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Annonce du Premier ministre
La classe syndicale souligne l’absence de consultation sur le rapport du PRB
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Annonce du Premier ministre
La classe syndicale souligne l’absence de consultation sur le rapport du PRB
Pour la GSEA, les réajustements du PRB ne doivent pas être confondus avec la relativité salariale.
L’annonce a surpris aussi bien la classe syndicale que les fonctionnaires. En effet, lors de l’inauguration du nouvel hôpital SAJ à Constance, le Premier ministre Pravind Jugnauth a déclaré que le rapport du Pay Research Bureau (PRB) serait dévoilé fin 2025. Il a précisé que les recommandations du rapport seraient applicables à partir de janvier de la même année, soit en janvier 2025. Il a même ajouté que le calcul du boni (13e mois) serait basé sur ce nouveau rapport, de quoi réjouir plus d’un. Cependant, la classe syndicale reste préoccupée, d’autant plus qu’à ce jour, aucune consultation n’a encore été entreprise entre les principaux syndicats et le bureau du PRB.
Pour Deepak Benydin, président de la Federation of Parastatal Bodies and Other Unions, ce manque de communication soulève plusieurs questions susceptibles de provoquer des malentendus. «Le conseil syndical a sollicité des rencontres avec les ministres concernés, sans succès. Que le Premier ministre ait choisi cet événement pour faire une telle annonce, c’est une chose, mais une réunion avec le mouvement syndical aurait été plus appropriée. Nous sommes le principal acteur concerné.» Certes, personne ne va se plaindre d’une hausse salariale via le PRB, surtout avec le coût de la vie qui ne cesse d’augmenter.
Toutefois, il déplore le temps que met le PRB à rendre son rapport public. «Je me souviens que, lorsque Xavier-Luc Duval était ministre des Finances, il n’avait fallu que trois ans pour que le rapport soit émis.» Quoi qu’il en soit, une hausse salariale ne peut que dynamiser le quotidien des fonctionnaires. Cependant, il revient sur les déclarations récentes du gouvernement. «On parlait de difficultés financières et qu’il serait dur d’octroyer plus de 5 % du salaire de base. Pourquoi mettre l’accent sur 2025 et qu’en est-il de 2024 ? Sur ce point, nous sommes quelque peu déçus qu’il n’y ait rien de prévu.»
De son côté, Narendranath Gopee, négociateur de la Federation of Civil Service and Other Unions (FCSOU) et président de la National Trade Union Confederation (NTUC), n’a pas mâché ses mots. «L’inauguration d’un hôpital, est-ce le lieu approprié pour évoquer ce rapport ? N’aurait-il pas été plus pertinent de se concentrer sur la santé et les défis associés à l’ouverture de cet hôpital ? Nous nous réjouissons de l’évolution du système de santé.» Il s’interroge cependant sur la certitude affichée par le Premier ministre lors de cette annonce. «Le PRB a toujours accumulé du retard dans la présentation de ses rapports. Ce fut le cas en 2013, 2016, et 2021. Alors, comment peut-on garantir que cela sera fait en décembre 2025 ? Y a-t-il un arrangement entre le bureau du Premier ministre et le PRB pour afficher une telle assurance ?»
Il souligne également que la majorité des syndicats de la fonction publique n’ont pas encore été consultés. «Il existe peut-être plus de 200 syndicats dans le service civil. À ce jour, aucune ligne de communication n’a encore été établie, et nous n’avons donc pas encore soumis nos propositions pour la finalisation de ce rapport. Il y a une montagne de travail qui attend ceux qui œuvrent au PRB. Nous souhaitons donc savoir du Premier ministre quel arrangement a été fait pour que le rapport puisse sortir en 2025.» En tout cas, il soutient que cette annonce laisse les fonctionnaires dans l’expectative. «On cherche à les amadouer. D’autant plus que beaucoup travaillent dans un environnement stressant et sous pression. Avec cette annonce de backpay, on se demande quel impact cela aura sur les finances du pays et surtout où l’on va trouver l’argent.»
