle avant de rentrer seul chez lui. Malgré ces bagarres récurrentes, les deux amants gardent contact et se réconcilient finalement en décembre. À une occasion, lors d’un rapport au cours d’un rapport intime, l’homme remarque des suçons dans le cou de sa partenaire. Vidwantee Dindoyal lui aurait alors avoué que le dénommé Sanjeev, chez qui elle séjournait à Mon-Désert, était l’auteur de ces morsures...
Le 24 décembre, Vidwantee Dindoyal aurait demandé Rs 5 000 à Dharmadeo Neliah pour effectuer des achats de Noël. Le couple se rencontre le même jour à Riambel vers 16 h 40, et se rend ensuite chez lui. Alors qu’ils se déshabillaient dans la chambre à coucher, il aurait remarqué plusieurs autres suçons cette fois sur le sein de sa partenaire. Vidwantee Dindoyal lui aurait répondu que c’était le fait du chauffeur de la camionnette et de son superviseur à l’hôtel.
Dans un accès de colère, il l’aurait giflée à deux reprises et elle aurait proféré des paroles blessantes à son encontre. N’ayant pas la tête froide à ce moment-là, Dharmadeo Neliah se serait rendu dans sa cuisine, aurait pris un couperet et serait revenu dans la chambre pour agresser sa compagne. Vidwantee Dindoyal lui aurait dit qu’elle cesserait désormais de le tromper et qu’elle allait récupérer toutes ses affaires pour venir s’installer chez lui. Mais Dharmadeo Neliah ne s’est pas laissé convaincre et l’a frappée cinq à six fois à la tête avec le couperet, lui infligeant de graves blessures. Par la suite, il aurait immobilisée et l’aurait ligotée au lit, avant de fermer la porte de la chambre pour se rendre à Chemin-Grenier pour consommer des boissons alcoolisées.
Aux dires de Dharmadeo Neliah, à son retour à la maison vers 19 heures, il aurait détaché sa partenaire et l’aurait placée sur le lit. Celle-ci lui aurait demandé de lui sauver la vie ; Dharmadeo Neliah se serait alors rendu dans la salle de bains pour chercher un seau d’eau, aurait nettoyé le sang sur la tête de Vidwantee Dindoyal avec une serviette, aurait enlevé ses vêtements et aurait eu des rapports sexuels avec elle, avant de dormir à ses côtés. Ce ne serait qu’à 20 h 15 qu’il aurait remarqué que celle-ci n’était plus en vie, toujours selon ses dires…
Mais Dharmadeo Neliah a laissé le corps de sa victime dans la maison, à l’insu de sa famille et de ses voisins. Il appliquait même de la crème sur le visage inerte de Vidwantee Dindoyal, vaporisait du désodorisant et du parfum dans la maison pour contrer l’odeur âcre du cadavre. Après quatre jours, soit le 28 décembre, alors que le cadavre commençait à se décomposer, il a finalement décidé d’informer sa famille de son acte et s’est rendu au poste de police pour confesser ses actes. Dharmadeo Neliah a été arrêté et inculpé d’homicide involontaire. L’autopsie de Vidwantee Dindoyal, pratiquée par le chef du service médico-légal de la police, le Dr Sudesh Kumar Gungadin, a révélé que la cause du décès était des «chop wounds of the head with fracture of skull».
Manque de compassion
Lors de son procès aux Assises, Dharmadeo Neliah a plaidé coupable pour meurtre. En prononçant son jugement le 30 août 2021, le juge Luchmyparsad Aujayeb l’a reconnu coupable et pris note du fait qu’il avait coopéré avec la police après avoir avoué le crime, exprimé de profonds regrets et présenté des excuses à la société, à sa famille et à celle de la victime, affirmant qu’il l’aimait et n’avait pas l’intention de la tuer. Il était alcoolique et avait agi sous le coup de la colère. Cependant, la Cour n’est pas prête à aborder l’acte répréhensible de l’accusé uniquement sous l’angle du crime passionnel, car il est très révélateur que Dharmadeo Neliah avait laissé le cadavre de sa victime dans la chambre à coucher pendant quatre jours avant de signaler l’affaire à la police. “The utter lack of compassion and failure to come at victim’s assistance and the fact that she was left in the room over a period of 4 days need also to be very seriously viewed in the circumstances”, a souligné le juge.
La cour a également balancé les circonstances personnelles et atténuantes avancées par le meurtrier avec celles de sa victime et a voulu assurer que justice soit rendue. “The Court has a duty towards the society in sending a very strong signal that extreme violence is in no manner the solution to whatever issues one may be facing while in a relationship (...) crimes which involve the taking away of the life of a human being in such a barbaric and brutal manner cannot be dealt with leniency,” a conclu le juge Aujayeb, en condamnant Dharmadeo Neliah à 30 ans de prison.
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