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Policiers disparus en mer à Poudre-d’Or

La famille Moorghen loue une embarcation et se joint aux recherches officielles

1 juin 2024, 14:00

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La famille Moorghen loue une embarcation et se joint aux recherches officielles

L’opération de recherche en vue de retrouver les deux policiers disparus à la passe St-Géran, au large de Poudre-d’Or, depuis le lundi 27 mai, est toujours en cours. L’enquête est menée par les garde-côtes de Poudre-d'Or, en collaboration avec les policiers de la Central Investigation Division (CID) de la Division Nord. Hier, la famille du constable Parkiyaren Moorghen, toujours introuvable, s’est jointe aux recherches officielles en louant une embarcation. La famille Moorghen et celle du constable Vimal Sunnassy, autre disparu, vivent dans l’angoisse depuis lundi.

«Que Parkiyaren soit mort ou vivant, nous devons être fixés. C’est pour cette raison que nous nous sommes joints à l’opération de recherche. Si jamais mon neveu a péri noyé, nous devons faire les rites funéraires pour lui», déclare l’oncle du disparu, Ramen Moorghen.

7.jpg Parkiyaren Moorghen et Vimal Sunnassy.

C’est vers les 13 heures, hier, que la famille Moorghen est arrivée à Bain-de-Rosnay, non loin de Poudre-d’Or Village. Elle y a loué un bateau ayant pour nom Dieu Donne afin de prêter mainforte aux éléments de la National Coast Guard de Poudre-d’Or et tenter de retrouver Parkiyaren, 32 ans. Cet habitant de Goodlands était affecté au Piton Detention Centre. La famille de Vimal Sunnassy était aussi sur place pour soutenir les Moorghen dans sa quête de vérité. «La famille Moorghen est comme nous, désespérée. Nous sommes venus leur apporter notre soutien», raconte Parmund Sunnassy, l’oncle de la victime.

1.jpg Première sortie de deux garde-côtes en Zodiac, hier matin.!

Un peu plus tôt, vers les 11 heures, deux garde-côtes à bord d’un Zodiac ont effectué une sortie du côté du village de Poudre-d’Or. Mais celle-ci n’a rien donné. À Bain-de-Rosnay, c’est une équipe d’une dizaine de garde-côtes, qui ont monté une opération. Ils étaient suivis par le bateau Dieu Donne à bord duquel trois membres de la famille Moorghen avaient pris place. Ceux-là avaient le coeur gros, trouvant l’attente longue et pénible. «Nous devons en avoir le coeur net», insistent-ils. Selon une source de la National Coast Guard, les recherches vont continuer pendant encore une semaine. «Si nous recevons l’ordre de multiplier et prolonger les sorties, nous le ferons», indique notre interlocuteur.

Uploading 2.jpg… «Dieu Donne», le bateau loué par la famille Moorghen dont trois membres ont pris place à bord.

Ce drame s’est joué le 27 mai, vers 21 heures, à la passe St-Géran à Poudre d’Or. Quatre policiers dont les deux disparus et deux de leurs collègues amis, âgés de 40 ans et de 34 ans, étaient sortis pêcher lorsqu’ils ont chaviré. Alertés, les garde-côtes de Poudre-d’Or sont arrivés sur place et ont secouru les policiers de 40 et 34 ans mais n’ont pu retracer Parkiyaren Moorghen et Vimal Sunnassy. En secourant les naufragés, les garde-côtes ont été légèrement blessés et ont été conduits à l’hôpital SSRN où ils ont été admis. Leur état de santé est stable. Depuis ce naufrage, les garde-côtes et les policiers de l’Emergency Response Service, de la CID de la Division Nord, participent aux recherches.

3.jpg Deuxième sortie des éléments de la National Coast Guard.

