Publicité

330e commémoration de la révolte des esclaves

La pièce «Anna Van Bengale» à l’honneur

9 juin 2025, 16:53

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

La pièce «Anna Van Bengale» à l’honneur

(De g. à dr.) Riana Oodian, Deny Pacha, Alia Kala, Carlo Heviamoorima, Jamoonaparsad Putteeraj, Rowin Narraidoo (metteur en scène), Yashwini Devi Meenowa et Noor Baboo

La pièce Anna van Bengale mise en scène par Rowin Narraidoo sera présentée le 18 juin au Musée intercontinental de l’esclavage, à Port-Louis, à 18 heures. Il est 18 heures lorsque nous arrivons à l’Institut Cardinal Jean Margéot, lieu de répétition de la troupe.

La nuit est déjà tombée et à mesure que nous approchons de la salle où se tiennent les répétitions, des voix fortes et résonnantes nous parviennent, déclamant leurs répliques dans cette belle langue qu’est le Kreol Morisien. Concentrés dans leur jeu de rôle et entièrement plongés dans la peau de leurs personnages, les comédiens ne nous voient pas arriver.

Diodati : Nou pou bizin atrap zot vivan, trenn zot amenn zot isi pou ziz zot.

Ofisie No 2 : Pou kaptir zot, se enn travay riskan, zot kapav arme.

Gestuelle, posture, mouvement… chaque élément de l’expression théâtrale donne vie à cette répétition, lui conférant des allures de véritable représentation. À notre plus grand désarroi, les comédiens suspendent leur jeu pour nous saluer, dissipant un instant la magie du théâtre et nous arrachant aux brumes de 1695 pour nous ramener à la réalité de 2025. Et la magie du théâtre, c’est précisément ce que l’on voit. Jean Duvignaud, professeur à l’université Rabelais de Tours, écrivait dans l’encyclopoche Larousse : «En grec, theaomai veut dire voir et theatron désigne ce que l’on voit, le théâtre.» Ainsi, étymologiquement, le théâtre incarne avant tout une expérience visuelle – bien loin de la simple lecture de texte, une approche erronée encore trop répandue chez les enseignants de littérature.

Dans Anna van Bengale, l’aspect visuel ressort d’emblée dans le jeu d’acteur, les costumes et les accessoires. Mais la particularité de cette pièce réside dans un décor authentique en plein air où le public est invité, tout au long de la représentation, à être témoin de l’histoire. Car oui, la pièce Anna van Bengale est loin d’être une simple fiction. Elle s’ancre dans l’histoire, relatant la période de la colonisation hollandaise et l’insurrection des esclaves contre son administration.

Rowin Narraidoo, metteur en scène et directeur de l’atelier Pierre Poivre, nous en offre une lecture plus approfondie : *«Au-delà de la commémoration, cette pièce est un moyen de découvrir une période importante de l’histoire, soit cette partie que les historiens traditionnels ont négligée.»*Il travaille depuis plus de trois mois sur la pièce Anna van Bengale avec ses comédiens. Ce n’est d’ailleurs pas sa première création théâtrale. Rien que pour l’année 2025, il a remporté quatre prix au National Drama Festival, organisé par le ministère des Arts et de la culture, avec la pièce Li écrite par Dev Virahsawmy : Second Best Play et Second Best Director tandis que ses comédiens, Jaynanand Dookhy et Yashwini Devi Meenowa, ont été distingués comme Meilleur comédien et lauréate du Prix du jury respectivement.

Anna van Bengale, c’est la décision courageuse d’une femme de mettre fin à l’injustice, à la domination et à la misère qui résultent du système capitaliste hollandais. Sartre écrivait dans L’existentialisme est un humanisme que «l’acte individuel engage toute l’humanité». Dans la pièce, le combat d’Anna van Bengale est donc celui de tous les esclaves. En ce qui concerne la mise en scène finale, Rowin Narraidoo nous dit réserver une surprise : «Ce sera une nouvelle mise en scène, une nouvelle création artistique.»

La pièce démarrera à 18 heures pile le 18 juin et durera 45 minutes. Elle sera suivie d’une exposition au musée.

tableau ana.png

Publicité