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PNQ sur les remplacements de conduits d’eau

La CWA n’a pas remis le rapport de Lalmahomed à son ministre de tutelle

3 juillet 2024, 17:00

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La CWA n’a pas remis le rapport de Lalmahomed à son ministre de tutelle

Depuis des semaines les tuyaux en PVC traînent sur le sol, comme à Riche-Terre.

Joe Lesjongard a paru mal à l’aise avec la CWA et Prakash Maunthrooa. Le ministre nous a appris cependant que l’organisme a dépensé des centaines millions de roupies sans donner de résultats.

Rs 5,3 milliards ont déjà été dépensées par la Central Water Authority (CWA) dont Rs 3,5 milliards rien que pour le Pipe Replacement Program entre 2015 et 2023, avec les résultats que l’on sait. Pour la période de juillet 2023 à juin 2024, le ministère de l’Energie et des services publics a prévu Rs 700 millions additionnelles et avait déjà déboursé Rs 350 millions à la CWA. Le 17 octobre 2023, indique Arvin Boolell, qui a déposé une copie de la lettre au Parlement hier, la CWA réclame le paiement des Rs 350 millions restantes car, écrit Prakash Maunthrooa, directeur général de la CWA, les travaux «évoluent à grande vitesse» et que Rs 612 millions y ont déjà été englouties. On ne sait pas d’où proviennent les Rs 262 millions.

C’est la démission de la Chief Internal Auditor, Yousra Lalmahomed, le 3 juin, qui provoque la polémique, et la Private Notice Question (PNQ) d’hier. Pourquoi a-telle démissionné ? Quel était le contenu de sa lettre de démission ? À cette dernière question, Joe Lesjongard a surpris tout le monde en déclarant que la CWA ne lui pas remis le rapport de l’auditrice, de janvier, ni, on le pense, la lettre de démission. Alors qu’Arvin Boolell avait le rapport en main ainsi que l’accord entre la CWA et son ministère de tutelle. Durant la conférence de presse de l’opposition juste après la PNQ, Arvin Boolell en citera des extraits. Comme les Rs 141 millions qui sont restées «unaccounted for». Boolell expliquera aussi comment Maunthrooa aurait courtcircuité son ministère de tutelle pour demander les Rs 350 millions au ministre des Finances qui les lui a remises. «Renganaden Padayachy devra répondre, d’autant qu’il a décaissé l’argent en ne tenant aucun compte du rapport de l’auditrice.» Il s’est basé sur un autre rapport de son ministère, en mars.

Audit : aucune enquête

Revenons à la PNQ. Y aura-t-il une enquête sur la démission de Yousra Lalma- homed ? Le ministre Lesjongard répond que oui sauf que cette enquête concernera les mauvais traitements qu’aurait subis l’auditrice. Mais aucune investigation n’aura lieu sur le contenu du rapport de l’auditrice. Par contre, une enquête est en route pour savoir com- ment la lettre de démission de Yousra Lalmahomed a atterri dans la presse.

Cependant, Lesjongard a bien voulu lire de larges extraits du rapport de l’Internal Control Unit des Finances, dans lesquels on peut juste retenir que *«l’on peut mieux faire»**. On sentait que le ministre ne voulait pas défendre Prakash Maunthrooa. D’ailleurs, Arvin Boolell et Patrick Assirvaden concluront lors de la conférence de presse que Joe Lesjon- gard n’a pas ménagé le directeur général.

Patrick Assirvaden a souligné que le montant consacré à ces travaux est en fait de Rs 900 millions. «Presque un milliard pour des tuyaux que l’on ne sait pas s’ils sont sous terre ou s’ils ont été revendus à d’autres contracteurs.» Il a parlé aussi du compte bancaire spécial qui devait être ouvert pour gérer ces centaines de millions de roupies reçues du gouvernement. «Or, l’argent a été mélangé à celui de la CWA, rendant la tâche de Yousra Lalmahomed ardue.» Concernant les Rs 141 millions, Assirvaden demande à Prakash Maunthrooa : «Qu’en a-t-on fait ? Les a-t-on utilisées pour acheter des voitures ?»


L’illusion de pertes d’eau dans les conduits

Le 20 juin, «l’express» expliquait comment l’«In-House Pipe Replacement Program» a été l’occasion de distribuer des contrats et n’employer que très peu de main-d’œuvre «In-House» dans le vaste projet de remplacement de 500 km de canalisations (tuyaux). Or, nous apprenons maintenant qu’outre l’allocation de contrats, ce projet servirait aussi à fournir l’eau à des complexes immobiliers tels que les smart cities et les hôtels.

