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Kronik-KC Ranzé
La clarté fait du bien !
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Kronik-KC Ranzé
La clarté fait du bien !

Je suppose que les frasques, dérapages, extravagances, abus, détournements et libertinages du précédent gouvernement vont assaisonner notre quotidien pour longtemps encore !?
Cependant, il faudra faire bien attention pour ne pas laisser cet amas de comportements déviants et inacceptables nous détourner des problèmes réels et des défis conséquents qui nous confrontent ! Pour sérieux que soient ces frasques (et s’il faut en prendre conscience et en tirer les conséquences, il faut, par-dessus tout, ne pas les reproduire !), nous aurions tort de soit, trop nous en gaver si nous sommes plutôt du côté des soixante (60) ou de trop nous en défendre, mordicus, si l’on penche plutôt du côté des zéros (0) !
Car, il y a du sérieux travail à faire par ailleurs qu’il ne faut pas oublier: les réseaux mortifères de la drogue à démanteler ; une éducation nationale à secouer et à réformer en profondeur ; des hôpitaux à rendre plus fonctionnels; un port à étendre et à remettre en mode plus productif ; des performances à l’exportation à améliorer rapidement ; le grand chantier de la productivité – lois du travail compris ; le système de pension nationale à revoir (retraite à 65 ans ? Targeting ?) ; des corps paraétatiques à normaliser, à discontinuer ou à rendre efficaces ; des gaspillages à terminer ; de la transparence à réinstaller partout y compris dans la publication de rapports et d’accords restés secrets jusqu’ici.
Il y a du boulot conséquent !
Ces derniers jours, nous aurons eu droit aux révélations de Ritish Ramful, ministre des Affaires étrangères sur divers scandales dans nos services diplomatiques. Je ne sais pas ce qui explique que le ministre ait gardé 100 % de discrétion sur le nom des ambassadeurs concernés, mais il y en a un qui, à Londres évacuait, dès 2019, la résidence du Haut-Commissaire pour ‘des travaux’ qui n’ont jamais eu lieu, ce qui fait que Rs 24,2 millions de loyer ont dû être payés pour le loger ailleurs; alors même qu’un flat appartenant au pays, qui était devenu disponible à Wimbledon (depuis quand ?), était boudé. Pire encore ! Un bâtiment construit pour Maurice à Addis Abeba, en Ethiopie, complété en 2022 au coût de Rs 238 millions n’a pas eu les faveurs de notre ambassadeur, pour qui il a fallu louer une maison pour Rs 8,4 millions jusqu’ici. Ajoutons à cela un appartement à Washington que l’on a décidé de vendre dès 2021, que l’on n’a toujours pas vendu en 2025, mais qui a coûté, depuis, Rs 10 millions en maintenance diverse et Rs 18 millions en loyer alternatif pour monsieur l’ambassadeur ; une résidence évacuée en 2017 à Paris pour des travaux de rénovation qui n’ont toujours pas été commencés, ainsi que des loyers alternatifs à Maputo et à Paris.
Cette désinvolture totale pour l’argent public, c’est proprement scandaleux. On va corriger ?
Je crois qu’il faut aussi poser une question fondamentale : notre pays opère, selon le site officiel du ministère, des missions diplomatiques dans… 21 pays. Au-delà de constater que l’on y nomme des copains et des amis, ce qui est déjà inadmissible, y a-t-il JAMAIS eu une tentative de faire un bilan des coûts consolidés et de l’utilité de chacune de ces ‘missions’ ? A la veille de la nomination de nouveaux ‘missionnaires’, saurons-nous, comme mesure économique salutaire, réduire le nombre de représentations diplomatiques (Berlin ? Malaisie ? Mozambique ? Pakistan ? Moscou ? Dubaï ? Egypte ? Suisse ?) et établir quelques modestes KPIs pour les ambassadeurs qui restent, au-delà de la consommation de cocktails et de dîners officiels ?
Autres frasques de la semaine, celles des Gooljaury ayant bénéficié des largesses de l’ex-MPCB et des générosités de la présente MauBank qui les héritait de la MPCB. On évoque Rs 1,6 milliard de prêts toxiques ayant été written off et la FCC évoque (le dossier est-il solide ?) du blanchiment d’argent sous la FIAMLA. Ce qui paraît tout à fait improbable et qui mérite explication c’est comment des activités et des compagnies ayant fait faillite pour Rs 1,6 milliard peuvent coexister avec d’autres opérations qui s’étendent et qui paraissent florissantes ? Le mystère reste entier et le public attend des réponses crédibles et transparentes.
