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Questions à …

Joanna Bérenger: «Dire que notre avenir économique se trouve dans le marché immobilier de luxe est paradoxal»

23 juillet 2024, 16:30

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Joanna Bérenger: «Dire que notre avenir économique se trouve dans le marché immobilier de luxe est paradoxal»

Joanna Bérenger, députée de l’opposition.

Dans le débat sur le développement immobilier, dont certains disent que c’est notre avenir économique, la députée du Mouvement militant mauricien croit que l’avenir du pays se trouve dans une économie de production et non de consommation.

Vous avez, depuis quelques années, clairement et nettement montré votre volonté à défendre l’environnement. Pensez-vous que le sujet est important en ce moment, pour Maurice du moins ?

Mon attachement à la cause environnementale est plus visible pour le public depuis que j’ai fait mon apparition sur la scène politique nationale, effectivement. Mais c’est quelque chose que je vis depuis toujours. Ce sujet n’est ni une mode, ni un sujet pertinent uniquement pour une certaine partie du monde. Il est essentiel pour l’avenir de l’humanité.

Certains disent que la sauvegarde de l’environnement empêche l’économie de se développer…

Je ne suis pas d’accord. Le Mouvement socialiste militant met systématiquement en opposition ces deux éléments. Mais la protection de l’environnement n’empêche pas le développement d’une économie raisonnée et raisonnable. Il faut savoir ce que l’on veut dire par économie. Je trouve au contraire que produire localement, être alimentairement autosuffisant, utiliser l’énergie propre et renouvelable, entre autres, non seulement protégera l’environnement mais aussi notre économie et procurera de l’emploi.

Que pensez-vous du développement immobilier dont certains disent que c’est notre avenir économique ?

Appelez-moi un dinosaure si vous voulez, mais je crois toujours que notre avenir se trouve dans le développement d’une économie de production plutôt qu’une économie de consommation. Dire que notre avenir économique se trouve dans le marché immobilier de luxe est paradoxal. Un peu comme dire que vous allez bâtir votre richesse en vendant vos bijoux de famille ou votre héritage.

Mais on reçoit des investissements en devises étrangères quand l’on vend des villas et des bungalows aux étrangers, non ?

De quel investissement parle-t-on ? Les étrangers investissent et peuvent tirer profit de leurs achats. Mais ce n’est pas un investissement pour l’île Maurice ! 57 % des investissements directs étrangers (IDE) en 2023 l’ont été pour l’achat immobilier. Donc, plus de la moitié des IDE pour des projets non productifs. Pour ce qui est des devises, lorsque ces riches étrangers sont installés au pays, ils importent des produits de luxe et l’apport en devises lors de la vente de la propriété aura vite été compensé et dépassé par les importations de leurs voitures, etc. Il ne faut pas se laisser embrouiller sur des vérités économiques simples.

Vous êtes xénophobe ?

Nous avons manifesté pour dire que les travailleurs étrangers doivent être mieux protégés et pour dire que nous sommes contre la généralisation de leur exploitation. Donc, je suis solidaire et patriote. Pas xénophobe. Par contre, comment pourrait-on qualifier ce gouvernement ? N’est-ce pas lui qui a fait passer des amendements à la Non-Citizen (Employment Restriction) Act et à l’Immigration Amendment Bill ? Rappelez-vous aussi de l’expulsion du pilote Patrick Hoffman. Je laisse le soin à la population de juger.

Vous parliez des «Integrated Restorts Scheme» (IRS), «Property Development Scheme» (PDS), «Real Estate Scheme» (ERS), etc. Mais les hôtels, eux, ils créent de l’emploi et rapportent des devises à long terme, n’est-ce pas ?

L’activité hôtelière se rapproche un peu plus de ma vision d’une activité économique d’avenir. Mais n’oublions pas les conditions essentielles à toute activité économique : qu’elle soit raisonnable et raisonnée ! Aujourd’hui, les touristes sont de plus en plus conscients des enjeux environnementaux et choisissent de se tourner vers des destinations qui privilégient les pratiques écologiques. De plus, je pense qu’il ne faut pas mettre tous nos oeufs dans le même panier. On ne peut pas dépendre uniquement du tourisme pour nos besoins en devises. Imaginez une catastrophe comme le Covid !

Et la main-d’oeuvre étrangère, qu’avez-vous contre elle ?

Rien. Et je n’ai rien non plus contre ceux qui veulent avoir recours à encore et toujours plus de main-d’oeuvre étrangère pour réduire leurs coûts et maximiser leurs profits. Eux, au moins, ils ont le mérite de faire preuve de cohérence. Par contre, ce gouvernement, qui passe les lois pour faciliter l’importation de la main-d’oeuvre, et libéraliser le marché de l’emploi sous couvert d’humanisme, attire tout mon dégoût et mon mépris.