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Recrutement de «supply teachers»
La limite d’âge de 70 ans suscite toujours des interrogations
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Recrutement de «supply teachers»
La limite d’âge de 70 ans suscite toujours des interrogations

■ Environ 300 enseignants manqueraient actuellement à l’appel.
L’avis de recrutement publié par le ministère de l’Éducation pour l’enrôlement de supply teachers dans les collèges d’État a fait réagir sur les réseaux sociaux. Si l’initiative vise à répondre à une pénurie d’enseignants, c’est surtout la limite d’âge fixée à 70 ans qui soulève des interrogations, en particulier chez les jeunes diplômés en quête d’opportunités.
Contacté à ce sujet, le ministère insiste : il est faux de dire que les jeunes seront écartés. «Priority of consideration will be given to young graduates with the required qualifications. In scarcity areas, the services of candidates up to 70 years will be enlisted», peut-on lire noir sur blanc dans l’avis officiel. Le ministère affirme qu’un processus de sélection sera mis en place afin de recruter les meilleurs profils disponibles, précisant que ce recrutement temporaire est une mesure d’urgence pour faire face à un manque criant d’enseignants dans certaines matières.
Selon le ministère de l’Éducation, cette pénurie serait aussi héritée de l’ancien régime. «Avant, même un jeune diplômé détenteur d’une maîtrise ou d’un doctorat ne pouvait pas enseigner s’il n’avait pas obtenu le Post Graduate Certificate in Education (PGCE)», indique une source au sein du ministère. Une exigence aujourd’hui assouplie sous le nouveau régime. Le PGCE n’est plus obligatoire pour devenir enseignant, ce qui ouvre la porte à davantage de jeunes candidats.
Un manque que confirme Arvind Bhojun, président de l’Union of Private Secondary Education Employees. Selon lui, environ 300 enseignants manqueraient actuellement à l’appel. «Il y a un vrai désintéressement des jeunes pour le métier. Les conditions sont de plus en plus difficiles : indiscipline des élèves, manque de soutien, parents déconnectés. C’est un métier qui génère aujourd’hui un vrai stress mental», déplore-t-il. Face à cette réalité, le système peine à tenir. Des enseignants réclament leurs jours de congé, en vain, faute de personnel de remplacement. «Il y a des manques flagrants en Accounting, en français et d’autres matières encore. Ce recrutement va soulager un peu, mais ce n’est qu’un pansement. Le problème reste entier», souligne-t-il.
Arvind Bhojun évoque aussi des anomalies structurelles. Il critique le mode de fonctionnement actuel de la Private Secondary Education Authority, qu’il juge obsolète et inadaptée. «Aujourd’hui, si vous voulez enseigner le Kreol Morisien, vous devez absolument avoir un bachelor dans cette matière. Une maîtrise ou un doctorat ne suffit pas s’il ne correspond pas exactement à cette exigence», souligne-til avec indignation.
Autre point d’inquiétude : les conditions des supply teachers euxmêmes. Certains assurent des remplacements pendant trois, six, voire neuf mois, sans pour autant bénéficier de plan de pension ni de gratuity. «C’est contraire à la loi. Un employé doit pouvoir toucher au moins 12 % de gratuity par an. Si on attend de ces enseignants qu’ils viennent prêter main-forte, il faut aussi qu’on respecte leurs droits. Ces conditions doivent absolument être revues.» Le recrutement temporaire annoncé est une mesure à court terme. Mais pour que l’enseignement secondaire reste viable, les acteurs du secteur s’accordent : c’est l’ensemble du système de gestion des ressources humaines qui devra être repensé.
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