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Questions à... Riyaz Khan
«La saison devrait débuter durant le mois de mai»
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Questions à... Riyaz Khan
«La saison devrait débuter durant le mois de mai»
Riyaz Khan, Chief Stipe de la HRD.
Le Chief Stipe de la Horse Racing Division (HRD), Riyaz Khan, a bien voulu se prêter au jeu de questions-réponses à un moment où le public turfiste ainsi que des professionnels sont dans l’expectative par rapport au coup d’envoi de la nouvelle saison. Aucune visibilité et, par ricochet, l’entraînement des chevaux est au ralenti. Dans l’entretien qui suit, Riyaz Khan assure les amateurs de courses hippiques que l’instance gouvernementale assume ses responsabilités quant au début de la compétition en mai et défend surtout bec et ongles la prestation de la HRD l’an dernier. Il parle également de la grosse problématique d’une vingtaine de jockeys qui peinent à trouver une couverture d’assurance.
Riyaz Khan, quelques mois après avoir pris le relais de Deanthan Moodley vous comptez aborder votre premier début de saison en tant que Chief Stipe. Comment avez-vous vécu vos premiers mois en tant que chef de la salle des commissaires à temps plein ?
J’ai été nommé Chief Stipe de la HRD par le Board de la GRA, suivant le départ de M. Moodley en octobre 2023. Je dois quand même faire ressortir qu’en 2022, j’avais déjà occupé le poste de Chief Stipe sur une base de rotation durant la moitié de la saison. Donc, pour moi ce n’est pas une nouveauté, mais plutôt une continuité. Je suis à l’aise, car nous avons une bonne équipe soudée dans la salle des commissaires, et le travail se fait comme il se doit.
En tant qu’un stipe avec plusieurs années d’expérience, quels sont les changements que vous comptez apporter pour la présente saison ?
Comme avant chaque début de saison, nous passons actuellement en revue les Rules of Racing pour apporter des améliorations dans l’intérêt des courses. Je ne peux révéler à ce stade les changements qui vont être apportés, car ils doivent être visés par notre équipe légale, puis approuvés par le Horse Racing Committee, avant d’être publiés dans la Government Gazette. Vous en saurez plus le moment venu.
Nous sommes en mars et il n’existe encore aucune visibilité sur la nouvelle saison. C’est du jamais vu ! On parle d’un premier coup de clairon en mai, voire juin. Le calendrier n’est pas encore officiel alors que les entraîneurs n’ont pas de «fixtures» pour entraîner les chevaux. Comment la HRD voit-elle cette situation ?
La HRD comme régulateur des courses à Maurice est en train d’assumer et assumera pleinement son rôle. Notre équipe se penche déjà sur la nouvelle saison. On a eu une première réunion avec les entraîneurs ce jeudi 14 mars, en vue d’élaborer les fixtures pour les premières journées. Comme vous le savez, l’an dernier on avait commencé le 18 mars en consultation avec la majorité des entraîneurs. Subséquemment, les problèmes qu’on a eus en raison des conditions climatiques ont causé l’annulation de trois des cinq premières journées, et on avait critiqué la HRD pour avoir démarré la saison trop tôt. Vous n’êtes pas sans savoir que Maurice fait face depuis le début de l’année à plusieurs cyclones et «flash floods», d’où notre prudence de démarrer cette fois un peu plus tard, pour éviter un scenario similaire à l’année dernière. De plus, cela donne suffisamment de temps aux entraîneurs pour amener leurs chevaux dans une condition idéale pour le coup d’envoi de la saison 2024. Ajouter à cela, les célébrations nationales pour la fête de l’Indépendance a eu lieu au Champ de Mars cette année. Les entraînements ont dû cesser depuis le 27 février, pour permettre les répétitions et la préparation de l’hippodrome portlouisien pour l’événement. Il faut également prendre en considération que l’organisateur des courses, la PTP, entreprend actuellement des travaux sur la piste pour placer un système d’arrosage automatique. C’est une très bonne chose, qui sera très bénéfique à la piste. Si vous insistez sur une date, allons dire que la saison devrait vraisemblablement démarrer en mai. Nous serons bientôt en mesure de communiquer au public et à la presse les fixtures pour les premières journées et le calendrier de la saison dès qu’ils seront finalisés, en consultation avec les entraîneurs.
