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Décès de Dev Virahsawmy
Kreol to rasinn pa pou brile
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Décès de Dev Virahsawmy
Kreol to rasinn pa pou brile
En bush shirt, en route pour l’Assemblée législative, avec Loga, pour prêter serment, le 10 novembre 1970.
Même si Dev Virahsawmy, linguiste, ancien politicien, enseignant, poète, dramaturge, auteur et défenseur acharné du kreol, nous avait préparés à son «grand voyage» en annonçant publiquement sa maladie incurable fin septembre, la nouvelle de sa mort, dans la nuit de mardi à mercredi, a pris les Mauriciens de court.
Dev Virahsawmy est né en 1942. À trois ans, il contracte la poliomyélite qui le prive de l’usage de son épaule et de son bras gauche. À l’école primaire, il est confronté à la discrimination de ses «camarades» de classe qui le dénigrent. Il a le choix entre se lamenter ou se montrer plus fort en faisant tout ce qu’une personne ayant l’usage de ses deux bras pouvait faire. Il a pris la deuxième option.
À la mort de sa mère, il grandit chez son oncle à Quartier-Militaire. Après une scolarité jusqu’en Form V au collège St Joseph, ses excellents résultats lui ouvrent les portes du collège Royal de Port-Louis où il fait sa Form VI. C’est au Telegu Youth Circle qu’il rencontre Loga. Il a 19 ans, elle en a 17. Ils sont d’abord amis puis réalisent qu’ils s’aiment. Dev Virahsawmy part étudier l’anglais, le français et la littérature française à l’université d’Edimbourg. Loga l’y rejoint et ils se marient à Londres. Dev Virahsawmy se spécialise ensuite en linguistique appliquée et fait du kreol son sujet de thèse.
Le combat politique pour l’indépendance fait rage à Maurice et lui et Loga décident de rentrer en 1967 après que Dev Virahswamy soit diplômé. Sa proposition de faire du kreol la langue nationale et qu’on l’appelle morisien, publiée dans l’express, lui vaut une pluie de critiques. Mais elle intéresse un certain Paul Bérenger avec qui il échange beaucoup. Ensemble et avec d’autres camarades, ils fondent le Mouvement militant mauricien.
À la suite du décès d’un député, il se présente à l’élection partielle de Pamplemousses-Triolet et contre toute attente, il est élu. En 1972, Dev Virahsawmy, seul élu du MMM, veut faire un coup d’éclat lors de la visite de la reine Elizabeth II à Maurice. Il est dénoncé et arrêté. Ses autres camarades de parti aussi dont Paul Bérenger.
C’est en prison qu’il se met à écrire des textes, des poèmes, des chansons et des pièces de théâtre en kreol. Après leur libération, lui et Paul Bérenger réalisent qu’ils ont différentes idées sur l’orientation du parti et se quittent en mauvais termes. Ils ont récemment fait la paix en octobre, Dev Virahsawmy demandant à Paul Bérenger de lui rendre visite avant son «grand départ».
En sus d’avoir enseigné l’anglais et le General Paper à des élèves et à avoir donné des lauréats au pays, Dev Virahsawmy a été un auteur prolifique, ayant à son actif 40 pièces de théâtre, 3 000 poèmes, 20 nouvelles, cinq novelas, un roman, des traductions de livres sacrés, de même que de nombreuses pièces de William Shakespeare.
Lors de son dernier entretien à l’express, il a dit considérer son cancer du foie au stade terminal comme «un petit fardeau supplémentaire à charrier» et s’est estimé chanceux d’avoir vécu dans un environnement rempli d’amour que lui, Loga, leurs filles Saskia et Anushka, leurs petits-enfants Anastasia, Rachel et Yann et leur gendre Sam ont constamment alimenté.
Il a aussi évoqué ses dernières volontés, à savoir que les Mauriciens qui viennent assister à sa crémation, n’apportent pas de fleurs. «Rod enn bout terin, aste enn pied fruit à pain ek plant li. O-nivo gouvernman, minisipalite, district council, olie zot anvoy let kondoleans Loga ek lafami, ki zot pran desizion met enn pied fruit à pain sak kote simin parski li pou fini par nouri popilasyon Moris.»
Dev Virahsawmy a été incinéré ce matin. L’express présente ses sincères condoléances à tous ceux que cette disparition afflige.
Sir Seewoosagur Ramgoolam et Dev Virahsawmy lors du dévoilement d’une plaque au nom du Dr Paul Octave Wiehé le 25 mai 1981.
Dev Virahsawmy et Paul Bérenger, vieux camarades, ils ont aussi été fâchés, pour mieux se réconcilier.
À la veillée mortuaire, sa fille Anushka entourée de Yann, Rachel et Anastasia, les petits-enfants de l’illustre disparu.
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