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Santé publique
La lenteur administrative, un défi à surmonter
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La lenteur administrative, un défi à surmonter
Le cas de Fateemah Noor Dogansoy, amputée de la jambe droite après un accident survenu le 23 novembre au centre commercial Grand-Baie La Croisette, illustre la mobilisation des parties prenantes, y compris le nouveau ministre de la Santé, Anil Bachoo, pour garantir un accès rapide aux soins médicaux essentiels. Admise à l’hôpital SIMS à Chennai, Fateemah Dogansoy a subi hier une intervention chirurgicale cruciale pour sauver son autre jambe. Bien que la situation reste urgente et exceptionnelle, «nous devons en tirer des leçons et apporter des changements majeurs pour réduire les délais de prise en charge dans d’autres cas similaires», affirme le Dr Meetheelesh Abeeluck, président de la Government Medical and Dental Officers Association.
Le Dr Abeeluck propose la mise en place d’un fast track committee au niveau du ministère de la Santé, accompagné d’un liaison officer, pour améliorer la gestion des interventions médicales. Il souligne que «le retard dans le traitement des dossiers découle également de complexités à différents niveaux». Parmi les défis, il cite le manque d’expertise et de spécialistes dans des domaines comme la chirurgie reconstructive, essentiel face à un «nombre élevé d’accidents». Il ajoute qu’il y a aussi «la question du coût et de l’efficacité, et de savoir si nous avons suffisamment de personnel d’assistance».
Pour les patients nécessitant des traitements à l’étranger, il précise que le médecin traitant doit soumettre un rapport au ministère via le consultant en charge. «Un conseil effectue des évaluations au cas par cas, en lien avec des hôpitaux à l’étranger concernant, entre autres, la documentation, le cours et le coût du traitement. Il y a souvent une lenteur dans la paperasserie, qui doit être améliorée», dit-il. Un médecin d’un hôpital public dénonce également l’influence politique dans ces processus. «Les cas qui ne sont pas urgents sont traités comme tels au détriment des autres parce que les patients concernés ont des liens politiques. Les médecins et les membres du board subissent des pressions, souvent venant du ministre lui-même. Cela s’est produit sous tous les gouvernements», dit-il.
Les retards dans le secteur de la santé sont également attribués à un manque de personnel et à un système de travail dépassé. «Les médecins sont transférés dans d’autres hôpitaux sans que le personnel soit remplacé, alors qu’il y a un manque général de main-d’œuvre, y compris d’infirmières et de personnel de laboratoire. Tous opèrent dans un système qui reste à digitaliser», déplore un médecin qui a voulu témoigner sous le couvert de l’anonymat.
«En conséquence, les dossiers restent incomplets, les résultats des tests sanguins sont souvent perdus, traités tardivement ou absents des dossiers et les médecins doivent courir à la recherche de résultats ou reporter des rendez-vous parce qu’ils ne peuvent pas administrer de traitement.». Le département des records n’est pas épargné, avec un personnel limité contraint de gérer entre 120 et 180 dossiers en deux heures. «Cela entraîne souvent des égarements.»
Pendant ce temps, les patients, frustrés par les délais de consultation ou d’obtention de rendez-vous, «reportent leur colère sur le personnel soignant en raison de l’absence d’une politique et d’une gestion systémique adéquates.»
Témoignage d’un patient
C. S., habitant de Rose-Hill, raconte la mésaventure de son père septuagénaire, admis cette année au National Cancer Centre. «Il est resté un mois sans traitement, car au niveau du records department, il n’y avait aucune trace de son dossier. De ce fait, son médecin n’a pas pu lui administrer de traitement», explique-t-il. La famille a tenté de faire bouger les choses en signalant le problème sur une radio privée. «Étonnamment, en 24 heures, ils ont retrouvé son dossier. Mais son état de santé était devenu trop fragile entre-temps pour qu’il puisse subir le traitement et il est décédé. De telles situations entraînent la colère et la frustratio des familles à l’égard du système», déplore le fils. Nos interlocuteurs appellent à une réforme en profondeur, insistant sur la nécessité d’une restructuration des politiques et du fonctionnement des conseils en toute indépendance, ainsi que sur le recrutement massif de personnels soignants et administratifs. Le président de la GMDOA propose aussi une solution concrète : l’implémentation définitive du système e-health dans les hôpitaux publics pour réduire les délais et améliorer la gestion des dossiers.
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