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Poubelles à compost
Kavy Ramano en mode campagne électorale
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Poubelles à compost
Kavy Ramano en mode campagne électorale
On savait que le ministre de l’Environnement distribuait beaucoup : gâteaux, matériel scolaire, vin, certificats EIA, certificats de propriété… On savait aussi qu’il utilisait des fonds dédiés à l’environnement pour rénover des lieux de culte. Kavydass Ramano vient de se signaler par une autre pratique : il distribue des poubelles à compost (voir photos). À première vue, rien de plus normal que de voir un ministre de l’Environnement encourager le recyclage. Ses fans trouvent même que c’est une noble initiative de sa part. Sauf que ces poubelles proviendraient du stock du ministère de l’Environnement !
Certes, ces poubelles à compost sont un véritable outil pour réduire les déchets verts transportés et entassés à Mare-Chicose. De plus, elles servent à régénérer le sol, surtout pour ceux qui cultivent un tant soit peu la terre. La démarche de Kavydass Ramano paraîtrait comme une action louable pour l’environnement, si ce n’est qu’il n’y a pas eu de distribution de compost bins pendant plus d’un an. Tous ceux qui en faisaient la demande même pour en acheter – elles étaient vendues à un prix subventionné – s’entendaient dire qu’il n’y en avait plus en stock au ministère de l’Environnement.
On peut voir sur la page Facebook du ministre de l’Environnement que les six précédentes remises de poubelles à compost datent de 2020 et 2021. Et presque toutes l’ont été dans la circonscription du ministre, sauf une à Rodrigues.
Toutefois, les deux remises de poubelles à compost de 2024, en février et juin, ne figurent étrangement pas sur la page Facebook du ministre, mais sur celles de deux de ses sympathisants. Pourtant, Ramano ne manque jamais d’afficher ses «dons».
Poubelle la vie ?
Le bureau de l’Audit avait même fait un constat amer dans son dernier rapport : sur les 5 000 poubelles à compost achetées en août 2022 par le ministère de l’Environnement à Rs 8,7 millions – Rs 1 740 pièce – seules 957 avaient été distribuées en un peu plus d’un an ! Ce qui fait qu’il en restait 4 043 en septembre 2023. On ne sait pas si, depuis la publication du rapport de l’Audit, ces poubelles à compost ont été mises à disposition du public un peu partout dans l’île. Ce qui est certain en tout cas, c’est que le ministre Ramano en a partagé gratuitement en février et juin de cette année mais aux seuls habitants de Quatre-Bornes – à Bassin et Palma, pour être plus précis.
Une véritable opération de charme électoraliste avec l’argent public sous les yeux bienveillants de policiers invités à la fête et qui ne pouvaient savoir, bien sûr, que le ministre puisait ces poubelles à compost du stock du gouvernement. Le ministre Ramano a aussi distribué des plantes qui proviendraient, elles, du stock du ministère de l’Agro-industrie ou des pépinières du ministère de l’Environnement.
Ont-elles été payées par le ministère ou par Ramano ? Nous lui avons demandé, à travers son attachée de presse, de nous confirmer si ce sont bien des poubelles achetées par le gouvernement et des plantes vendues normalement au public qu’il distribue à tour de bras. Nous sommes dans l’attente de sa réponse.
Générosité avec les biens d’autrui
Une autre question se pose à la veille de la présentation du Political Financing Bill, qui est censé contrôler les dons politiques et dépenses électorales: est-ce que ces dons en nature aux habitants seront comptabilisés comme dépenses électorales ? Est-ce que les produits provenant non de la poche d’un ministre, mais du gouvernement, seront inclus comme dépenses électorales, d’autant que l’on est en pleine campagne pour les législatives ? Ce serait un comble qu’un ministre puisse utiliser des fonds publics à des fins électoralistes sans que cela ne soit considéré comme une dépense électorale !
Si la loi n’est pas claire à ce sujet, ne serait-ce pas l’occasion avec le Political Financing Bill de le faire ? On se rappellera la fameuse annonce par Pravind Jugnauth de l’augmentation de la pension de vieillesse, lors d’un grand rassemblement en octobre 2019 de personnes âgées à la veille des élections. Le Privy Council a conclu que le PM n’avait pas violé la loi électorale en promettant une hausse de la pension car, entre autres, les dépenses liées à ce rassemblement au SVICC avec, entre autres, du briyani servi, étaient financées par l’État… et non le MSM.
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