L’assurance des jockeys et autres «trackriders» pose un gros problème en ce début de saison. Il y a même un entraîneur qui ne fait pas travailler ses chevaux car ses cavaliers n’ont pas de couverture d’assurance. La HRD compte-t-elle s’attaquer à cet épineux problème ?
Comme c’est la pratique un peu partout à travers le monde, il est demandé à chaque jockey d’avoir une couverture adéquate pour pouvoir monter, l’objectif étant de compenser le jockey financièrement en cas de blessure, d’accident ou autre incapacité physique. Cela peut se faire à travers une couverture avec une compagnie d’assurance, où le jockey doit débourser une contribution mensuelle. Mais il existe également la possibilité que l’employeur du jockey le prenne en charge à travers un accord d’indemnisation signé entre les deux parties. Dans ce cas précis, l’employeur s’engage à compenser le jockey en termes monétaires en cas d’accident, de blessure ou d’incapacité. La HRD accepte les deux types de couverture. L’important c’est que le jockey soit adéquatement couvert. Pour votre information, une délégation de jockeys était venue nous voir en janvier, et la HRD, même si elle n’est pas mandatée d’après la loi pour trouver une assurance aux jockeys, a agi comme facilitateur et leur a dirigé vers une compagnie d’assurance. Je souhaite que le problème que rencontrent certains jockeys soit réglé au plus vite.
Des rumeurs circulent à l’effet que les courses seront courues à Petit-Gamin en début de saison. Ce centre équestre a-t-il déjà obtenu l’approbation de la HRD pour l’organisation des courses ?
Selon la loi, l’approbation et l’homologation d’un hippodrome sont faits par la GRA. Après une série d’inspections à Petit-Gamin, la HRD a soumis son rapport au Board de la GRA, qui est le seul d’après la loi à pouvoir approuver et homologuer. C’est donc du ressort de la GRA de décider s’il y aura des courses ou pas à Petit-Gamin cette saison.
Le Premier ministre Pravind Kumar Jugnauth avait présenté la Horse Racing Division comme un «Game Changer». Reste que l’entité peine à convaincre. Diriez-vous aussi, tout comme votre prédécesseur Moodley, qu’elle est un «work in progress» ?
Quand le PM avait introduit la HRD, c’était pour mettre en pratique les recommandations du rapport de M. Rick Parry et de ses assesseurs, suivant l’institution d’une commission d’enquête. Toute personne de bonne foi vous dira que depuis l’entrée en opération de la HRD en janvier 2022, beaucoup a été fait concernant la séparation et la distinction des pouvoirs entre l’organisateur et le régulateur, comme préconisé dans le rapport Parry, pour plus d’intégrité, d’indépendance et de crédibilité aux courses. Auparavant, le MTC organisait les courses, jugeait les jockeys et écoutait lui-même les cas en appel. Aujourd’hui, vous avez une distinction claire, où l’organisateur organise, le régulateur et la chambre des commissaires sont indépendants et supervisent selon les Rules of Racing d’après les normes internationales, et où le Board d’appel est également indépendant de l’organisateur et du régulateur. La HRD attaque sa troisième saison. La machine est bien huilée.