Le lendemain du naufrage, le policier de 40 ans a été interrogé. Il a déclaré que le lundi 27 mai vers 18 h 15, lui, ainsi que ses trois amis, ont quitté Pointe-des-Lascars à bord d’un bateau appartenant au policier de 34 ans car ils voulaient aller pêcher. Vers 20 h 30, lorsqu’ils sont arrivés près de la passe St-Géran, le policier Moorghen est accidentellement tombé dans l’eau et son collègue de 40 ans l’y a rejoint pour tenter de le secourir mais en raison du vent très fort et des courants, ils ont tous deux été emportés en haute mer. Le policier de 34 ans qui dirigeait le bateau, a réussi à négocier un passage pour les secourir. Malheureusement, ils n’ont pu regagner le lagon par cette passe en raison de la mer très agitée. Dans une tentative d’y parvenir, le bateau a été submergé et ses quatre occupants se sont retrouvés une fois de plus à la mer et ont dérivé loin des récifs. Deux d’entre eux, les survivants, ont réussi à regagner le lagon non sans peine où ils ont été secourus par les garde-côtes.

Le 28 mai, les enquêteurs ont également pris la déposition du policier propriétaire du bateau. Sa pirogue a été récupérée par les garde-côtes et remorquée jusqu’à Bain-de-Rosnay avant d’être remorquée par un camion jusqu’au poste du National Coast Guard à Poudre-D’Or et conservée sur place comme pièce à conviction.


Ramen Moorghen: «Mon neveu est mon bras droit»

6.jpg Les deux oncles de Parkiyaren Moorghen dont Ramen qui est à droite.

Ramen Moorghen n’a que des éloges pour son neveu Parkiyaren. «Je lui donnais un coup main pour la construction de sa maison à Mont-Goût. C’était un jeune ambitieux. Il est le fils de mon défunt frère et comme je n’ai pas d’enfant, il était tout pour moi. Nous sommes devenus proches. C’est un battant. Je l’ai toujours encouragé à aller loin dans la vie.» Il indique que cette incertitude sur le devenir de son neveu angoisse et attriste la famille. «Si linn ale, nou pa pou kapav lager kont sa. Simpleman ki Bondie retourn so lekor pou nou kapav fer tou bann rites funerer», a-t-il ajouté. Il ajoute que bien que son neveu soit un bon nageur, il ne comprend pas comment celui-ci a pu accepter de sortir en mer pour une partie de pêche par un temps si mauvais. «C’est son épouse, qui nous a informés qu’il était parti pêcher.»

Parmund Sunnassy: «Nous attendons la venue de sa soeur qui vit en Australie»

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Selon Parmund Sunnassy, l’oncle de Vimal, ce dernier projetait de se trouver une gentille fille pour l’épouser. Il avait d’ailleurs commencé à construire sa maison. «Li ti pe rode enn bon tifi pou li marie lane prosenn. Nous l’encouragions toujours à faire des progrès dans la vie. Il voulait voyager et se rendre en Australie où vit sa soeur. Son père rendait visite à sa fille et a dû écourter son séjour et regagner Maurice lorsqu’il a été informé du drame. Nous attendons maintenant la venue de sa soeur d’Australie.» Il ajoute que Vimal suivait des cours de life saving.

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Un pêcheur évoque le danger de la passe St-Géran par mauvais temps

Selon un pécheur rencontré sur place, la passe St-Géran est la plus grande passe de cette côte et par mauvais temps, «ses courants ont tendance à vous entraîner hors du lagon.» Il n’est pas très optimiste au niveau des recherches. «En principe les bateaux qui empruntent cette passe par mauvais temps ne reviennent pas. Et si une personne tombe à la mer, elle n’en ressort pas vivante. Cette passe attire les pêcheurs car les poissons y sont nombreux. Il faut faire attention lorsque l’on y pêche à la ligne car on peut tomber dans l’eau. Et les requins et les thazards veillent au grain…»

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Le remorqueur Sir Gaëtan a échoué presque au même endroit

C’est pratiquement au même endroit, au large de Poudre-d’Or, que le remorqueur Sir Gaëtan a fait naufrage, le 31 août 2020, la mer happant son capitaine, Moswadeck Bheenick, 55 ans. Le 7 décembre 2020, après d’intenses recherches, il a été déclaré mort par le juge Nicholas Oh San-Bellepeau après que son épouse a fait une demande de déclaration judiciaire de décès. Le remorqueur Sir Gaëtan, propriété de la Mauritius Ports Authority, a pris l’eau lorsque la barge qu’il remorquait l’a percuté et a brisé une partie de sa coque. Seuls quatre membres d’équipage sur huit ont pu être secourus et conduits à l’hôpital. Trois corps ont été repêchés mais jamais celui du capitaine.