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Incendie au dépotoir de Roche-bois

La pollution du sol et de l’eau aussi à prendre en compte

12 août 2024, 21:00

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La pollution du sol et de l’eau aussi à prendre en compte

Vers 16 heures, le samedi 27 juillet dernier, un début d’incendie a été déclaré à la station de transfert de RocheBois. Le feu s’est rapidement propagé dans les déchets stockés sur les quais supérieurs et inférieurs de la station, selon le ministère de l’Environnement. Ce site implique le transfert de 6 308 tonnes de déchets, en moyenne, par mois, peut-on lire sur le site du ministère.

Selon le communiqué du ministère de tutelle du 28 juillet, le National Environmental Laboratory a indiqué qu’il n’y a pas de pollution dans les zones habitées.«Aucun panache de fumée/odeur n’a été détecté dans les zones résidentielles et dans le Rivulet Terre-Rouge Bird Estuary. Les gaz toxiques et les composés organiques volatils ont été testés aux endroits suivants : Baie-duTombeau, près du centre communautaire, à la plage publique de Baie-du-Tombeau, au parc récréatif de Roche-Bois, à l’entrée du sanctu-aire d’oiseaux et à route Abattoir. Le Portable Gas Analyser a montré que l’air ambiant était à un niveau sûr.» Nous avons sollicité le ministère sur les résultats des derniers tests effectués, soit de l’air, de l’eau et du sol, nous attendons un retour. En effet, un incendie dans une décharge peut causer plusieurs types de pollution, chacun ayant des impacts potentiellement graves sur l’environnement et la santé publique. Sunil Dowarkasing, consultant en environnement, relève qu’il peut y avoir la pollution de l’air, du sol et de l’eau. Il explique qu’en l’absence d’incendie, un site de décharge ou un dépôt constitue déjà une source de pollution. Et lors d’un feu, la décharge libère des gaz nocifs comme le monoxyde de carbone (CO) et des composés organiques volatils (COV), qui peuvent contribuer à la pollution de l’air et aux problèmes de santé respiratoire.

L’incendie accélère le processus de pollution en émettant des gaz nocifs. Bien que l’air pollué puisse se disperser en un ou deux jours, car l’air n’est pas stagnant, il y a néanmoins des risques importants. Les particules fines (PM2.5 et PM10) issues de la combustion peuvent provoquer divers problèmes de santé, et les fumées contenant des toxines peuvent se propager sur de longues distances, affectant ainsi la qualité de l’air dans les zones environnantes. Étant donné que l’air toxique a été respiré pendant plusieurs heures, le consultant en environnement recommande que des tests médicaux soient faits sur les habitants de la région.

De plus, les produits de l’incendie peuvent accroître la production de lixiviat, un liquide toxique, et les contaminants présents dans les déchets brûlés peuvent contaminer le sol. Y compris les produits chimiques dangereux ou des métaux lourds. L’eau utilisée pour éteindre le feu, devenue toxique, contribue également à la pollution. Le niveau de risque dépend de la manière dont les déchets sont stockés, souligne notre intervenant. «Si les déchets sont simplement déposés sur le sol, le risque de pollution est beaucoup plus élevé que si le site a un sol bétonné, par exemple. Le dépotoir doit être sécurisé pour prévenir toute pollution. En effet, 55 % de l’eau que nous consommons provient des nappes souterraines, et Roche-Bois est classée comme une région côtière. Ainsi, elle a des nappes souterraines peu profondes. Le risque de contamination est donc élevé si le site n’est pas correctement sécurisé.»

Dans ce cadre, Sunil Dowarkasing fait ressortir qu’en sus des responsabilités du gouvernement pour la gestion des déchets, il y a aussi la responsabilité citoyenne en ce qui concerne le tri des déchets pour éviter que les déchets nocifs tels que les piles, les batteries et les appareils électroménagers finissent dans la décharge.«Chacun a un rôle à jouer pour garder le pays propre et sûr.»

Le consultant en environnement estime qu’il est nécessaire de réaliser des tests plus approfondis sur l’environnement à la suite de cet incendie. Il suggère un laboratoire indépendant pour garantir l’objectivité des résultats en cas d’incident environnementaux. «Je ne mets pas en doute la capacité des techniciens du NEL, mais, un laboratoire sous un ministère pourrait ne pas être impartial.» Pour sa part, Vincent Florens, écologue, ajoute qu’il est impossible d’affirmer qu’il n’y a aucun risque. «La contamination peut survenir, et les risques peuvent se développer ultérieurement.»


Stress environnemental, l’un après l’autre

Selon les données du 28 juillet, aucun panache de fumée ni odeur n’a été détecté dans le Rivulet Terre-Rouge Bird Estuary. Toutefois, il est important de rappeler que cette région a été touchée par des déversements d’hydrocarbures à trois reprises en début d’année, créant un choc environnemental. «Si des stress environnementaux se produisent de manière répétée, un stress initialement isolé peut, après d’autres stress, causer des dégâts accrus. Le système est déjà affaibli. L’augmentation des températures, le réchauffement des océans, la surpêche et d’autres facteurs accumulés perturbent déjà le système. Cette accumulation de problèmes peut entraîner des conséquences bien plus graves que prévu», fait ressortir Vincent Florens.

La quantité totale d’ordures solides mise en décharge a augmenté de 9,5 %

Rappelons que ces déchets devaient être transférés vers le centre d’enfouissement de Mare-Chicose. Alors que celui-ci est saturé. De plus, selon les statis- tiques environnementales publiées le 31 juillet par Statistics Mauritius, la quantité totale de déchets solides mis en décharge à Mare-Chicose a augmenté de 9,5 %, passant de 494 073 tonnes en 2022 à 541 141 tonnes en 2023. La quantité totale de déchets solides mis en décharge par habitant représente une hausse de 29,8 %, passant de 0,94 kg/jour en 2014 à 1,22 kg/jour en 2023.

De 2022 à 2023 les émissions du secteur des déchets ont connu une légère baisse

Les gaz à effet de serre sont présents à l’état naturel, mais ils résultent également d’activités humaines, provenant de la production et de la consommation. Les dernières données de l’environnement de Statistics Mauritius indiquent que les émissions totales de gaz à effet de serre (à l’exclusion de la sylviculture et des autres utilisations des terres) étaient de 5 939,7 Gg d’équivalent de dioxyde de carbone (CO2-eq) en 2023, représentant une hausse de 5,3 % en comparaison à 2022. Le dioxyde de carbone (CO2) a constitué 78,5 % des émissions totales de gaz à effet de serre (GES), soit 4 663,0 Gg. Le méthane (CH4) a contribué à hauteur de 10,7 % (632,4 Gg CO2-eq), les hydrofluorocarbures (HFCs) 7,4 % (439,6 Gg CO2-eq) et le protoxyde d’azote (N2O) 3,4 % (204,7 Gg CO2-eq). On peut lire que «les émissions du secteur des déchets ont connu une légère baisse». La contribution des gaz à effet de serre au total des émissions mondiales de gaz s’élève à 0,01 %.