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Agaléga | Houles du large
La sécurité de la nouvelle jetée fait des vagues
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Agaléga | Houles du large
La sécurité de la nouvelle jetée fait des vagues
La jetée surplombe la plage et, de par sa taille, permettrait le débarquement de gros véhicules.
La façon dont la jetée a été construite et l’absence de brise-lames laissent penser qu’elle est dédiée avant tout aux militaires indiens. Pas aux Agaléens ni aux Mauriciens. Roger Doger de Spéville est celui qui nous avait expliqué comment les inondations du 15 janvier ont été aggravées par la marée montante et les houles cycloniques qui avaient empêché l’eau de Port-Louis de se déverser dans le bassin du Caudan. Il nous parle aujourd’hui de l’archipel d’Agaléga et surtout de la nouvelle jetée qui vient d’être inaugurée. Il a plongé plusieurs fois dans le lagon d’Agaléga, et connaît bien les fonds marins et l’archipel.
Après avoir vu les images de la «nouvelle Agaléga» sur le web et à la télévision, Roger Doger de Spéville se fait du souci pour l’embarquement et le débarquement des passagers civils sur l’île. Bien qu’il trouve que la jetée soit assez large et solide, cependant, dit-il, elle est exposée aux houles qui frappent régulièrement le port en hiver et durant les cyclones en été. «Même en temps calme, il y a presque toujours une houle d’au moins un mètre. Ce n’est pas pour rien que l’on appelle le site ‘tape à terre’, car les vagues frappent directement les côtes en l’absence de récif. Je n’ai pas vu de brise-lames pour protéger contre ces houles australes.» L’absence de ces structures posera, selon lui, un problème d’accostage des navires et autres pirogues. «Comment fera-t-on pour débarquer ?» se demande-t-il. On se rappelle que lors de l’arrivée du MV Trochetia dans l’archipel le 5 février, les passagers ont dû être débarqués dans un casier suspendu à une grue. Ce casier sert normalement à débarquer des marchandises…
Selon notre confrère du Mauricien qui avait rapporté cet *«incident» le 8 février, une source chez l’Outer Islands Development Corporation (OIDC) avait expliqué que le recours à un casier au lieu d’une passerelle était dû au fait que le niveau de la jetée n’était pas le même que celui du MV Trochetia et que la mer démontée rendait l’utilisation d’une passerelle ou d’une petite barque dangereuse. Et pour le Perhos Banhos qui remplacera le MV Trochetia bientôt ? Seewanand Norungee, le directeur de l’OIDC, n’a pas répondu à notre question. Il faut savoir aussi qu’à l’arrivée du même Trochetia à Agaléga le mardi 27 février, les passagers, y compris les membres de l’orchestre de la police, n’ont pu débarquer en raison de fortes houles. Ce n’est que le lendemain qu’ils ont pu le faire, ce qui a privé le police band de l’occasion de faire une répétition et a retardé les mises en place de marquises, etc.
Si les Indiens sont conscients du problème des houles qui peuvent affecter l’île au moins quatre mois par an, et cela sans parler des périodes cycloniques, pourquoi n’ont-ils pas installé de brise-lames ? Est-ce en raison du coût élevé de cette structure titanesque et qui serait peut-être installée plus tard ? Pour rappel, un tel projet de brise-lames avait été envisagé pour la rade de Port-Louis en 2018 et avait été estimé à l’époque à Rs 1 milliard. Ou alors n’y aura-t-il pas de brise-lames ?
Camions et blindés
En l’absence ou en attendant ceux-ci, comment feront les passagers qui se rendront à Agaléga par voie maritime ? À noter que le PM a été très vague au sujet de vols réguliers entre Agaléga et Maurice. «Pour des militaires, explique Roger Doger de Spéville, l’absence de passerelle ne devrait poser aucun problème. Ils sont entraînés à utiliser une échelle en corde ou autres, ou à rejoindre la terre ferme dans un zodiac. Mais pas pour les civils.» Il se demande d’ailleurs pourquoi l’on n’a pas placé une passerelle amovible qui peut être adaptée à n’importe quelle jetée, et qui s’ajuste aussi en fonction de la marée et vagues modestes. Seewanand Norungee est resté injoignable quand on a essayé de lui poser cette question également.
Mais il y a plus. Nous montrant une photo de la nouvelle jetée d’Agaléga, photo prise de l’intérieur de l’île, Roger Doger de Spéville explique que «la jetée surplombe la plage de sable. Provision est donc probablement faite pour que la jetée agisse également comme une rampe de débarquement ou d’embarquement de gros véhicules tels des camions ou des blindés». Ce dont il est sûr en tout cas, c’est que la jetée ne servira pas de terminal pour des passagers ordinaires, «comme les Agaléens». Pourtant, Pravind Jugnauth maintient que ces «facilités serviront surtout à nos frères et sœurs agaléens». Roger Doger de Spéville est d’avis que si c’est aux Agaléens que le gouvernement pensait avant tout, «pourquoi ne pas avoir construit des maisons, un hôpital digne de ce nom où les Agaléennes peuvent accoucher sans avoir à se rendre à Maurice ?» Il note aussi que beaucoup d’argent a été investi dans les bureaux et autres logements pour les soldats indiens.
Ordures et île du sud
Où se débarrasse-t-on des ordures d’Agaléga ? Selon nos informations, les déchets en tous genres sont actuellement enterrés dans l’île. On a vu des tractopelles creuser le sol pour les enfouir. Une sorte de petite Mare-Chicose en devenir ? Avec l’arrivée des militaires indiens dont le nombre risque de dépasser celui des Agaléens, il est certain que les déchets ménagers, mais surtout de l’aéroport et du port, vont causer un énorme problème. Les enfouira-t-on? Roger Doger de Spéville nous rappelle que les déchets produits dans les îles Tromelin, Grande Glorieuse, Juan de Nova et Europa sont triés, compactés avant d’être convoyés régulièrement vers La Réunion et Mayotte soit par un C-130, soit par mer. «Sinon, ces minuscules îles risquent d’être submergées par les ordures et polluer l’environnement.» Que fera-t-on pour Agaléga ? Les Indiens les transporteront-ils vers l’Inde ? Ou vers Maurice ? Ou alors, ces ordures seront-elles jetées à la mer ? Roger de Spéville se demande d’ailleurs où sont allés les déchets de construction. Il nous fait savoir dans la foulée que l’île du Sud est un joyau écologique, qu’il faut absolument préserver. «Qui s’assurera de sa ‘conservation’», se demande-t-il. Pravind Jugnauth a bien comme projet de créer une zone protégée… aux Chagos. Qui ne sont plus sous notre contrôle.
Location et «rafales»
Roger Doger de Spéville se demande pourquoi l’Inde ne nous paie pas un loyer pour l’utilisation éventuelle d’Agaléga. «L’Inde vient de commander 26 Rafales de la France pour l’équivalent de Rs 100 milliards ! Elle aurait pu nous payer au moins un milliard de dollars par an.» La question du loyer n’a jamais été soulevée jusqu’ici. Alors que l’on attend un loyer des… Chagos.
[Pourquoi n’a-t-on pas placé ce genre de passerelle amovible, se demande Roger Doger de Spéville.]
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