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Collèges privés
La PSEA «incapable» d’assurer la cohérence de ses règles
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La PSEA «incapable» d’assurer la cohérence de ses règles
Riad Hullemuth, qui était recteur suppléant depuis août 2021 du collège St-Helena à Vacoas, se dit consterné après qu’une autre personne a été récemment nommée à la tête de l’établissement. Il a rejoint l’établissement en 2011 comme éducateur et il recevait une allocation pour la suppléance au poste de recteur de la Private Secondary Education Authority (PSEA). Son cas met en lumière les lacunes de la PSEA au niveau d’application des règlements.
Selon les nouveaux règlements de la PSEA, un éducateur ou éducateur senior doit avoir un Post-Graduate Certificate in Education (PGCE) ou un Diploma in Education (PGDip Ed) du Mauritius Institute of Education (MIE) ou d’une institution reconnue ou une qualification équivalente reconnue par la PSEA et 18 ans de service dans un établissement secondaire privé pour être nommé au poste de recteur. Ceux qui n’ont pas ces qualifications doivent avoir fait 21 ans de service pour accéder à ce poste. Cette deuxième condition n’est valable que jusqu’à fin 2025 pour permettre au personnel éducatif de compléter leur formation en fonction des nouvelles régulations. Les candidats au poste de recteur doivent également être titulaires d’un Diploma in Management ou Educational Management, ou d’un Master’s Degree in Business Administration (MBA) / Master’s in Management, Administration* ou Educational Leadership and Management.
L’ex-recteur suppléant, Riad Hullemuth détient un MBA et attend ses résultats finals du PGDip Ed du MIE. Cependant, il n’a que 13 ans d’expérience dans le privé et ne répond donc pas à toutes les critères pour le poste de recteur. Interrogé par l’express, il soutient : «Ces trois dernières années, sous ma direction et grâce à l’effort collectif de tous, les étudiants du collège St-Helena ont connu un succès remarquable, notamment en obtenant les meilleurs résultats pour l’Extended Programme l’année dernière. Dans certains établissements, les Acting Rectors sont autorisés à continuer à occuper le même poste pendant des années, mais la PSEA m’a poussé à step down. J’aurais également dû être autorisé à continuer étant donné que j’ai prouvé mes compétences.» Selon lui, la décision est motivée par des raisons politiques car il est affilié au PTr et est un ancien membre du MMM.
Complexités et lacunes
Arvind Bhojun, président de l’Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE), indique que bien que le syndicat n’ait pas été officiellement sollicité dans ce cas par Riad Hullemuth, il est au courant des complexités et anomalies de l’application du cadre réglementaire de la PSEA. «Auparavant, les conditions stipulaient que les recteurs ne pouvaient être nommés qu’à partir du groupe des Deputy Rectors en service dans les collèges. Si cela convenait aux collèges d’État, dans le cas des collèges privés, le hic était que de beaucoup d’établissements comptaient peu d’élèves. Pour avoir un Deputy Rector, un établissement doit compter au minimum 650 élèves, ce qui n’est pas le cas pour beaucoup de collèges privés. Il était donc pratiquement impossible pour ces collèges de nommer des recteurs car ils ne pouvaient pas avoir de Deputy Rector en premier lieu. C’était le cas du collège St-Helena (...) Le nouveau règlement de la PSEA de décembre 2022 a résolu ce problème, en étendant la nomination des recteurs à partir d’un groupe de Deputy Rectors qualifiés ayant trois ans de service, ainsi qu’à partir d’un groupe d’éducateurs ou d’éducateurs seniors à choisir, avec des critères bien établis», explique-t-il.
Mais Arvind Bhojun souligne que si le cadre réglementaire de la PSEA est une avancée majeure, son application est incohérente. Il évoque le népotisme au sein des collèges et l’incapacité de la PSEA à agir avec rigueur comme raisons principales. «Malheureusement, on constate que beaucoup de managers de collèges ne lancent pas d’avis de recrutement pour le poste de recteur, bien qu’il y ait du personnel qualifié pour ce poste. Ils nomment leurs proches comme Acting Rectors pendant des années et attendent que ces derniers satisfassent aux conditions de la PSEA, de sorte que le poste vacant puisse alors leur être attribué. Dans certains cas, c’est le manager lui-même qui agit en tant que recteur, exerçant un contrôle total. C’est une injustice flagrante. La PSEA n’intervient pas dans nombre de ces cas.»
Commentant le cas de Riad Hullemuth, le président de l’UPSEE affirme que «la question est de savoir si l’on répond à toutes les conditions de nomination, qui dans ce cas est le nombre d’années de service. Le poste d’Acting Rector en lui-même implique qu’un manager peut nommer n’importe qui, même un enseignant ne satisfaisant pas aux critères, sur une base temporaire pour remplir le vide jusqu’à ce qu’une personne dûment qualifiée soit recrutée pour occuper le poste vacant, ceci étant approuvé par la PSEA (...)». Il faut par ailleurs souligner que le manager du collège St Helena, Tayab Nunkoo, est aussi le beau-frère de Riad Hullemuth.
«Le problème fondamental est que la PSEA est sélective dans son application des règles. Dans le cas du collège St-Helena ou du Patten College, les règles ont été suivies à juste titre pour que l’Acting Rector se retire et qu’une personne répondant à tous les critères du poste soit nommée. Nous devons noter que dans le cas du collège Patten, l’Acting Rector n’a pas d’affiliation politique à l’opposition, les règles ont été suivies. Mais la même rigueur n’est pas appliquée pour les autres collèges. La PSEA, en faisant des exceptions pour permettre aux Acting Rectors d’occuper le poste pendant des années dans certains collèges, finit par contredire ses propres règles. Mais dire que puisque les règles ne sont pas appliquées dans certains collèges, elles ne devraient pas l’être non plus au collège St Helena, n’est pas justifié», estime Arvind Bhojun. Sollicitée, la réaction de la PSEA est attendue.
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