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Culture de la canne à sucre
La Chambre d’agriculture impuissante face à l’érosion de la superficie récoltée
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Culture de la canne à sucre
La Chambre d’agriculture impuissante face à l’érosion de la superficie récoltée
Le phénomène d’abandon des terres cultivées en canne à sucre ne date pas d’hier. Certainement bien avant sa mise en évidence, fin septembre, par le Syndicat des sucres – société chargée de vendre le sucre mauricien sur le marché international. Ce, dans le cadre d’un compte-rendu de sa dernière campagne commerciale et au cours de laquelle, à Rs 25 554 la tonne, le prix du sucre a enregistré une performance exceptionnelle, soit de 52 %, bien au-dessus du prix obtenu pour ce qui est de la récolte de 2021.
Le nombre d’hectares où la culture de la canne à disparu s’élève à quelque 10 000. Avec une performance de 8 000 tonnes de sucre à l’hectare, c’est un pactole de quelque Rs 2 milliards qui file entre les mains des acteurs de l’industrie sucrière si ce sucre-là était vendu à Rs 25 554 la tonne. Le prix de Rs 25 554 la tonne est une performance qui a incité Devesh Dukhira, Chief Executive Officer du Syndicat des sucres, à attribuer le qualificatif de performance record car le prix obtenu pour la récolte de 2022 est trois fois supérieur à celui de la récolte de 2018, qui était de Rs 8 700 bien au-dessus des Rs 18 620 de 2007 lorsque le Protocole sucre permettait d’avoir un prix garanti.
Comme l’explique Jacqueline Sauzier, secrétaire générale de la Chambre d’agriculture de Maurice, institution qui va célébrer son 173e anniversaire le 16 novembre : «Si nous regardons l’évolution de la superficie récoltée de 2001 à 2022,nous ne pouvons que constater qu’il y a une érosion inéluctable de la superficie récoltée, passant de 73 197 ha en 2001 à 39 199 ha en 2022, soit en moyenne une perte de 1 620 ha par an.»
Pour elle, ce phénomène n’est pas le résultat de ce qui se passe sur le marché du sucre. «Les signes associés à ce phénomène, avance-t-elle, interviennent quelle que soit l’évolution du prix du sucre, fluctuant en fonction des marchés d’une année à l’autre. La fin du Protocole sucre en 2008 n’y change rien. Le déclin reste le même. Mieux, on assiste à une lente accélération de la tendance à l’abandon des terres sous culture de la canne à la suite de la libéralisation de la production de betteraviers en Europe en 2017. La sonnette d’alarme est tirée tous les ans. Des mesures d’accompagnement sont proposées aux planteurs. C’est dans ce contexte qu’en 2020, la Banque mondiale commandita la réalisation d’un rapport en vue d’effectuer l’analyse du niveau de compétitivité de l’industrie cannière. Le rapport a été publié en 2022.»
Selon Jacqueline Sauzier, les facteurs qui sont à l’origine de la tendance à laisser à l’abandon d’importantes superficies de terres, jusqu’ici consacrées à la culture de la canne à sucre, sont multiples. Elle en évoque six. Il s’agit :
• des terres situées dans des zones économiquement peu rentables, c’est-à-dire sur des flancs de montagne où la main-d’œuvre est difficile à trouver pour la récolte ;
• des coûts de production qui sont trop élevés par rapport au retour obtenu du prix du sucre ;
• de l’impossibilité de mettre pleinement en place les pratiques culturales requises, comme la replantation, le désherbage et la fertilisation. C’est une situation qui s’explique par le fait qu’on a toujours recours à une main d’œuvre vieillissante et peu disponible, ne pouvant faire mieux que de produire des rendements trop faibles et donc économiquement peu rentables;
• du changement des conditions environnementales, comme le changement de la pluviométrie naturelle ou l’accès à l’eau pour l’irrigation impactant ainsi les rendements des parcelles;
• des difficultés rencontrées pour avoir physiquement accès à la terre en raison des routes dont l’état s’est dégradé, et
• du manque de main-d’œuvre pour assurer la récolte sur des terres non mécanisées.
Jacqueline Sauzier ne peut s’empêcher d’avouer son impuissance devant la persistance du phénomène de la réduction de la superficie consacrée à la culture de la canne à sucre et qui ne donne aucun signe que, dans un proche avenir, il va y avoir une quelconque forme d’apaisement. Car, il existe d’autres facteurs qui ont démontré que le retrait de la canne à sucre ne met pas nécessairement fin à ce processus, tant économique que commercial, qui donne à penser que la valeur intrinsèque de la terre en tant que patrimoine immobilier a de beaux jours devant elle. «Cette baisse de superficie sous canne est liée à un changement d’utilisation de ces terres à des fins purement économiques et commerciales.»
Elle reconnaît toutefois que la Chambre d’agriculture ne sait pas tout sur ce phénomène de baisse de la superficie sous culture de la canne à sucre. «Malheureusement, la Chambre d’agriculture ne dispose pas de données pour toutes les catégories de planteurs pour être en mesure de fournir une analyse détaillée sur les zones principales où ce phénomène est le plus prononcé ou encore la catégorie de producteurs la plus impactée.»
Y a-t-il des signes qu’un inversement de la tendance actuelle, à savoir un regain d’intérêt et un retour certain vers la plantation de la canne, est en mesure de se manifester ? Jacqueline Sauzier en est convaincue : c’est tout à fait possible. Elle donne trois raisons pour justifier son optimisme, un sourire permanent sur son visage l’empêchant d’afficher une posture opposée.
