La Crime Intelligence Unit (CIU) du Nord, dirigée par le sergent Arnasala, fait l’objet d’une attention particulière sous l’administration du nouveau commissaire de police, Rampersad Sooroojbally, qui a pris ses fonctions, hier. Cette unité, créée sous l’ère de l’ancien CP, Anil Kumar Dip, comprend des Field Intelligence Officers et a souvent été au coeur de critiques pour ses méthodes d’opération controversées, certains la surnommant même «lekip extorsion» en raison des allégations d’extorsion et de corruption, qui la ciblent. Plusieurs membres de la CIU pourraient ainsi être amenés à répondre à des enquêtes, qui seront bientôt initiées pour élucider certaines affaires non résolues dans lesquelles cette équipe aurait été impliquée.

Parmi les affaires marquantes, il y a la perquisition controversée menée, le 15 juillet dernier, au domicile d’Iqbal Feroz Ramchurn, un planteur local. Selon la plainte déposée au poste de police de Piton, lors de cette opération, les policiers auraient emporté Rs 1,6 million sur les Rs 3,3 millions en espèces qu’il avait chez lui. Bien que la Financial Crimes Commission ait pris en charge l’enquête, aucun membre de la CIU n’a encore été inquiété.

Plusieurs témoins et victimes de cette unité avaient aussi dénoncé des pratiques de chantage et de corruption, certains policiers, surnommés «l’équipe extorsion», auraient monnayé leur silence en échange de sommes d’argent, permettant ainsi à des trafiquants présumés de poursuivre leurs activités illégales.

En novembre 2022, l’activiste Bruneau Laurette avait déjà dénoncé, dans un affidavit, l’existence d’un «système parallèle» dans lequel des trafiquants bénéficieraient de passe-droits. Les victimes évoquent des descentes chez des suspects de trafic de drogue, suivies de demandes d’argent pour éviter les poursuites judiciaires. Et des cas d’extorsion de rançons ont même été signalés.

Les agissements de cette unité ne se limiteraient pas aux trafiquants de drogue. Le décès tragique de Bhavesh Bandhoo, retrouvé inconscient et ensanglanté près d’une boîte de nuit à Grand-Baie, le 1er octobre 2023, figure aussi parmi les dossiers non résolus. La famille de la victime a toujours soupçonné une tentative de dissimulation impliquant une compagnie de sécurité privée appartenant à un membre de cette même CIU du Nord. Cette entreprise, enregistrée au nom de l’épouse de ce policier haut-gradé, opère avec une licence obtenue en 2022.

Le nouveau CP Sooroojbally semble déterminé à faire la lumière sur ces allégations et à exiger des comptes de ceux qui auraient abusé de leur autorité pour des gains personnels.