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Le pont SAJ est-il responsable d’un niveau plus élevé d’embouteillage à l’entrée de Port-Louis ? Mais bien sûr ! C’était d’ailleurs un des buts déclarés de ce pont destiné à désengorger (un tant soit peu) le trafic de Coromandel et de Petite-Rivière vers l’autoroute M1. Ce qu’il faut, par contre, aussi clairement souligner c’est que s’il y a plus de véhicules déviés des routes de Coromandel et de Petite-Rivière, cela désengorge forcément ces mêmes routes, à moins que la M1 n’ait, via le pont SAJ, aussi transféré une partie équivalente des véhicules de la M1 vers Coromandel et Petite-Rivière…
Nous touchons enfin du doigt, le véritable problème. Le nom du pont est inconséquent. Ce pont est utile pour permettre aux automobilistes de rallier leurs destinations de manière plus fonctionnelle, mais ce pont (aussi parfois appelé viaduc quand on penche pour l’aristocratiser…) ne pouvait, en aucun cas, décongestionner les routes de manière nette. Tout au plus, comme beaucoup de nos projets routiers ces dernières années, déplaçait-on la congestion… ailleurs!
Car le problème fondamental reste simple et évident : Il y a BEAUCOUP TROP de véhicules sur nos routes et le problème s’AGGRAVE car même si l’on construit encore des routes, ça se fait à une cadence qui est inférieure à celle de la vente de véhicules importés ! Les faits sont connus : la densité des véhicules par kilomètre de route qui était de 59 en 1989 est passée à 209 en 2021 et 212 en 2022 !
Construisez autant de ponts, de bypass et d’autoponts que vous voulez, baptisez les du nom que vous souhaiterez, mais tant que l’on sera enclin à glorifier la vente des véhicules au point où ils seraient apparemment des indicateurs fiables de ‘boom économique’ (*), les embouteillages vont s’aggraver, qu’ils aient été déplacés en aval… ou en amont…
Il faudra malheureusement imposer le co-voiturage, introduire le péage ou plus taxer l’essence ou les voitures importées, si ce sont les embouteillages qui embêtent ! Mais le véritable problème en fin de compte, c’est que la plupart des gens préfèreront se concentrer sur le périphérique et l’accessoire et donc blâmer un pont ou un bypass ou un nom plutôt que d’avoir à SE sacrifier, à changer SES habitudes ou encore, à payer de SA poche….
D’ailleurs pour affronter le changement climatique, ce n’est pas bien différent !
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Il paraît que les importateurs mauriciens prônent l’utilisation de devises autres que le dollar, car cette dernière devise est rare dans le circuit bancaire. Ils croient que d’autres devises seront plus faciles à trouver ? Vraiment ?
Cette réflexion émerge sans doute dans le sillage de la dé-dollarisation prônée par les BRICS. Cependant, si le rand, le rouble, le Yuan, la roupie indienne ont une certaine convertibilité assurée par des courants commerciaux importants, même si parfois déséquilibrés (**), quel pays voudra accepter la roupie mauricienne pour nous envoyer les marchandises que nous voudrions acheter ? Aucun ! Comme l’aura compris un peu tard le fournisseur de pétrole de la STC en 2023…
Donc, il nous faudra continuer à commercer avec les devises convertibles d’autres pays et c’est là où commencent nos difficultés car le fait est que le flux de devises qui entrent dans le pays (généré par les exportations, le FDI, le tourisme…) est plus faible que le flux sortant (importations, fret, remboursements d’emprunts, frais universitaires…) par environ Rs 70 milliards par an. Ce ‘trou’ permanent depuis peu explique la rareté des devises sur le marché.
Si on y pense bien, les devises c’est un peu comme l’eau. S’il pleut plus que ce que nous consommons, compris les fuites et l’évaporation ; le réservoir va se remplir. Quand il ne pleut pas assez, le réservoir se dévide et l’eau devient rare et doit être rationnée.
La différence, c’est que pour les devises on peut, du moins pour un temps, (puisqu’il faudra éventuellement rembourser), emprunter pour renflouer le réservoir, c.-à-d. les réserves nationales de devises. Pour l’eau, pas d’emprunt possible ! A la place, des camions-citernes d’eau pour remplacer la tuyauterie, ce qui a le mérite d’éliminer les fuites de 62 % ! Mais aussi l’inconvénient de souligner à quel point nous sommes des arriérés, 10 longues années après la promesse renouvelée du 24/7 !
(*) Lexpress.mu l Hausse de 19,9 % en six mois
(**) En 2023 l’Inde importait pour $ 99,6 milliards de Chine et exportait pour $ 16,2 milliards.
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