Narendranath Gopee estime que cette déclaration aurait dû être faite ailleurs. «La dernière fois, il a été annoncé que ceux qui travaillent les dimanches seraient payés le double mais beaucoup n’ont toujours pas reçu leur dû, et c’est devenu un litige. Cette fois, le Premier ministre réalise-t-il l’ampleur de sa déclaration ? Peut-on parler d’ingérence directe dans une institution indépendante ?» Pour Haniff Peerun, président du Mauritius Labour Congress (MLC), c’est le manque de dialogue entre le PRB et les syndicalistes qui le fait réagir. «Le PRB n’a pas encore commencé les rencontres avec le mouvement syndical, seuls certains petits syndicats ont eu l’occasion de présenter leurs propositions.» Certes, pour les fonctionnaires, ce sera un progrès en termes de salaire. «Nous avions demandé que le rapport soit publié tous les trois ans au lieu de cinq, mais aujourd’hui, nous nous demandons quel mécanisme sera utilisé pour que cela puisse être réalisé en quatre ans.»
Cette affaire concerne tous les Mauriciens, soutient-il, car le PRB est financé par les fonds publics. «Les augmentations suite aux recommandations seront également prélevées sur ces fonds publics. À la veille d’une élection, chacun cherche à maximiser ses gains. Il ne faut pas oublier que le Premier ministre est un politicien, et son annonce a été faite en tant que leader du MSM, dans le but de séduire les fonctionnaires. Il a la liberté de le faire, mais il ne doit pas aller à l’encontre de la Constitution. Même l’opposition propose ses mesures à la veille des élections.» Quoi qu’il en soit, cet argent que les fonctionnaires recevront les aidera à faire face à la cherté de la vie, surtout avec la dévaluation des salaires. «Cela apportera un soulagement à court terme, mais il est également nécessaire de trouver des solutions à moyen et long termes.»
Il est à noter que les fonctionnaires percevront une allocation intérimaire de 5 % sur le Master Salary Scale, comme mentionné dans le rapport PRB de 2021. Cela équivaut à une augmentation de 5 % du salaire de base, avec un maximum de Rs 2 000 et un minimum de Rs 500. Cette hausse intérimaire prendra effet à compter du 1er juillet 2024, entraînant ainsi deux mois d’arriérés pour les mois de juillet et août. Le paiement sera effectué en septembre 2024.
Le PRB et la relativité salariale, ce n’est pas la même affaire»
La Government Services Employees Association (GSEA) est catégorique sur la question : les réajustements du PRB ne doivent pas être confondus avec la relativité salariale. C’est ce qu’a affirmé le président de l’association, Mohammad Iqbal Amiran. Certes, il se réjouit que le rapport du PRB soit prêt en décembre 2025 et appliqué dès janvier 2025. Cependant, il souligne que par rapport à la relativité salariale, il est essentiel que les autorités réexaminent les grilles salariales. «Une personne ayant dix ans d’expérience touche à peine Rs 100 de plus qu’un jeune débutant au même poste dans la même entreprise.» Il ajoute que l’association a élaboré un document sur la relativité salariale, qui pourrait être pris en compte. Il appelle donc les autorités à trouver rapidement une solution à ce problème. De plus, il souligne le manque criant de personnel au sein des ministères.
Le rapport sur l’ajustement des salaires entre les mains du SLO
Il ne reste plus que quelques jours avant que l’exercice de relativité salariale ne soit mis en œuvre. Annoncés lors d’une conférence de presse par les ministres du Travail et des Finances, les paiements doivent commencer dès le mois d’août. Cependant, les documents sont en cours de vérification au State Law Office (SLO). Une fois cette étape finalisée, ils seront publiés dans la «Government Gazette». Il est important de rappeler que les entreprises doivent se conformer à la loi en matière de rémunération, sous peine de poursuites en vertu de l’«Employment Relations Act» (ERA).
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