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Nécrologie
Koonjoo s’avéra un fougueux fighter tant qu’il était au MMM
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Nécrologie
Koonjoo s’avéra un fougueux fighter tant qu’il était au MMM
À compter de 1976 jusqu’à la fin des années 80, Prem Koonjoo s’imposa comme l’un des combattants les plus pugnaces du MMM. Son engagement politique et sa verve comme orateur firent de lui l’une des principales vedettes sur l’estrade politique. Il fut sollicité comme orateur aux meetings par des militants de toutes les régions du pays.
Le démarrage de Prem Koonjoo en 1976 fut spectaculaire. Car il se présenta comme le challenger de sir Seewoosagur Ramgoolam (SSR), un mythe de son vivant. Diplômé en économie de la prestigieuse Université de Delhi, il fut recruté à un échelon supérieur dans la fonction publique. Mais bien que jeune, il démissionna de son poste pour défendre les couleurs du MMM. Et il choisit de se mesurer à SSR lui-même dans la circonscription de Pamplemousses–Triolet (no 5). Laquelle circonscription avait voté Dev Virahsawmy du MMM en septembre 1970.
Malheureusement pour Prem Koonjoo, le no 5 et Rose-Belle– Vieux-Grand-Port furent les deux seules circonscriptions rurales à voter 3-0 en faveur des Travaillistes en 1976. Par contre, d’autres candidats du MMM en régions rurales, dont Dharmanand Fokeer, Madun Dulloo, Vijay Jundoosingh, Jugdish Goburdhun, Krishna Coonjan, Ramduth Jaddoo, Harris Ramphul et Swalay Kasenally se firent élire. Dans cette escouade rurale du MMM se distingua un autre élu qui avait lui aussi démissionné d’importantes fonctions dans le gouvernement. C’était l’ancien Senior Crown Counsel Anerood Jugnauth.
La porte du Parlement n’était donc pas ouverte pour Prem Koonjoo mais il allait se distinguer graduellement au niveau de la base du MMM. Il connaissait parfaitement les attentes et les frustrations dans les régions rurales. Il devint ainsi en 1982 l’un des grands architectes de la victoire inédite à 60-0 du MMM soutenu par un petit allié. Et à ces élections, Prem Koonjoo devait goûter à la victoire du MMM sur le mythe qu’était SSR.
Une cassure se produisit toutefois en 1983 et un grand nombre de parlementaires et autres éléments hindous du MMM devaient suivre Anerood Jugnauth dans la création du nouveau parti qui deviendrait le Mouvement socialiste militant (MSM). Par contre, Prem Koonjoo décida sciemment de suivre Paul Bérenger et rester fidèle au MMM.
A partir de cette cassure et dans la perspective de nouvelles élections générales rendues inévitables, Prem Koonjoo devait jouer un rôle d’avant-plan dans la toute nouvelle stratégie du MMM.
Les Mauves qui présentaient Paul Bérenger comme leur candidat au poste de Premier ministre étaient convaincus qu’il était possible de fragmenter l’électorat – surtout rural – en plusieurs composantes dépendant des origines ethniques, des religions, des castes et de l’héritage linguistique des votants. Et de rallier autant de soutien que possible en cantonnant Anerood Jugnauth à un seul groupe. Lequel groupe se retrouverait minoritaire statistiquement parlant. Prem Koonjoo et d’autres meneurs vendirent avec acharnement cette stratégie communalo-castéiste du MMM.
En 1983, le MMM avait cherché à perfectionner une stratégie que le PMSD avait utilisée de 1965 à 1967 pour rallier le plus grand nombre de Mauriciens à sa cause. En sus de rallier deux minorités conséquentes, le PMSD avait aussi joué la carte linguistique pour tenter de fragmenter l’électorat traditionnel des Travaillistes. Le PMSD avait aussi été actif sur le plan castéiste en faisant publier des articles dans Le Mauricien mais cela ne rapporta pas de dividendes électoraux.
Au départ, la nouvelle stratégie du MMM en 1983 commença à séduire des électeurs visés. C’est ainsi que le père de Gian Nath, haut-commissaire de Maurice à Londres, se mit à prendre place sur l’estrade du MMM en soutien à Prem Koonjoo et à ses camarades.
Le MSM, soutenu par ses nouveaux alliés SSR, Gaëtan Duval, Yousuf Mohamed et Sylvio Michel, devait lancer une vaste offensive pour déjouer l’encerclement communalocastéiste mené par le MMM. Si Mohamed et Michel réussirent à glaner des votes dans quelques circonscriptions – Mohamed se faisant même élire et Michel fut désigné best loser – le MSM exploita à fond des sentiments racistes au détriment de Paul Bérenger. Au fil de la campagne de 1983, la stratégie d’encerclement à laquelle Prem Koonjoo était associé devait collapse dans les régions rurales. Le père Nath disparut de la circulation et son fils vint soutenir Jugnauth. Quand les résultats des élections furent proclamés, on devait apprendre qu’aucun candidat du MMM n’avait été élu dans les villages allant de la circonscription no 5 à celle du no 14.
Ce fut un désaveu total de la nouvelle stratégie. Le MMM se retrouva dans la même situation que le PMSD en 1967. C’est-à-dire zéro élu dans les villages. Toutefois, suivant l’action du MMM en 1983, les gouvernements successifs prirent grand soin de ménager toutes les susceptibilités en régions rurales, évitant surtout de ne pas commettre l’erreur commise par quelques ministres travaillistes d’avant 1982 qui avaient nourri des cliques renfermées. Il faudrait dans ce contexte reconnaître que le combat mené avec acharnement par Prem Koonjoo contre l’injustice et les cloisonnements traditionnels en milieu rural aura été déterminant.
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