Il s’agit premièrement de «la rémunération de la bagasse à Rs 3,50 kWh annoncée dans le Budget 2021, représentant environ Rs 3 300 la tonne de sucre, contre Rs 155 la tonne de sucre sous le précédent mécanisme de rémunération.» Deuxièmement, «du prix de vente du sucre qui est en croissance avec une performance de Rs 25 554 la tonne de sucre dans le cadre de récolte de 2022.» Et, finalement, il s’agit de «la création à la Banque de développement de Maurice du Crop Plantation Revolving Fund doté d’un montant de Rs 500 M. Cet argent servira au financement de projets de replantation sur des superficies sous culture de la huitième repousse et plus».
Que dire alors du niveau de productivité ? Y a-t-il moyen de mieux faire que par le passé ? Sur ce plan également, Jacqueline Sauzier indique qu’elle a des raisons valables pour afficher son optimisme rassurant. Elle s’appuie sur une initiative qui vise à faire en sorte que le sol donne les meilleurs résultats possibles. «Un vaste programme national sur la santé des sols, précise-t-elle, a été mis en place. Son principal objectif consiste à faire en sorte qu’on puisse remonter la courbe de la productivité. En termes de productivité, 2022 a été la plus mauvaise des 15 dernières années. Sa performance a été de 57,57 tonnes de canne à l’hectare. Ses résultats en termes de sucre récolté ont été de 232 707 tonnes à l’hectare. Les signes selon lesquels le niveau de la productivité de l’industrie sucrière pour 2023 sera bien meilleur que celui enregistré en 2022, sont le fait que la moyenne en termes de performance enregistrée, alors que la récolte n’a été faite qu’à seulement 45 %, est de 70 tonnes à l’hectare. Face à la nature spécifique de cette opération, la prudence est de mise. D’où l’obligation d’attendre la fin de la récolte lorsque les données enregistrées ne pourront être modifiées de quelque façon que ce soit.»
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L’industrie sucrière de Maurice : une renaissance inspirante
Dans un entretien avec Sébastien Mamet, directeur général de Terragri (Agriculture) et Terra Milling, nous avons exploré les tendances actuelles du marché sucrier à Maurice et à l’international, ainsi que leur impact sur l’industrie sucrière. Il partage également des informations sur la diversification des activités de Terra au-delà de la production de sucre traditionnelle et les mesures prises pour atténuer l’impact des terres à l’abandon. En outre, il met en lumière la contribution de l’industrie sucrière à l’économie mauricienne et les perspectives à long terme pour le secteur.
Tendances positives sur le marché sucrier
Selon Sébastien Mamet, ces derniers mois ont été marqués par une tendance positive sur le marché sucrier à l’île Maurice. Le prix de vente à la tonne a augmenté et la rémunération pour la bagasse a également été favorable. Cette situation a eu un impact positif sur les résultats financiers de l’industrie sucrière. Cette tendance encourage Terra à maintenir son niveau d’investissement constant dans le Cane cluster et à poursuivre les investissements dans l’efficacité opérationnelle et les ressources humaines.
Gestion des terres à l’abandon
Sébastien Mamet reconnaît que l’abandon de terres a entraîné une production de sucre inférieure aux attentes. Pour y remédier, Terra s’engage à produire des sucres spéciaux à plus haute valeur ajoutée. De plus, le groupe travaille activement pour encourager les planteurs de la région à continuer à cultiver la canne à sucre.
Modèle d’économie circulaire et diversification des activités
Le groupe Terra se distingue par son modèle d’économie circulaire où chaque composant de la canne à sucre est utilisé de manière efficace. Les cannes sont transformées en sucre ; la paille est acheminée vers une centrale thermique ; la bagasse est également utilisée, et la mélasse est envoyée pour la production de rhum local. De plus, le pôle immobilier de Terra, Novaterra, gère le patrimoine foncier et développe des projets immobiliers, y compris la smart city de Beau-Plan.
Contribution à l’économie mauricienne
L’industrie sucrière de Terra joue un rôle crucial dans l’économie mauricienne en fournissant des emplois directs et en stimulant l’activité économique locale. Les activités sucrières contribuent également à l’aspect environnemental du pays, en adoptant des pratiques de «precision agriculture» pour réduire la consommation d’eau, d’engrais et de pesticides.
Collaborations pour renforcer la compétitivité
Terra collabore étroitement avec d’autres acteurs de l’industrie pour maintenir sa compétitivité sur la scène internationale. La coopération avec des organisations privées et publiques est essentielle pour assurer la pérennité du secteur.
Perspectives à long terme et campagne #YesWeKann
Malgré les défis, Sébastien Mamet reste optimiste quant à l’avenir de l’industrie sucrière à Maurice. Les priorités à long terme de Terra incluent des investissements dans le développement humain et technologique pour améliorer l’efficience et l’efficacité des opérations, tout en conservant leur agilité pour faire face aux changements économiques et écologiques.
La campagne #YesWeKann vise à sensibiliser les jeunes à l’industrie sucrière moderne et à montrer comment la digitalisation et la technologie sont devenues une norme dans ce secteur. Elle met également en lumière les impacts humains, économiques, technologiques et environnementaux de l’industrie sucrière.
En fin de compte, l’industrie sucrière de Maurice, telle que représentée par Terra, montre que l’innovation, la durabilité et la passion peuvent permettre de prospérer dans un secteur en constante évolution.
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