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Au musée de la photographie

Jimmy Frédéric : comme une fête d’anniversaire

9 septembre 2024, 18:15

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Jimmy Frédéric : comme une fête d’anniversaire

Double face. Avec les couleurs, Jimmy Frédéric est à la fois capable d’un rendu «vieille école». Tout comme d’ambiances psychédéliques, affranchies des codes, des carcans. Pour que priment les sensations, le vertige de la liberté de s’exprimer. Liberté conquise à 70 ans passés.

C’est cette dualité frappante que Jimmy Frédéric expose au Musée de la Photo- graphie, rue du Vieux Conseil, à Port-Louis. Les œuvres regroupées sous le titre 70 Berges seront visibles jusqu’au vendre- di 13 septembre.

Retraçant son parcours pictural, Jimmy Frédéric explique : «Au début, je faisais du figuratif, vieille école même. Mais parfois je me permets de changer des choses.» Petit-fils et fils d’artiste, dans la famille, Jimmy Frédéric est le premier à montrer ses œuvres hors les murs de la maison. «Ils faisaient des aquarelles, des natures mortes.» Mais les corbeilles de fruits «vieux jeu», cela ne lui plaît pas. Il préfère de loin «la lumière, le plein air».
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Jimmy Frédéric affirme avoir fréquenté pendant quelque temps le groupe du samedi avec Roger Charoux. Mais un deuil a mis fin à ses sorties hebdomadaires. «Je n’ai pas peint pendant des années. Quand j’ai repris, j’ai peint des tableaux sombres. Ils sont chez moi, je ne les expose pas.» Maintenant qu’il a «recommencé à s’épanouir», l’effet est directement visible sur la toile, constate l’artiste. La preuve, le tableau intitulé Espoir. Son pendant, Désespoir, peint pendant la pandémie de Covid-19, ne figure pas dans l’exposition, bien au chaud dans sa collection personnelle. tableau 2.jpg «Au collège, j’étais bon en dessin, je voulais étudier l’art. Mais les parents disaient qu’il fallait opter pour les sciences, parce qu’il y avait plus d’avenir.» Quand on demande à Jimmy Frédéric s’il est un artiste contrarié, il se contente de rire. Avant de raconter qu’il s’est installé en Australie en 1982, où il a fait une longue carrière d’informaticien. «Maintenant, je suis revenu vivre à Maurice, mais j’ai toujours un pied en Australie.» A Maurice, il fait le va-et-vient entre la maison à Albion et le «campement» à Baie-du-Tombeau.

Orientons-nous vers ses symétries. Les colonnades de la Banque de Maurice qu’il restitue comme alignées avec les palmiers royaux de la place d’Armes. Un phare qui penche du côté opposé de l’arbre qui est à l’autre bout du tableau. «Je respecte les lignes de fuite, la perspective, les proportions. Je suis toujours un peu bloqué par ça», confie-t-il.

Ce que dément catégoriquement l’ensemble des œuvres qu’il appelle ses tableaux «insolites». «Ce n’est pas de l’abstrait, c’est du moderne. Je tends plus vers l’impressionnisme.» Avec ses mauves et oranges complémentaires qui reviennent dans plusieurs tableaux. Du bleu soutenu pour une maison de pêcheur australienne qui rappelle une case créole locale.

Le rendu est totalement différent des paysages. L’artiste nous aspire dans un Vortex chatoyant. Nous invite à l’ombre d’un Rainbow eucalyptus australien. «J’en ai amplifié les couleurs.» A Maurice, Jimmy Frédéric n’avait exposé qu’en collectif jusque-là. À 70 ans passés, il expose 28 œuvres en solo pour la première fois dans son île natale.