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[Budget 2025-26] Hippisme

Jeenarain Soobagrah : «Le MTC ne demande pas qu’on lui fasse l’aumône»

13 juin 2025, 10:00

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Jeenarain Soobagrah : «Le MTC ne demande pas qu’on lui fasse l’aumône»

■ Jeenarain Soobagrah a été président du MTC en 2015.

Au cours d’un premier Budget de l’Alliance du changement à fort parfum d’austérité, l’industrie hippique peine à voir la main tendue pour se relever. Pour Jeenarain Soobagrah, ancien président du Mauritius Turf Club (MTC), il reste encore du temps au gouvernement pour rectifier le tir en ce qui concerne une industrie qui a contribué, dans le passé, à hauteur de Rs 700millions par an aux caisses de l’État.

Depuis la présentation du Budget jeudi dernier, on grince des dents dans pratiquement tous les secteurs d’activité et l’industrie hippique n’y échappe pas. Après les promesses de l’Alliance du changement de rétablir le MTC dans l’organisation des courses, d’aucuns s’attendaient à de rapides lendemains meilleurs. Les signaux semblaient pourtant prometteurs, notamment avec la rencontre des bookmakers avec la Gambling Regulatory Authority (GRA) en marge de la présentation du Budget 2025-26, mais ce n’était, semble-t-il, qu’un feu de paille. «J’ai l’impression que les autorités ne comprennent pas le vrai rôle que joue le MTC, qui est une organisation à but non lucratif. À la fin de l’année, tout l’argent qui reste après les dépenses est remis dans le circuit hippique. Le MTC ne laisse pas de profits derrière. C’est sans doute pour cela que les gens ne comprennent pas que le club ne dispose pas de réserves. Ce n’est pas notre but. Notre vocation première est de faire tourner les courses. Nous l’avons fait pendant plus de 200 ans», estime l’ancien homme fort du club de la rue Eugène Laurent.

Il est cependant d’avis que l’État gagnerait plus à lâcher du lest s’il veut percevoir plus de taxes de cette industrie, qui a contribué à hauteur de 1,7% du produit intérieur brut en 2018. «Le MTC ne demande pas qu’on lui fasse l’aumône. Il ne demande certainement pas des faveurs. Mais pour la survie de l’industrie, il peut donner un coup de pouce à tous les stakeholders, principalement les bookmakers et les opérateurs de Tote, en essayant de réduire la taxe sur les paris. Ainsi, il est clair que le turnover officiel va augmenter et il percevra plus de taxes de l’industrie. Le gouvernement ne peut qu’en sortir gagnant.»

À ce titre, les mesures budgétaires ont eu l’effet d’une véritable douche froide pour l’industrie hippique. Alors que le Finance Bill est attendu comme une dernière lueur d’espoir, Jeenarain Soobagrah souhaite que l’État revoie sa copie. «Il y a encore du temps. Le gouvernement peut toujours se rattraper. Pour que le MTC puisse survivre et organiser les courses, il a besoin de revenus afin de faire un retour d’ascenseur aux propriétaires. Il ne faut pas oublier que le MTC consacre 60 % de ses revenus à récompenser les gagnants. Tout ce qu’on demande, c’est que le gouvernement agisse en tant que facilitateur pour aider les stakeholders, et non pas qu’il impose des taxes et des dépenses supplémentaires.»

«Aide-toi et le ciel t’aidera»

Les propriétaires de chevaux, faut-il le rappeler, sont des maillons essentiels de l’industrie et un peu plus de considération de la part du gouvernement ne pourra qu’être bénéfique pour redonner au turf mauricien son lustre d’antan. «Pour avoir un cheval aujourd’hui, cela coûte très cher et il faudrait les encourager à continuer à importer des chevaux. Ce n’est pas donné à tout le monde de dépenser au minimum Rs 1 million pour acheter un cheval et de trouver Rs 40 000 au minimum pour son entretien chaque mois. C’est une race qu’il faut encourager en lui fournissant toute l’aide nécessaire. C’est pour cela que j’estime que le gouvernement aurait pu aider l’industrie en enlevant les taxes imposées sur les achats de chevaux, sur la nourriture, etc.»

L’illegal betting, véritable cheval de bataille de l’ancien président, est un mal qui ronge l’industrie depuis bien trop longtemps. Pour Jeenarain Soobagrah, il est grand temps que chaque acteur du giron hippique apporte sa pierre à l’édifice afin de remédier à cette situation. «Tous les gouvernements qui se sont succédé n’ont pu contrôler l’illegal betting. Selon les chiffres que j’avais du temps où j’étais président du MTC, le gouvernement recevait environ Rs 700 millions, mais ce chiffre peut doubler, voire tripler, en contrôlant les paris clandestins. Et là, il faut dire que cette situation se passe au nez et à la barbe de tout le monde. Il faut être franc : les gros joueurs, les gros propriétaires et les entraîneurs, tout ce petit monde ne joue pas au Tote, par exemple. Ils jouent quelque part ! Comme le dit l’adage : aide-toi et le ciel t’aidera. Il faut commencer par nous-mêmes. En contrôlant les paris clandestins, tout le monde en sortira gagnant. Mais pour tout cela, il faudrait une Police des jeux plus efficace, à l’image de ce que fait la Financial Crimes Commission en ce moment.»

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