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Madagascar
La justice reporte la présidentielle d'une semaine
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La justice reporte la présidentielle d'une semaine
Le premier tour de l'élection présidentielle à Madagascar, initialement prévu le 9 novembre, a été reporté d'une semaine suite à la blessure d'un candidat lors d'une manifestation de l'opposition, a annoncé jeudi la Haute cour constitutionnelle.
«La Haute Cour Constitutionnelle, en vertu de son pouvoir de régulation, ordonne le report du premier tour de l'élection présidentielle au 16 novembre», a prononcé la plus haute juridiction de la grande île de l'océan Indien dans une décision publiée sur son site internet.
Le second tour du scrutin est maintenu au 20 décembre mais la campagne électorale, qui a officiellement débuté lundi, est prolongée d'une semaine.
L'élection, à laquelle le président sortant Andry Rajoelina est candidat, se prépare depuis plusieurs semaines dans un climat qui ne cesse de se dégrader. Le chef d'Etat sortant a dénoncé publiquement «une crise créée de toutes pièces».
L'opposition dénonce une machination du pouvoir pour favoriser Rajoelina. L'Union européenne et les Etats-Unis ont affirmé le mois dernier suivre avec «la plus grande vigilance» la préparation du scrutin. Au total, treize aspirants à la fonction suprême sont en lice.
La majorité de ceux qui s'opposeront à M. Rajoelina dans les urnes, rassemblés dans une alliance de convenance baptisée le «collectif des onze» mais qui se présentent individuellement au scrutin, ont appelé quasi quotidiennement à manifester depuis le début du mois.
Ces rassemblements, réunissant généralement quelques centaines de soutiens, ont été empêchés par les forces de l'ordre faisant usage de gaz lacrymogènes.
«Egalité de chance»
Le 2 octobre, le candidat Andry Raobelina a été blessé au visage par un éclat de grenade lacrymogène, aux abords de la place du 13 Mai à Antananarivo, théâtre des contestations politiques de Madagascar. Il est actuellement soigné sur l'île voisine de Maurice.
Il avait demandé un report du scrutin pour «cas de force majeure». La justice a rejeté sa requête, estimant que rien n'empêche «l'équipe de campagne de chaque candidat de procéder à la campagne électorale même en l'absence du candidat».
La Cour a également souligné que M. Raobelina s'était «délibérément exposé à un risque certain» car «un risque de blessures lors des opérations de dispersions des manifestants par les éléments des forces de l'ordre était prévisible».
La haute juridiction a toutefois mis en avant «la liberté, la sincérité du vote et l'égalité de chance des candidats» comme conditions inconditionnelles pour des élections «justes, transparentes et apaisées».
Le report de l'élection doit être entériné par un décret du gouvernement, qui se réunit en conseil mercredi.
Andry Rajoelina, 49 ans, avait accédé au pouvoir en 2009 à la faveur d'une mutinerie chassant Marc Ravalomanana. Sous pression de la communauté internationale, il avait renoncé à se présenter en 2013 mais avait été élu ensuite en 2018.
Le mois dernier, dix candidats de l'opposition ont dénoncé «un coup d'Etat institutionnel» orchestré par le pouvoir: la Haute cour constitutionnelle avait rejeté trois recours réclamant l'invalidation de la candidature de Rajoelina «pour défaut de nationalité malgache».
Fin juin, des informations de presse avaient révélé qu'il avait été naturalisé français en catimini en 2014.
La Cour a par ailleurs désigné un gouvernement d'intérim dirigé par le Premier ministre Christian Ntsay, proche de Rajoelina. Conformément à la Constitution en période électorale, le président a cessé d'exercer le pouvoir un mois avant le scrutin. L'intérim devait normalement être assuré par le président du Sénat, qui a décliné pour «raisons personnelles».
Herimanana Razafimahefa a annoncé cette semaine revenir sur sa décision et avoir fait l'objet de «pressions» pour se retirer. Mais les sénateurs rassemblés jeudi en session extraordinaire ont voté à la majorité pour sa destitution du poste de président du Sénat.
La veille, les sénateurs appartenant au camp d'Andry Rajoelina avaient réclamé des mesures contre M. Razafimahefa, mettant en doute son «état de santé mentale».
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