Osman Mahomed disait d’ailleurs, le 12 juin, lors de son discours sur le Budget : «Pipe replacement is being done purely for pleasing smart city developers and in certain areas, even for wooing votes and not to replace the real tuyau percé. The cover-up is compounded by the instance of a young lady public officer (NdlR: Yousra Lalmahomed) being compelled to resign precisely because of issues related to the very in-house pipe replacement programme at the CWA.»

Faux calculs, vrais contrats

D’abord, pourquoi la CWA a-t-elle décidé de remplacer les 500 km de canalisations? Des études avaient-elles été effectuées au préalable et les outils nécessaires ont-ils été mis à disposition pour déceler des fuites ? Non, la CWA s’est basée sur une étude plutôt comptable pour conclure à une perte de 60% de revenus pour la CWA. Et lors de son point de presse du 7 mai, Prakash Maunthrooa confirmait que ces 60% de «Non-Revenu Water» (NRW) proviennent de fuites dans les tuyaux. En fait, apprenons-nous d’un rapport provenant de la CWA elle-même, le calcul est fait en comparant le volume d’eau quittant les stations de traitement et celui pour lequel la CWA est payée. Il n’y a aucune étude concrète pour quantifier les fuites des «tuyaux percés».

Il y a bien une étude attendue de la «Climate Resilient Infrastructure Development Facility» et qui devait rendre ses conclusions en mars 2024, comme le promettait Joe Lesjongard au Parlement le 7 novembre 2023 : «With the assistance of the British High Commission, my Ministry has enlisted the services of experts from the Climate Resilient Infrastructure Development Facility who are currently carrying out a detailed assessment of Non-Revenue Water in the water supply zone north and east, initially. The project is expected to be completed by March 2024 and the same assessment will be replicated in the other zones.» Le 16 juin dernier, un responsable de la CWA nous répondait : «Nous, nous n’avons pas le temps d’attendre pour commencer le ‘Pipe Replacement Program’.» Il était pressé tant que cela ? En même temps, le haut-commissariat britannique nous faisait cette réponse : «We wish to confirm that the study was completed as planned.» Nous avons demandé plus d’informations aux Anglais, par exemple, la date à laquelle l’étude a été complétée et soumise aux autorités. Nous sommes en attente de la réponse. Le 29 novembre 2022, le même Lesjongard annonçait que «the Central Water Authority has acquired other equipment that is, water leakage detection equipment to measure water leakages and also that we are embarking on a telemetry system for the Central Water Authority». Toujours le 16 juin, le même responsable de la CWA nous avouait que cela n’a pas été fait. Sur quoi donc la CWA s’est-elle basée pour conclure à la perte d’eau dans les conduits ? Réponse d’un ancien directeur: «Sur rien. On a juste utilisé ce prétexte pour accorder des contrats.» Les conduits prétendument abîmés sont laissés pour la plupart sous terre. Ce prétexte de 60% de pertes a-t-il servi à lancer un gros programme de remplacement de tuyaux pour rien ?

50 % des compteurs défectueux !

Le député travailliste Osman Mahomed avait lui aussi une question sur la CWA, plus précisément sur une étude que devait entreprendre la «Climate Resilient Infrastructure Development Facility» de l’Angleterre sur les pertes d’eau sur le réseau. C’est Joe Lesjongard lui-même qui avait annoncé, le 7 novembre 2023 au Parlement, que l’étude devrait se terminer fin mars 2024. Ce que l’on peut retenir de la réponse du ministre, c’est que les experts anglais ont souligné que beaucoup de «Bulk Water Meters» – ces compteurs qui sont placés dans les réservoirs et les stations de traitement – sont défectueux. Mais alors, lui a demandé Osman Mahomed, «comment la CWA a-t-elle pu connaître le taux de perte d’eau, soit la ‘Non-Revenu Water’?» Réponse fuyante de Lesjongard: «Pas tous les compteurs qui sont défectueux.» Selon un document de la CWA elle-même, des doutes sont émisquant à la fiabilité de ces compteurs. «At this moment of time, out of 666 Production/DMA meters surveyed, 50% of them are in working conditions.»

Concernant le tableau de NRW par région, l’ingénieur de la CWA souligne que «Table 1 above is only an estimated level of NRW at this moment of time». Pourtant, Prakash Maunthrooa, lui, était convaincu de son chiffre de 60% de pertes d’eau dans le réseau. À noter que l’ingénieur de la CWA qui avait fait cette étude de NRW a été transféré à la CWA de Rose-Belle.