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L’interview de…
Ken Fong : «Nous voulons connaître la vérité sur la mort de Soopramanien Kistnen, mon beau-frère»
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L’interview de…
Ken Fong : «Nous voulons connaître la vérité sur la mort de Soopramanien Kistnen, mon beau-frère»
Ken Fong, ancien membre du Muvman Liberater.
Vous avez soumis votre lettre de démission hier (NdlR mardi matin) comme membre du Muvman Liberater (ML). Pourquoi ?
J’ai toujours été aux côtés d’Ivan Collendavelloo depuis 2014. J’ai travaillé avec lui pour consolider le ML. Nous avons travaillé ensemble pour les élections générales de 2014. Par la suite, il y a eu les élections municipales, pendant lesquelles j’étais un des candidats de ce parti. J’ai été maire et, par la suite, le parti m’a donné une investiture pour les élections de 2019. Je n’ai pas cessé de travailler pour le parti. Malheureusement, il y a eu la mort de Soopramanien Kistnen. Il est l’un de mes beaux-frères…
Toute la famille et moi sommes affectés par son décès brutal. Pendant tout ce temps, je n’ai rien dit. Je faisais confiance au Premier ministre sortant, Pravind Jugnauth, et à la police. J’ai gardé espoir jusqu’au bout, croyant que la police allait arrêter les criminels. Je n’accuse personne, mais depuis sa mort, il n’y a eu aucune arrestation. Comment puis-je grimper sur le même camion que les membres de ce gouvernement pour les défendre alors que Soopramanien Kistnen était un des chefs activistes du Mouvement socialiste militant (MSM) dans la circonscription n°8 (Quartier-Militaire–Moka) et que ceux qui ont commis ce crime demeurent impunis ?
Il n’y a pas que cela. J’habite dans un appartement de la National Housing Development Company (NHDC) Ltd à Camp-Levieux. J’ai attiré l’attention d’Ivan Collendavelloo sur l’impact de la drogue dans la région. J’ai vu mes élèves qui étaient performants à l’école sombrer dans le piège de la drogue, mais rien n’a été fait. Le ministère de la Santé aurait dû les prendre en charge, mais il n’en a rien été.
Pour en revenir à la mort de Soopramanien Kistnen, les membres de la famille s’attendaient à connaître la vérité après qu’une enquête judiciaire a confirmé qu’il s’agissait d’un meurtre. La magistrate a rendu son rapport il y a trois ans déjà, mais il n’y a eu aucun développement depuis. D’autres crimes ont été élucidés, mais pas celui de mon beau-frère, un membre du MSM. La famille veut connaître la vérité. Donc, je suis dans le camp de ma famille au lieu de celui des politiciens.
Vous conservez de bonnes relations avec Ivan Collendavelloo ?
Mes relations avec Ivan Collendavelloo demeureront toujours cordiales. Cependant, nous avons des points de vue divergents. Il a fallu couper la poire en deux. Je lui souhaite sincèrement bonne chance pour cette campagne électorale. Je souhaite également bonne chance à mes amis du ML. Je ne frapperai pas sous la ceinture. Il faut faire la politique autrement. C’est une campagne électorale et, à la fin, il faudra pouvoir regarder les voisins en face sans détourner le regard. Je garde de bonnes relations avec les gens du ML. J’espère que ce sera réciproque.
Vous partez le cœur brisé ?
Je ne dirais pas le cœur brisé, mais je suis triste. Je suis avec le ML depuis sa création. J’ai participé à sa création et à sa consolidation, mais il a fallu faire un choix. J’étais maire de Beau-Bassin–Rose-Hill. En toute modestie, j’ai beaucoup fait pour les différentes régions de cette ville. Je suis fier de mes accomplissements. Est-ce vous savez que j’avais démissionné comme maire quand Ivan Collendavelloo avait été révoqué ? Je l’avais fait par principe, mais lui, il m’a conseillé de garder mon poste. Cependant, ces derniers temps, il y a eu trop de choses. Par exemple, il y a un gros mécontentement parmi les habitants des appartements de la NHDC. Je lui en ai fait part, mais rien n’a été fait.
Beaucoup de membres du ML reprochaient silencieusement à votre ancien leader d’avoir avalé des couleuvres sans réagir. Est-ce qu’ils ont raison ?
J’avais dit publiquement qu’Ivan Collendavelloo ne m’écoutait pas. Dans quel but avais-je dit cela ? J’étais membre du bureau politique de ce parti. Plusieurs membres du comité exécutif avaient pris contact avec moi me demandant pour quelle raison ce comité n’organisait aucune réunion. J’avais fait passer le message au bureau politique, mais il n’y a eu aucune réaction. Je ne sais pas pourquoi. À mon avis, Ivan Collendavelloo est mal conseillé par quelques personnes qui gravitent autour de lui. C’est malheureux pour le parti.
Mais les membres du ML ont également mal pris sa révocation et aucun d’entre eux n’a obtenu de ministère après…
Oui, il y a ça aussi. Ivan Collendavelloo avait donné les raisons de sa révocation. Il y a eu beaucoup de frustration au sein du parti après cela, mais il est resté fidèle au MSM. Ivan Collendavelloo et le parti sont restés fidèles au MSM malgré le départ du Parti mauricien social-démocrate (PMSD) en 2016. Et voilà le PMSD qui fait son retour et le leader du MSM lui accorde toute son attention au détriment du ML. Il est vrai que le ML est un jeune parti, mais il a été fidèle, je le répète. J’ai toujours défendu les principes du parti. Personne ne pourra dire que moi ou l’autre maire de ce parti, David Utile, n’avons pas travaillé pour Beau-Bassin–Rose-Hill. J’ai supervisé la construction de la gare du Metro Express. J’ai aménagé des centres sportifs dans chaque ward. Mes relations avec la Chine nous ont permis d’obtenir des équipements sportifs et des bourses. Quand il y avait un conflit avec les marchands d’Arab Town, j’étais le seul à pouvoir les convaincre de partir.
Vous partez parce que vous n’avez pas obtenu d’investiture ?
J’ai obtenu une investiture en 2019 dans à Beau-Bassin–Petite-Rivière, sans le demander, dans un bastion du Mouvement militant mauricien. J’y suis allé même en sachant que cela allait être très difficile. Je suis arrivé en quatrième position. Un classement honorable. Là, le parti est en train de finaliser sa liste de candidats et ses dirigeants ne sont même pas venus demander au candidat arrivé en quatrième position dans un bastion mauve s’il était intéressé par un ticket… J’aurais peut-être dit oui ou non. Il fallait au moins me le proposer. Il y a eu une certaine frustration au sein de ma famille de par leur comportement. Je suis moi-même déçu par cela.
Allez-vous rejoindre un autre parti politique ?
Je ne suis pas du genre à sauter d’un parti à un autre en l’espace de quelques heures. Je donne des leçons gratuites aux enfants de la NHDC. Ils sont en pleine période d’examens et ils ont besoin de moi. Si vous faites référence à ma présence lors d’une réunion de l’Alliance du changement lundi soir, sachez que j’y étais invité et j’étais curieux de connaître la teneur des discours. Je n’étais pas sur la liste des orateurs. Le public a insisté pour que je prenne la parole. J’ai vidé mon sac et j’ai dit ce que j’avais sur le cœur. Je ne vais pas intégrer un autre parti pour l’instant, malgré les propositions que j’ai reçues.
En temps et lieu, je déciderai quelle suite donner à ma carrière politique. Pour le moment, ma famille et moi voulons, je le redis, connaître la vérité sur la mort de Soopramanien Kisten.
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