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Kailash Purryag: Un homme droit
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Kailash Purryag: Un homme droit
Ces quelques mots à mon ami, Kailash Purryag.
Nous avions été élus ensemble aux élections générales d’août 1983, dans la circonscription de Curepipe / Midlands avec comme troisième colistier, Gaëtan Duval. Nous avions depuis forgé une solide amitié, et au fil des années, il me fut permis d’admirer son sens de l’éthique et surtout son dévouement pour notre pays. Sa carrière et sa vie furent un modèle de dévouement à la cause d’une meilleure Île Maurice, d’une nation pluriculturelle où il ferait bon vivre et surtout un pays respectueux de la démocratie. Kailash Purryag a connu toutes les gloires auxquelles un politicien peut rêver à l’Île Maurice. Député, en 1976 à 29 ans à La Caverne/Phœnix, la circonscription où il résidait, il n’a cessé après de grimper dans la hiérarchie de postes prestigieux.
Il a occupé plusieurs portefeuilles ministériels d’importance, notamment à la Sécurité Sociale, à la Santé et aux Affaires Etrangères, pour enfin devenir Premier Ministre Adjoint et numéro deux du gouvernement, puis Président de l’Assemblée nationale et Président de la République. Il a su dans tous ses postes porter très haut le flambeau de la fonction et mener à bien les tâches qui lui incombaient. Et tout ceci, dans la plus grande simplicité, dans la plus grande humilité et dans la plus grande droiture.
Il avait en effet un profond respect pour la démocratie. Et pour notre Constitution qui était pour lui un guide suprême et inaliénable. Nous avions souvent des discussions sur certains points constitutionnels délicats et il était aisé de voir combien il avait une grande connaissance de celle-ci dans le fond comme dans la forme. Il maîtrisait cet art de pouvoir interpréter la Constitution en juxtaposant les articles fondamentaux et prépondérants avec ces autres articles devant être interprété dans le respect des principes fondamentaux. Bref, il avait une interprétation précise et juste des articles controversés et provoquant débat. Puis cette capacité de pouvoir comparer si telle ou telle loi - votée ou à être votée - par l’Assemblée nationale était fidèle ou infidèle à la lettre et à l’esprit de la Constitution. Puis encore d’analyser si un Règlement issu d’une Loi était conforme à la Loi-mère ou encore à la Constitution.
Et tout cela il le faisait grâce à ses connaissances du droit de par sa profession d’avoué. Un avoué méticuleux à la virgule et au point-virgule, près dans la rédaction de ses documents. J’eus l’opportunité de pouvoir travailler sur plusieurs dossiers avec lui et ce fut toujours un plaisir.
Kailash Purryag était en fait un homme très respectueux de l’État de Droit et de l’ordre établi, ce qui le faisait souvent passer pour un conservateur. Fidèle parmi les fidèles du Parti Travailliste, il était aussi un partisan loyal de Navin Ramgoolam, et évidemment un fervent gardien de la mémoire de feu Sir Seewoosagur Ramgoolam. Il m’avait souvent maintenu, ces dernières années, que l’Île Maurice devait énormément à deux hommes qui avaient mis de côté leurs différences pour œuvrer ensemble après l’indépendance : Sir Seewoosagur Ramgoolam et Sir Gaëtan Duval.
J’ajouterais ici que comme tant d’hommes politiques, il avait connu des défaites et pas seulement des succès. Et lui un grand émotif, avait souvent la larme facile.
J’ai eu aussi l’opportunité de connaître un autre Kailash Purryag détendu socialement quand on se voyait entre amis, friand qu’il était de toutes ces anecdotes qui fusent quand des politiques et d’autres amis se réunissent. Heureux aussi de se remémorer les souvenirs cocasses et amusants de ces innombrables campagnes électorales et souvent aussi d'autres souvenirs, moins cocasses et amusants.
Ces derniers années il était de plus en plus choqué du népotisme et de la corruption régnante, mais ne s’exprimait pas par devoir de réserve. Il était outré des intolérances du précédent Président de l’Assemblée nationale qui choisissait quelles questions aux Ministres seraient acceptées et, pire, qui procédait à des expulsions excentriques des membres de l’opposition.
Ces situations le rendaient mal à l’aise, lui qui avait été un distingué Président de l’Assemblée national soucieux du droit de tous les députés. Il me parlait récemment de ses petits-enfants avec tendresse, il était fier de sa fille magistrate et de son gendre nouvellement nommé Ministre des Affaires Etrangères. Puis évidemment respectueux de son épouse qui l’avait toujours soutenu. La maladie l’avait beaucoup affaibli et affecté dans les derniers mois, mais il gardait son intérêt pour la chose publique, même avec la maladie qui le rongeait.
J’adresse donc ici à sa fille Anu, à son gendre Ritish et à son épouse Aneeta mes sincères condoléances. Ils peuvent tous être fiers de cet héritage de droiture qu’il laisse derrière.
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