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Disparition
La dame de fer du Coin Idéal n’est plus
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Disparition
La dame de fer du Coin Idéal n’est plus
David à g. avec Laurent et Yannick, à dr. qui entourent leurs parents, prendront la relève du célèbre restaurant
Yannick, David et Laurent Foong Lim Ng Cheong Pun, les trois fils de Sin Tow, 69 ans, plus connue comme Madame Roger, propriétaire du restaurant Coin Idéal à Rose-Hill, prendront la relève de leur mère récemment décédée. Ils essaieront de garder les valeurs qu’elle appliquait et qu’elle a su leur transmettre. Son autopsie pratiquée, le mardi 28 novembre, par le Dr Sudesh Kumar Gungadin, médecin légiste, a révélé qu’elle est décédée d’une subcranial hemorrhage.
Alors que les policiers de la Central Investigation Division de RoseHill soupçonnent que Madame Roger, ainsi que son époux, Roger Foong Lim Ng Cheong Pun, ont été victimes d’un vol avec violence, le dimanche 19 novembre, leurs proches ne valident pas cette hypothèse, préférant penser que Madame Roger a fait une lourde chute, qui lui aurait donné des ecchymoses sur le bas-ventre, la hanche droite et une blessure sur le côté droit de la tête.
Nous nous sommes entretenus avec son fils aîné Yannick, qui explique qu’il y a une enquête en cours et qu’il laisse la police faire son travail. «Je ne privilégie pas la thèse du vol car j’estime que s’il y avait eu des voleurs, ils auraient tout emporté dans la maison mais ce n’est pas le cas. La seule chose qui clochait c’est le trousseau de clés de ma mère qu’on ne retrouvait pas. Il se peut qu’elle l’ait déposé quelque part et qu’il se soit égaré.»
Il nous explique le cours des évènements, dimanche. Ce jour-là, Yannick a remis à son frère la clé de sa moto et celui-ci s’est rendu chez ses parents. Vers 19 h 40, son frère l’a appelé pour lui dire que leurs deux parents ont fait une chute. Comme Yannick était occupé, il a demandé à son oncle de se rendre chez ses parents pour voir ce qui s’était produit. Alors que le frère de Yannick croyait que sa mère se reposait, l’oncle a déclaré que son état de santé était grave et qu’il fallait l’emmener en clinique.
Vers 21 h 20, lorsque Yannick est arrivé chez lui, il a remarqué que sa mère était allongée sur le canapé et semblait dormir et que son père était dans sa chambre à l’étage. Il a conduit sa mère à la clinique où elle a reçu un traitement médical. Cependant, en raison de la gravité de son état, l’établissement a préféré la transférer à l’hôpital SSRN, où elle a été admise en soins intensifs car elle était dans le coma. «C’est tôt mardi matin que ma mère nous a quittés.»
Main de fer dans un gant de velours
Yannick nous dit que sa famille est de la quatrième génération de Chinois venus à Maurice pour préserver la cuisine chinoise, ainsi que le restaurant Coin Idéal. «Toute la famille de mon père a émigré au Canada et il n’y a que mon père, Roger, qui a voulu conserver le business familial, comme mon grand-père maternel l’avait fait avec son restaurant France à Bell-Village. Cela n’a pas été difficile pour ma mère de gérer le restaurant car elle en avait fait l’expérience avec son père des années plus tôt.»
Yannick explique que sa mère était le pilier du restaurant Coin Idéal. «Malgré son âge, elle a toujours bossé dur et avait un caractère bien trempé comme la Dame de fer Margaret Thatcher.Elle était petite mais elle avait une force de caractère et savait être sévère et stricte quand il le fallait. Elle n’avait peur de personne. Ses clients la respectaient. Souvent, elle les grondait pour des bêtises commises. Mais ils avaient beaucoup de respect pour elle.»
Mme Roger a toujours été là pour épauler son époux dans la gestion du restaurant. «Notre père a travaillé pendant 40 ans dans le restaurant. Elle était son soutien inconditionnel. Cela fait plus d’une quinzaine d’années que mon père a présenté des symptômes de la maladie de Parkinson et celle d’Alzheimer. Elle a donc repris les rênes du restaurant.»
Quand son père Roger était aux commandes, il avait un cuisinier chinois et un aide cuisinier mauricien. «Quand mon père est tombé malade, elle s’est mise aux fourneaux et faisait de bons mines frits, bouillis et riz frits à sa façon. Ma mère n’a jamais voulu moderniser sa cuisine avec des friteuses. Elle a toujours préféré utiliser les karay chinois.»
Maintenant que Madame Roger n’est plus, ce sont ses trois fils qui reprendront le flambeau. «Nous essaierons de garder ses valeurs et de les appliquer comme elle le faisait. J’ai repris le flambeau, il y a un an, car auparavant j’étais dans les assurances. En tant que gérant, je veille au bon déroulement du restaurant, gérant les finances et les stocks.»
Son frère David a appris l’art de cuisiner avec leur mère. «Nous n’allons pas chercher un cuisinier chinois car David a capté tous les secrets de la cuisine chinoise qui lui ont été transmis par notre mère.»
Un restaurant vieux de 120 ans
Le restaurant Coin Idéal est doté d’un toit en bois de couleur orange, recouvert de tuiles jaunes de chaque côté. «Le sol a été réalisé à partir de pierres de taille. Nous n’avons jamais rien changé à la structure initiale car nous avons voulu garder le cachet d’antan et ainsi conserver notre patrimoine.»
À midi, le restaurant est ouvert pour le déjeuner et le soir, il se transforme en taverne. «Nous avons des clients de tout type. Le matin, notre mère gérait la clientèle avec beaucoup de facilité mais en soirée, le lieu se transformait en taverne où des hommes venaient boire.»
Il ajoute qu’avec le caractère bien trempé de sa mère, personne, même celui qui avait bu un verre de trop, n’osait élever la voix et déclencher une bagarre. «Ma mère était petite mais elle rappelait à l’ordre les clients qui essayaient parfois de faire du désordre. Elle élevait la voix pour ramener le calme et tout monde se taisait.Ce n’est pas pour autant qu’ils ne revenaient pas. Ils revenaient car ils la respectaient.»
D’ailleurs, pour sa veillée mortuaire, ses clients sont venus en grand nombre lui rendre un dernier hommage. «Malgre zot ti pe gagn krie nou mama ti ena enn gran leker.»
En soirée, les «papillons de nuit» sont nombreux à venir se pavaner devant le restaurant car ils savent où se trouve l’argent. Ils jettent leur dévolu sur ceux qui sortent des casinos situés non loin du restaurant.
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