L’avènement de la HRD a permis la réalisation de beaucoup de choses. Permettez-moi de vous citer quelques-unes :
(i) De nouveaux Rules of Racing, en ligne avec ce qui se fait sur le plan international ;
(ii) Notre affiliation auprès de l’Asian Racing Federation en 2023 ;
(iii) Le «Hair Testing», une nouveauté dans le domaine à Maurice qui permet de connaître l’historique des produits dans le système du cheval depuis six mois, en sus des «pre-race», «post-race» et «out-of-competition tests» ;
(iv) La démocratisation des courses avec des permis à de nouveaux entraîneurs, de nouveaux apprentis et jockeys mauriciens, ce qui vous a permis de découvrir les Ecroignard, Goolgar, Bhageeruthy et autre Kulloo ;
(v) Le rétablissement des liens avec la South African Jockey Academy, ce qui a donné l’opportunité au jeune Nirvan Nastilli d’aller apprendre ce métier là-bas, et il fait actuellement honneur à l’île Maurice au pays de Mandela. Pour votre information, il y a actuellement six jeunes Mauriciens qui sont en apprentissage en Afrique du Sud ;
(vi) La mise sur pied d’un Handicapping Review Board (HRB) pour les entraîneurs qui ne sont pas satisfaits du Rating alloué à leurs chevaux ;
(vii) La transparence au niveau des informations à la presse à travers notre département communication, où les entrées et les programmes officiels sont disponibles plus tôt ;
(viii) Les changements de tactiques qui sont communiqués au public ;
(ix) L’information sur le traitement des chevaux désormais accessible au public ; entre autres. Plus de 3 200 échantillons ont été pris et analysés en 2022 et presque 4 000 en 2023, avec trois résultats positifs. The HRD will be aiming to sample more horses to ensure that racing is drug free.
Vous conviendrez que c’est plus que du «work in progress». Si vous voulez mon avis, je peux dire, au vu des exemples que je viens de vous citer comme réalisations, que la HRD est effectivement un «Game Changer» !
**La HRD dit prôner la transparence avec les «change of tactics» communiqués au public quelques minutes avant le départ d’une course. Mais à quoi servent ces informations si la majorité des parieurs ont déjà misé ?
Auparavant, soit pendant plus de 200 ans, le public mauricien n’avait pas connaissance des changements de tactique. Ils les découvraient en course ou pendant les enquêtes. La divulgation des changements de tactique a été introduite par la HRD dès sa première saison. C’est une information précieuse qui permet au public de placer une mise de dernière minute s’il le souhaite. Vous avez donc quelque chose que vous n’aviez pas du tout auparavant. L’idée de laisser les jockeys quitter la «saddling area» avant de divulguer la tactique est de ne pas permettre à un concurrent de revoir sa tactique en fonction de ce changement-là, lequel est un joker que l’entraîneur a en main. Si jamais le besoin se fait sentir à un moment de revoir la formule, nous allons en discuter avec les entraîneurs et nous prendrons une décision.
Plusieurs professionnels de la presse hippique sont unanimes à dire que les changements de «well established racing patterns» ont eu comme résultat dans certains cas que la victoire a été offerte sur un plateau à d’autres concurrents. N’est-il pas le devoir des commissaires de maintenir un «racing pattern» constant pour les chevaux ?
(Sourire). Pendant toute une année, les journalistes ont fait état de la course de Henry Tudor-Colour My Fate comme si c’était un scandale. L’ex-Chief Stipe s’est longuement expliqué à ce sujet. Vous savez aussi bien que moi que Colour My Fate revenait après une grave blessure et son entraîneur ne voulait pas le brusquer, demandant à son apprenti de ne pas s’engager dans un coupe-gorge. Qu’a réalisé ce coursier comme performance par la suite ? Rien d’extraordinaire ! Avec le recul, les gens doivent réaliser que Colour My Fate n’avait aucune chance de partir devant Henry Tudor ce jour-là, et ses performances suivantes ont donné raison aux commissaires. En ce qui concerne les demandes pour changer de tactique, bien sûr que nous prenons en considération le «racing pattern» des chevaux en question. Je peux vous dire que des entraîneurs ont essuyé des refus, car les commissaires n’étaient pas satisfaits de leurs explications pour justifier un changement.
L’affaire Capkuta a aussi été un point noir dans la performance des commisssaires la saison dernière. Le cheval avait été retiré après des allégations de «tampering» et avait figuré sur les entrées de la journée suivante. Il a couru après sept jours et a gagné laissant la voie à des spéculations. Ne pensez-vous pas que la HRD aurait dû donner de plus amples renseignements au public par rapport aux tests et résultats liés à ce cheval avant qu’il ne coure ?
Je ne me souviens pas qui avait assisté à l’enquête pour votre journal.
