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Encadrement de fin de vie
La France avance, Maurice reste en silence
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Encadrement de fin de vie
La France avance, Maurice reste en silence

(Photo d'illustration)
Alors que la France vient de franchir un cap historique avec l’adoption, la semaine dernière, à l’Assemblée nationale d’une loi encadrant l’aide à mourir, le débat reste encore tabou à Maurice. Le vote du 27 mai – 305 voix pour, 199 contre – marque un tournant dans l’approche de la fin de vie en Europe. Une Mauricienne résidant en Suisse a récemment choisi de mettre fin à ses souffrances liées à un cancer incurable. Ce choix aurait été juridiquement impossible dans son pays d’origine. Une source au ministère de la Santé confie qu’une telle loi n’est pas à l’ordre du jour.
«À Maurice, la loi pénale assimile toujours toute assistance au suicide à un acte criminel», souligne un juriste. Selon lui, «les lois mauriciennes, héritées en partie du droit français napoléonien, ne distinguent pas un suicide assisté compassionnel et un acte criminel». Toute personne qui aide quelqu’un à mettre fin à ses jours s’expose à des poursuites.
Aucune disposition légale ne permet aujourd’hui un encadrement digne de la fin de vie. Les soins palliatifs existent, mais sont inégalement répartis, mal financés et largement méconnus du public.«Nous manquons d’un cadre juridique pour encadrer la souffrance terminale et d’un débat sociétal pour réfléchir à notre propre dignité dans la mort.»
À l’heure où plusieurs pays révisent leurs lois pour mieux concilier liberté individuelle et accompagnement médicalisé, Maurice reste figée dans une position défensive. Pourtant, la société évolue. Les familles sont confrontées à ces dilemmes, souvent dans le silence, parfois dans l’illégalité.
La loi française pourrait-elle inspirer une réforme mauricienne ? Ce n’est pas une question de copier la France. C’est une question de justice, de compassion… et de courage politique.
Que dit la nouvelle loi ?
La proposition de loi adoptée le 27 mai 2025 par l’Assemblée nationale française encadre strictement le droit à l’aide à mourir. Ce droit ne s’applique qu’à certaines conditions bien précises, afin d’éviter les dérives tout en respectant l’autonomie du patient. Le texte prévoit que seules les personnes majeures, résidant de manière stable en France, atteintes d’une affection grave et incurable, peuvent demander une aide à mourir. Il faut que la maladie présente un pronostic vital engagé à court ou moyen terme, ou provoque des souffrances physiques ou psychologiques réfractaires aux traitements existants. La demande doit être formulée de manière libre, éclairée et répétée, par écrit. Elle est soumise à l’avis d’un collège médical composé du médecin traitant et de deux confrères, dont au moins un spécialiste de la pathologie concernée. Le patient peut choisir entre l’auto-administration (par voie orale ou intraveineuse) ou une administration par un professionnel de santé si son état ne lui permet pas de s’administrer lui-même la substance. Un délai de réflexion de minimum 48 heures est imposé entre la validation de la demande et l’acte. Ce cadre vise à concilier liberté individuelle, protection des plus vulnérables et accompagnement digne de la fin de vie.
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