Alors que l’on célèbre la fête nationale, la République de Maurice enregistre une nouvelle baisse de sa population en 2024, selon les dernières données publiées par Statistics Mauritius, hier. Avec 1 244 477 habitants au 31 décembre 2024, l’île a perdu 2 840 résidents en un an, confirmant une tendance démographique inquiétante amorcée ces dernières années.

Cette diminution de la population s’explique par plusieurs éléments. D’abord, le nombre de naissances vivantes continue de baisser, avec 12 853 bébés enregistrés en 2024, soit une légère diminution de 0,1 % par rapport à 2023 (12 872). À l’inverse, la mortalité est en hausse avec 12 507 décès en 2024, contre 11 839 l’année précédente, soit une augmentation de 5,6 %.

Départs du pays

Mais le facteur le plus préoccupant reste le solde migratoire négatif. En 2024, Maurice a enregistré 3 186 départs nets de résidents, accentuant la tendance à la diminution de la population. L’émigration, notamment des jeunes actifs en quête de meilleures opportunités professionnelles à l’étranger, contribue fortement à cette dynamique. Au-delà de la baisse numérique, la structure de la population évolue, laissant présager des défis importants pour l’avenir. Le pays connaît une transition démographique marquée par un vieillissement progressif. En un an :

• La part des jeunes de 0 à 14 ans est passée de 16,2 % en 2023 à 16,0 % en 2024, confirmant une baisse de la natalité.

• La tranche d’âge 15-64 ans, qui représente la population active, a également diminué de 70,2 % à 69,8 %.

• À l’inverse, la proportion des personnes âgées (65 ans et plus) a augmenté, atteignant 14,2 % en 2024 contre 13,6 % en 2023.

Le rapport de dépendance – qui mesure le poids des jeunes et des personnes âgées par rapport aux actifs – est en augmentation, passant de 424,8 en 2023 à 431,7 en 2024. Cela signifie que chaque travailleur doit supporter une charge économique croissante, un phénomène qui pourrait affecter la productivité et la croissance du pays.

Une tendance qui s’inscrit dans la durée

La diminution de la population mauricienne n’est pas un phénomène isolé à 2024. Elle s’inscrit dans une tendance plus large observée au cours de la dernière décennie.

• Diminution de la natalité : avec un taux de natalité de 10,3 naissances pour 1 000 habitants, Maurice se rapproche des niveaux de nombreux pays développés confrontés au vieillissement.

• Augmentation de la mortalité : L’amélioration des soins de santé a permis une augmentation de l’espérance de vie, mais cela s’accompagne d’un nombre croissant de décès chaque année.

• Émigration des jeunes : la fuite des talents vers l’étranger pour des raisons économiques ou éducatives prive le pays de sa main-d’œuvre qualifiée.

Quels défis pour l’avenir ?

Avec une population vieillissante et une main-d’œuvre en diminution, Maurice devra rapidement adapter ses politiques publiques pour répondre à cette nouvelle réalité démographique.

Parmi les solutions envisageables :

• Des incitations à la natalité : Politiques de soutien aux familles, aides financières, allongement du congé parental…

• Un cadre plus attractif pour la jeunesse : opportunités d’emploi, formation, loisirs, méritocratie, revalorisation des salaires pour limiter l’exode des jeunes travailleurs.

• Une ouverture maîtrisée à l’immigration : l’accueil de travailleurs étrangers qualifiés pourrait aider à pallier la baisse de la population active.

Si des mesures adaptées ne sont pas mises en place rapidement, Maurice pourrait voir son économie ralentir sous le poids du vieillissement et du déficit de maind’œuvre. La question démographique devient donc un enjeu stratégique majeur pour le gouvernement et l’ensemble des acteurs économiques. Il est bien loin The Overcrowded Barracoon..