(On coupe) Un journaliste de l’express était bel et bien présent pour suivre cette enquête…
Lors de cette enquête, la HRD a projeté les images qui étaient déjà en sa possession le jour où Capkuta a été retiré. Au vu des images montrant l’entraîneur dans le box du cheval, administrant un produit inconnu en l’absence de surveillant ou du vétérinaire, ne fallait-il pas ordonner le retrait du coursier pour protéger le public ? Par ailleurs, je comprends votre point par rapport au fait qu’il a couru sept jours après. Vous conviendrez que Capkuta a alors été soumis au «pre-race test» le jeudi, comme tous les chevaux qui étaient sur le programme officiel ce jour-là et que son résultat d’avant-course est retourné clean. Il a gagné et le résultat «post-race» était également clean. Là encore, je ne suis pas d’accord quand vous dites que les commissaires ont fait preuve de manquement. Par ailleurs, vous savez très bien que les commissaires de la HRD n’auraient jamais laissé courir le cheval si le «pre-race test» était retourné positif, et bien évidemment nous aurions communiqué dessus, comme nous le faisons quand cela s’avère nécessaire.
L’équipe des commissaires de courses a aussi été pointée du doigt pour être faible en «betting intelligence». Une réaction…
Je ne comprends pas pourquoi la presse croit et veut faire croire que nous ne suivons pas l’évolution des côtes. Nous avons une «Betting Analyst» compétente et qualifiée à la HRD. Elle communique en temps réel tous les betting trends. Les stipes ont tous les renseignements sur trois jours pour savoir ce qui se passe chez les bookmakers dans chaque course. C’est également le cas les jours de courses, et plusieurs fois, des jockeys et entraîneurs ont été convoqués avant des épreuves pour s’expliquer et divulguer leurs tactiques. Permettez-moi de vous faire part de quelques chiffres pour la saison 2023. Moins de 25 % de chevaux sur lesquels de gros paris ont été enregistrés ont traversé le but en premier. Donc, qu’une cote flambe n’est pas nécessairement une garantie que le cheval va gagner à tout prix. Parallèlement, 10 % de chevaux dont les cotes ont chuté sont sortis premiers. Fait intéressant : plus de 45 % de favoris ont triomphé en 2023. Les chiffres doivent être vus dans leur globalité sur une saison, pas au cas par cas. C’est dangereux de grossir un cas et d’en faire une généralité juste pour faire croire que quelque chose ne tourne pas rond.
Voyez-vous, c’est facile de dire qu’il y a du jeu sur tel ou tel cheval et qu’il va gagner ou que la cote de tel autre cheval est en chute vertigineuse et qu’il va automatiquement perdre. Les faits sont là pour vous prouver le contraire. Il faut cesser avec les rumeurs.
D’autre part, l’un des piliers de la réglementation est d’accorder un traitement équitable à tous les participants et de fonder la prise de décision uniquement sur le mérite, sans aucune crainte ni faveur. De mon point de vue, les commissaires de la HRD ont été au four et au moulin en 2023, avec plus de 60 suspensions et une centaine d’amendes et de réprimandes.
Quel est votre objectif principal pour la nouvelle saison ?
Je souhaite d’abord que la saison commence sous de bons auspices et que Dame Nature ne nous joue pas de mauvais tours comme l’année dernière. La HRD attend avec impatience la nouvelle saison, car de nouveaux processus et de nouvelles procédures seront introduits au fur et à mesure pour une meilleure réglementation. Nous espérons que le nombre de chevaux augmentera en 2024, ce qui aura un effet positif sur le nombre de partants et l’industrie hippique elle-même.
Avec la fin du contrat de l’ex-Chief Stipe Deanthan Moodley, y aura-t-il du recrutement pour faire partie de l’équipe cette saison ?
Le Board de la GRA est actuellement en train de finaliser les recrutements de la HRD pour la nouvelle saison. Je peux, pour ma part, vous annoncer l’arrivée de deux nouveaux venus dans l’équipe des commissaires, nommément les Mauriciens Krishna Lingen et David Labelle, qui ont agi comme Trainee depuis l’époque de Wayne Wood, soit depuis que la HRD existe. D’autres additions sont attendues dans les jours à venir. La HRD retiendra également les services d’un vétérinaire de même qu’un Sample Collector. On communiquera les noms et les positions en temps et lieu.
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