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Hippisme

La COIREC a-t-elle encore sa raison d’être ?

28 avril 2025, 13:30

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La COIREC a-t-elle encore sa raison d’être ?

■ Alors qu’elle est censée entretenir le Champ-de-Mars et ses alentours, la COIREC a failli lamentablement à sa tâche. Entre barrières fissurées et végétation sauvage, l’état actuel du plus vieil hippodrome de l’hémisphère sud fait vraiment peine à voir.

Pratiquement trois ans après sa création, le bilan de la Côte d’or International Racecourse and Entertainment Complex Ltd (COIREC) est plus que mitigé, à tel point qu’ils sont nombreux à questionner carrément son existence.

La COIREC, incorporée auprès du Registrar of Companies par le ministère des Finances, le 29 avril 2022, était initialement une société publique censée être un véritable game changer dans le monde de l’immobilier et des loisirs à Maurice. Ainsi, lors de l’examen en comité du Budget 2022-23, le Premier ministre d’alors, Pravind Jugnauth, avait révélé que la COIREC disposerait d’un terrain de 175 arpents à Côte-d’Or pour y installer des infrastructures pour la tenue de courses hippiques et autres activités de loisirs avec une enveloppe de Rs 30 millions prévue au Budget. Elle comptait développer un nouvel hippodrome, pas uniquement réservé aux courses mais aussi pour organiser des spectacles et carnavals réguliers.

🟦Côte-d’Or : un projet farfelu

En sus d’un hippodrome et du déve- loppement immobilier à Côte-d’Or, la COIREC s’était également vu confier le contrôle et la gestion du Champ-de-Mars par le ministère du Logement et des terres. Même s’il ne fait aucun doute qu’un nouvel hippodrome et de nouveaux investisseurs étrangers ne pouvaient qu’être bénéfiques pour l’industrie hippique et l’économie dans son ensemble, il faut noter qu’à l’époque déjà, plusieurs observateurs entretenaient des sérieux doutes sur la viabilité de ce projet. Ce choix avait fait sourciller plus d’un, car cette région très pluvieuse est inadaptée pour ce genre d’activités.

Dans un autre contexte, alors que l’industrie hippique était à genoux et que la plupart des écuries avaient du mal à joindre les deux bouts, on pouvait se demander comment les «éventuels organisateurs de course» allaient disposer d’un cheptel de chevaux suffisant pour organiser des courses sur trois différents hippodromes : Champ-de-Mars, Petit-Gamin, Côte-d’or.

Par ailleurs, le «timing» de l’incorporation de la COIREC avait suscité de nombreuses interrogations. Elle avait été enregistrée quelques jours seulement après que la mairie de Port-Louis avait décidé de résilier le bail du Mauritius Turf Club (MTC) sur le Champ-de-Mars. Cette décision, qui émanait du ministère des Collectivités locales et de la gestion des catastrophes et des risques, était la conséquence directe du refus du président du MTC d’alors, Jean-Michel Giraud, de signer les conditions relatives à l’obtention de sa licence d’organisateur de course, le 22 avril 2022.

On ne peut s’empêcher de penser que si Giraud avait accepté les conditions de sa licence, la mairie n’aurait de facto jamais enlevé le bail du MTC sur l’utilisation du Champ-de-Mars et que le gouvernement n’aurait jamais songé à créer la COIREC ! Quand on jette coup d’œil sur son bilan après trois années d’opération, il semble de plus en plus évident que sa création n’était au final qu’un subterfuge pour permettre à l’ancien régime d’accaparer le Champ-de-Mars au détriment du MTC, l’unique locataire depuis pratiquement deux siècles. Force est de constater, qu’à ce jour, le projet ambitieux d’hippodrome à Côte-d’Or est resté à l’état de promesses. On n’a également pas vu l’ombre d’un seul investisseur étranger disposé à investir dans le projet.

🟦Fiasco sur toute la ligne

Pire, la gestion du Champ-de-Mars par l’organisme public a été un véritable fiasco. À part quelques travaux superficiels à quelques endroits et le remplacement du câblage électrique autour de la piste pour améliorer l’éclairage l’année dernière, la COIREC n’a pas répondu aux attentes. Le Champ-de-Mars est un des plus vieux hippodromes au monde et son statut de patrimoine national exige qu’il soit traité plus dignement et bénéficie d’un entretien régulier et professionnel.

Pourtant sur son site officiel, la COIREC clame que «it is time to take the Champ de Mars to the next level and transform it into a high-quality family gathering area. (…) The Champ de Mars Racecourse would contribute to the greenery and natural beauty of the region by incorporating green areas and high-quality family zones». Que des belles paroles car en réalité, l’hippodrome laissé à l’abandon est devenu un véritable eyesore dans la capitale.

🟦Patrimoine délabré

Depuis la visite de Narendra Modi le 12 mars, on a l’impression que le Champ-de-Mars a été laissé à l’abandon. Alors que le MTC Jockey Club (MTCJC) abat un énorme travail pour rénover les grande et petite pistes, la végétation sauvage a envahi plusieurs endroits. L’état lamentable de l’hippodrome fait peine à voir: entre les barrières en béton fissurées, des débris entassés à plusieurs endroits, de mauvaises herbes qui profilèrent et des échoppes de marchands délabrées, le constat est désolant. Et dire qu’en sus des fonds publics la COIREC a encaissé Rs 250 000 pour chaque journée de courses des 24 organisées par la People’s Turf (PTP) l’année dernière !

Le MTCJC qui a obtenu l’exclusivité des deux pistes en novembre dernier, a repris le training matinal depuis trois semaines, mais vu un système d’éclairage défectueux, cet exercice ne peut débuter qu’à 6 heures du matin. Compte tenu des manquements flagrants de la COIREC, on peut se demander si le temps n’est pas venu pour le gouvernement de dissoudre cette entité – financée entièrement par l’argent des contribuables – et de restituer la totalité de la gestion du Champ-de-Mars au MTCJC. Il nous revient que le bureau du Premier ministre (PMO) ne serait pas insensible à la situation actuelle et que des développements importants seraient imminents dans ce dossier.

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