Publicité

Le pont Fropier

La dépossession silencieuse de notre patrimoine

11 janvier 2025, 16:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

La dépossession silencieuse de notre patrimoine

Récemment, le pont Fropier, ce lien historique jouxtant le Jardin des Pamplemousses, a été rénové. Pourtant, à la faveur de cette modernisation, un trésor inestimable a disparu : les pierres volcaniques noires, ces anciennes pierres taillées à la main, témoins de plus de trois siècles d’histoire, se sont volatilisées. Pas une explication, pas un regret. Ces pierres, ces œuvres de maçons du passé, sont aujourd’hui introuvables. Où sont-elles passées ? Pourquoi ce silence ?

Nous sommes en train de perdre, pièce par pièce, l’âme de notre île. Ce n’est pas la première fois que cela arrive. Souvenons-nous de la grille en fer forgé des Casernes, un chef-d’œuvre d’artisanat disparu sans laisser de trace. Une œuvre si imposante qu’elle ne peut être déplacée en cachette, et pourtant, elle s’est évaporée. L’île Maurice est petite : comment ces trésors peuvent-ils disparaître sous nos yeux ?

Un jardin pillé, une île défigurée. Le Jardin des Pamplemousses, jadis le joyau de notre patrimoine, s’effondre sous le poids de l’indifférence. On y vole les tortues, autrefois symboles de sagesse et de longévité. On y déracine le bois de santal, dont le parfum enchanteur faisait la fierté des lieux. Les canards qui flottaient paisiblement sur les étangs ? Vendus comme vulgaires marchandises. On vole tout ce qu’on peut ! Et que dire du château de Mon Plaisir, démembré sans scrupules ? Son plancher, témoin de siècles d’histoire, a été arraché pour disparaître on ne sait où.

Sur les photos d’archives, on peut aussi encore voir l’étendue du jardin d’antan. Aujourd’hui, sa superficie s’amenuise, rongée par des intérêts privés. Et les vautours rôdent toujours. Ces prédateurs immobiliers attendent leur heure, prêts à s’emparer de portions du jardin pour en faire de nouveaux projets lucratifs, au détriment de ce sanctuaire historique. Chaque mètre carré est convoité, chaque arbre menace d’être remplacé par du béton. Agissez avant qu’il ne soit trop tard.

Le pont Fropier et ses anciennes pierres taillées ne sont qu’un exemple de cette dépossession. Ces pierres, si elles ne sont pas déjà revendues ou détournées pour des constructions illégales, risquent de disparaître pour toujours. Et nous ? Nous observons en silence, complices malgré nous. Il est temps de dire non. Non à la destruction de notre histoire. Non à l’inaction. Nous devons poser les questions qui dérangent : Où sont les pierres du pont Fropier ? Qui a autorisé leur disparition ? Pourquoi personne ne surveille le patrimoine national ?

pont 3.JPG

Interpellons nos parlementaires. Demandons des comptes aux autorités et aux entrepreneurs. Engageons-nous pour que notre héritage ne finisse pas dans les ruines du silence et de l’indifférence. Chaque pierre volée, chaque grille disparue, chaque planche arrachée est une partie de notre âme collective qui s’efface. L’île Maurice est petite, mais sa mémoire est immense. Si nous la laissons disparaître, que restera-t-il pour raconter notre histoire aux générations futures ?

Laissez-moi vous dire une chose. Cette indifférence me ronge. Elle me hante, elle m’effraie. Chaque jour, je supplie pour que vous ouvriez les yeux. Chaque jour, je m’accroche à l’espoir que quelque chose, quelqu’un, bougera enfin. Mais le silence, ce silence, est assourdissant.

Mais je ne suis qu’un homme. Et je suis fatigué. Un jour viendra, plus tôt que vous ne le croyez, où je ne dirai plus rien. Où je cesserai de me battre pour ce qui vous appartient autant qu’à moi. Ce jour-là, je partirai. Sans un mot, sans un regard en arrière. Et alors, vous serez seuls. Livrés à ce monde que vous avez laissé s’effondrer. Vous devrez affronter le vide, la perte, les regrets. Mais ce sera trop tard. Les pierres auront disparu. Les grilles ne reviendront pas. Les tortues, les canards, les arbres, le jardin… tout ne sera plus qu’un souvenir effacé, remplacé par le béton et l’oubli.

Alors, je vous le demande : que choisirez-vous ? Agir maintenant ou pleurer plus tard sur les ruines d’un héritage que vous avez laissé mourir ? Mais en attendant, je vous implore : réveillez-vous. Agissez avant qu’il ne soit trop tard.

Rejoignez-nous sur la page Facebook «Le jardin de Pierre Poivre 1719-1786»

Publicité