Une vraie boussole indiquant le Nord. L’augmentation des subventions aux religions est une «bénédiction» annuelle du Budget. Hier, le ministre des Finances a annoncé une augmentation qui dépasse tout ce qui avait été donné par l’État jusque-là. «La subvention aux corps religieux augmente de 60 %, passant de Rs 125 millions à Rs 200 millions. Pour rappel, la subvention était de Rs 73 millions en 2024. Donc, il y a une augmentation de plus de 170 %.»

À titre d’exemple, les prières avaient été entendues dans le Budget 2016-17 avec une hausse de 10 %. En 2019, les suppliques ont été à nouveau entendues avec une augmentation de 10 %. La subvention totale était passée de Rs 85 millions à 93 millions.

Dans le Budget 2020- 21, la subvention avait été augmentée, passant de Rs 93 millions à Rs 103 millions. Ensuite, le Budget 2022-23 a accordé une assistance financière unique à hauteur de Rs 10 millions aux «religious bodies». La raison évoquée : les restrictions sanitaires. Les autorités justifient aussi ces hausses récurrentes en invoquant le rôle que jouent les corps religieux dans la préservation de l’harmonie sociale et morale.

Hier, outre l’augmentation des subventions calculées sur le dernier recensement des Mauriciens sur la base de leur origine ethnique – recensement qui remonte à 1972 – les religions ont eu droit à une série d’autres grâces. Il s’agit de facilités duty free pour l’achat de voitures tous les sept ans, par des prêtres enregistrés. Toutes confessions confondues.

Le Water Tank Scheme a aussi été étendu aux corps religieux. Dans la foulée, le Solar PV Scheme du Central Electricity Board est étendu aux corps religieux, jusqu’à un maximum de dix panneaux solaires.

Renganaden Padayachy a aussi annoncé qu’à partir du 1er janvier 2025, l’État va faciliter les pèlerinages religieux à l’étranger. «Le ministère des Arts va proposer un package aux divers corps religieux pour soutenir les Mauriciens qui partent en pèlerinage.» On sait que le hadj est déjà organisé tous les ans par le centre culturel islamique, avec un quota de pèlerins.

Les associations socioculturelles pas oubliées

La subvention aux associations socioculturelles augmente de Rs 10 millions. Le Budget concrétise aussi l’annonce des autorités de financer la construction de centres culturels, sur une période de quatre ans. Le 2 avril, en réponse à une PNQ, le DPM Steven Obeegadoo a indiqué que la construction de locaux pour l’Indo Mauritian Catholic Association, l’Hindi Speaking Union, l’Urdu Speaking Union et le Mauritius Tamil Cultural Centre Trust seront financés des deniers publics.

Bhojraj Ghoorbin, président de la Mauritius Sanatan Dharma Temples Federation: «More than expected»

Enthousiaste et ravi. Bhojraj Ghoorbin affirme que «ce que nous avions demandé lors des consultations pré-budgétaires, c’est ce que nous avons eu. Nous disons un grand merci au Premier ministre». Le président de la Mauritius Sanatan Dharma Temples Federation (MSDTF) va plus loin : «C’est la première fois que la subvention aux religions augmente par 60 %. Pa ti atann.» Il précise que la fédération avait demandé une *«augmentation de 50 % en pensant qu’on aurait pu avoir une hausse de 20 % ou 30 % de la subvention. C’est more than expected». *

Élu à la présidÉlu à la présidence de la MSDTF depuis le 2 août 2020, Bhojraj Ghoorbin a dû faire face aux deux confinements. Après la pandémie de Covid-19, il a lancé l’organisation du «Char dham yatra», un pèlerinage dans quatre lieux sacrés en Inde, «qu’un hindou doit faire au moins une fois dans sa vie». «Nous avons organisé ce pèlerinage avec zéro roupie de profits», souligne-t-il. Avant de rappeler qu’au lancement de cette formule de pèlerinage, «nous avons eu un grand coup de main du Premier ministre et du ministre de la Santé avec un vaccin gratuit à tous les pèlerins. Ce vaccin coûte Rs 1 300 l’unité». Il signale que l’aide du haut-commissariat indien avait aussi été obtenue. «Nous avions demandé une subvention de l’État sur les billets d’avion, lors des consultations pré-budgétaires. Zordi ou trouve, nou finn resi.» S’agissant du duty free sur les voitures des prêtres, Bhojraj Ghoorbin souligne la «contribution énorme» des hommes religieux. «Ce sont eux qui nous enseignent comment vivre en société, par exemple, en respectant les gran dimounn». Dans le cas de la MSTDF, il explique que les prêtres «ne touchent pas un salaire fixe. Cela dépend du nombre de cérémonies où ils officient». Il explique que la MSTDF, au sein du Hindu Council, avait demandé que cette contribution soit reconnue «pour qu’au moins une fois dans leur vie, ils aient droit à une voiture duty free».