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Jean Bruneau, le Ward IV à hauteur d’homme

5 septembre 2024, 22:01

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Jean Bruneau, le Ward IV à hauteur d’homme

Un quartier et ses figures emblématiques. Non pas les tribuns, ni les célébrités, mais les petites gens. Ces honnêtes travailleurs qui triment toute une vie sans pouvoir s’acheter une maison, ces voisins devenus des amis pour la vie. C’est d’un pas alerte que Jean Bruneau quadrille les environs de Marie-Reine-de-la-Paix. Livrant souvenirs et anecdotes dans son nouvel ouvrage, «Une enfance au Ward IV : Souvenirs d’un quartier du Port-Louis d’antan».

Nostalgie quand tu nous tiens. Jean Bruneau s’inscrit dans la lignée des auteurs qui ont chanté Port-Louis. Plus particulièrement cet arrondissement auquel ses habitants tressent des couronnes, le Ward IV. L’auteur – ancien commissaire des prisons – publie Une enfance au Ward IV. L’ouvrage sous-titré Souvenirs d’un quartier du Port-Louis d’antan a été lancé le vendredi 30 août.

Vu de l’extérieur du quartier, les évocations récurrentes du lieu finissent par créer un entre-soi. Les codes, les habitudes et les repères géographiques portés aux nues tiennent à l’écart – même involontairement – tous les non Portlouisiens, c’est-à-dire l’immense majorité de la population.

Mais dans son livre, Jean Bruneau fait le contraire du déroulé de la cérémonie de lancement de l’ouvrage. Lors des solennités, organisées non pas dans un hôtel huppé, mais au centre social Marie-Reine-de-la-Paix, on est au cœur du quartier mis à l’honneur. Sur l’estrade, Jean Bruneau a réuni une garde rapprochée d’amis de longue date, qui partagent sens de l’humour et sens critique depuis au moins six décennies. Le maître de cérémonie est Jean Oosman, avec qui Jean Bruneau a en commun les valeurs du scoutisme. Le premier à prendre la parole est Jean-Clément Cangy, qui a eu une longue carrière de journaliste. Il est aussi le préfacier de l’ouvrage. Sur l’estrade, ont également pris place Rama Poonoosamy, directeur de l’agence Immedia, Cyril Leblanc, dit «l’enfant terrible» parce que «la notion de l’hyperactivité des enfants n’était pas connue à l’époque». Et Madoo Desha, un camarade du collège Royal. Dans l’assistance, il y a deux élus du no 2 (Port-Louis-Sud–Port-Louis-Centre), la circonscription du Ward IV, Reza Uteem et Farhad Aumeer.

Or, dans Une enfance au Ward IV, ce n’est pas les copains d’abord. Le portrait des amis qui étaient sur l’estrade n’est retracé qu’en deuxième partie du livre. En première partie, Jean Bruneau oriente le lecteur vers tout un peuple d’honnêtes travailleurs. Des hommes durs à l’effort, vivant de peu, des archétypes d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Il commence par Emmanuel, son grand-père maternel, qui était magasinier. Avant de consacrer des lignes émouvantes aux dockers, aux charretiers, aux matelassiers. L’auteur n’oublie pas Prem le coiffeur, les deux frères dhobi, qui triment comme des forçats pour perse met sek sur les berges de Grande Rivière Nord-Ouest. «Malgré des décennies de dur labeur, ils n’ont pas pu s’acheter une demeure et sont toujours locataires. Ils ne se plaignent pas pour autant et sont heureux de leur sort (…) Malgré un dévouement au travail qui a contribué au bien-être de leurs concitoyens et au développement du pays, ils n’ont reçu aucune médaille ou autre forme de décoration», écrit Jean Bruneau.

Cette partie du livre est illustrée de photos d’époque. L’initiative est tout ce qu’il y a de plus méritoire. Jean Bruneau a fait appel à Jaffar Houssain Sobha, qui est non seulement un passionné de photographie mais aussi un collectionneur de clichés d’époque. Sauf que tous ces efforts sont réduits au néant par la mauvaise qualité des photos publiées dans le livre. Retenons alors qu’au détour du square Pétricher, Jean Bruneau raconte non seule- ment ce que c’est que d’être portlouisien, mais surtout d’être mauricien.

*En librairie à Rs 500. Les recettes seront partiellement versées à Lakaz A