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Bande dessinée

John-Erich Nielsen : son héros récurrent en voit de toutes les couleur

14 octobre 2024, 21:13

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John-Erich Nielsen : son héros récurrent en voit de toutes les couleur

Vision des inspecteurs du CID Lucy Fourstripes et Archie Sweeney

Une aventure d’Archie Sweeney, inspecteur du Criminal Investigation Department (CID) d’Édimbourg, adaptée du roman à la bande dessinée. C’est le pari relevé par l’écrivain français John-Erich Nielsen et l’illustrateur Thierry Permal. L’album «Des ombres au paradis» vient de paraître aux Éditions HoH.

Là où les mots dessinaient une image mentale des personnages, les traits de Thierry Permal les font courir et sauter dans le vide sous nos yeux. Les planches de l’illustrateur multiplient les ambiances, du Morne au Champs-de-Mars, de Plaine-Champagne à la route vers le sud de l’île. Deux inspecteurs du CID sortent du lot : la sculpturale Lucy Fourstripes (quatre bandes comme les quatre couleurs du drapeau mauricien) et Archie Sweeney, le roux qui reste bien mystérieux à propos de son alliance. La première partie de leur aventure a été adaptée du roman de John-Eric Nielsen Des ombres au paradis en bande dessinée. Les dessins et couleurs sont de Thierry Permal.

thierry p.jpg ** L’illustrateur Thierry Permal**

C’est un road trip qui démarre au Morne. Au milieu des broussailles, un randonneur en vacances à Maurice découvre un cadavre. Ce touriste, ce n’est pas n’importe qui, mais Archie Sweeney, inspecteur du CID d’Édimbourg. Dans les cases, le vert du feuillage domine. C’est «l’ambiance tropicale» que recherchait l’auteur. Celle qu’a imaginée l’illustrateur à coups de couleurs chaudes.

Dans ce tome A, la bande dessinée a un côté «carte postale qui présente notre pays», explique Thierry Permal. Lucy Fourstripes n’est pas avare en explications historiques et mises en contexte. Au Morne, elle détaille pour Sweeney que des marrons, «plutôt que d’être faits prisonniers, auraient gravi le rocher, puis ils se seraient jetés dans le vide». Au déjeuner, elle propose du briyani au poulet à son homologue écossais, suivi de gâteaux piments en guise de dessert. Le lecteur se balade avec les personnages dans des «lieux emblématiques», qui ne sont pas toujours sur les itinéraires touristiques, explique l’illustrateur.

Avant de se lancer dans le dessin, il y a eu l’étape préalable d’immersion dans le roman d’environ 250 pages. «Au départ, l’adaptation en BD faisait 88 pages, d’où l’idée de présenter Des ombres au paradis en deux tomes, sinon cela aurait été un album vraiment volumineux». La recherche dans les angles de vues est nettement perceptible dès les quatre premières cases. Ce que l’on voit d’abord de Lucy Fourstripes, ce sont des ongles vernis dans ses chaussures à talons aiguilles. Puis, un zoom de dos sur son jean moulant. ombre.jpg

Thierry Permal, qui fait de l’illustration «de manière professionnelle depuis 23 ans», avance qu’il travaille entièrement à l’informatique. Ce qui lui permet de bien maîtriser son sujet, affirme-t-il. Avec la possibilité de revenir en arrière, ce qui n’est pas possible avec le dessin à la main. «On peut faire plus de manipulations mais il ne faut pas tomber dans l’excès, comme trop de couleurs, trop d’effets lumineux, trop de filtres qui altèrent la lisibilité de l’image. L’informatique reste un outil. Il ne faut pas croire, comme les débutants, que l’ordinateur va faire tout le travail pour eux.»

Il privilégie un *«rendu qui ressemble à une aquarelle». Une technique adoptée depuis la lecture de la BD muette Love. Thierry Permal souligne que les illustrateurs se réinventent. «Nous n’aimons pas rester avec les mêmes dessins et les mêmes couleurs.»

Ce qu’il préfère : un«line art qui est comme crayonné, ce qui donne une certaine souplesse au dessin. Et un côté plus chaleureux»*. À l’inverse de «Largo Winch ou XIII par exemple, où le trait de plume est défini. Mon trait se rapproche plus de celui du crayon papier. Même si je fais des erreurs, j’arrive à me rattraper. Il arrive que certains dessins définitifs passent avec des erreurs parce que rien n’est parfait dans la vie. Cela donne une richesse, une valeur ajoutée. Le dessin est plus humain qu’avec un rendu nickel, chirurgical, où l’on se retrouve avec un travail froid qui manque de caractère».

L’auteur, John-Erich Nielsen, écrivain français installé à Maurice, explique avoir choisi Thierry Permal justement pour ses dessins, «pas influencés par les modes». Pour cette BD policière, il reprend des «intrigues à tiroirs à la Agatha Christie». John-Erich Nielsen est par ailleurs l’organisateur du salon itinérant Anou Lir Ansam.