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L’abus de pouvoir, instrument ordinaire d’un gouvernement vulnérable !

11 septembre 2024, 09:05

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Deux épisodes qui illustrent une incroyable dérive et le piétinement de notre démocratie déjà bien abîmée. D’abord, ce simulacre d’élection des maires et de leurs adjoints dans deux villes : Beau-Bassin-Rose-Hill et Curepipe.

Alors que les élections municipales ont été renvoyées par trois fois depuis 2015, alors que toutes sortes de prétextes (le dernier étant une réforme des collectivités locales) ont été brandis par peur d’affronter l’électorat urbain, voilà qu’à la veille des législatives, les petits calculs politiques et ethniques reprennent leurs droits et dictent des démissions suivant des ordres venues directement d’en haut, histoire de placer certains pions au-devant de la scène en marge des prochaines législatives.

Les citadins, déçus par l’administration de l’ensemble des villes, ne sont pas dupes : ces arrangements conjoncturels permettront au gouvernement central d’activer les leviers du pouvoir au travers de commodes intermédiaires dans le cadre de la campagne électorale où le MSM, avec ses alliés, tentent de miser sur quelques candidats susceptibles d’être élus dans les villes.

Si à Curepipe, c’est un tandem du parti Soleil qui est placé sous les projecteurs, à Beau-Bassin-Rose-Hill, l’ironie veut que ce soit un membre du ML qui a été choisi comme premier magistrat de la ville alors qu’on se souvient toujours de la sévère intervention de son leader Collendavelloo lors des amendements apportés au Local Government Act en juillet 2023.

Celui-ci s’interrogeait alors sur le bien-fondé de la proposition de réforme qui ratifiait le renvoi des élections municipales. «Tous ceux ayant parlé ici ont plaidé en faveur de la démocratie régionale (…) Doit-on réformer le système pour que le ministre nomme tous les conseillers municipaux ?» avait lâché le député du n°19 en créant la surprise parmi ses camarades de la majorité, tout en récoltant les applaudissements de l’opposition. L’ancien ministre s’était concentré sur la clause 44 ainsi que les changements apportés au PBMC (Permits and Business Monitory Committee), et s’interrogeait sur l’indépendance des personnes supplémentaires qui allaient être nommées par le gouvernement central sur ce comité.

Alors que ce discours-là avait provoqué la surprise en débouchant sur des spéculations, le choix du nouveau maire de Beau-Bassin-Rose-Hill consolide la place (auprès du gouvernement) de Collendavalloo et des siens qui ont préféré ne pas faire équipe avec Ganoo et Obeegadoo au sein de Linite militan, une plateforme qui n’a plus le même pouvoir de marchandage depuis les dernières fréquentations MSM-PMSD !

Le deuxième épisode illustrant la dérive et le piétinement de notre démocratie reste ces inacceptables arrestations des manifestants du mouvement Rann nou la ter. Ces images qui témoignent de la violence verbale et physique de nos hommes en uniforme font honte aux Mauriciens et montrent un pays où les forces de l’ordre, qui sont à la solde d’un régime, font de l’abus de pouvoir un instrument ordinaire, l’objectif étant de faire taire les voix libres.

Ce qui s’est passé à Côte-d’Or mercredi dernier avec une mobilisation démesurée des unités de la police, cette brutalité dont on a fait usage pour embarquer des citoyens protestataires et la présence ensuite d’un policier dans la chambre de Narsinghen – un des manifestants conduit à la clinique pour obtenir des soins – ne font pas honneur au gouvernement !

Au contraire, il y a l’impression d’une équipe qui craint que l’atmosphère économique morose amplifiée par la cherté de la vie (malgré une série de mesures du gouvernement qui ne provoquent toujours pas un feel-good factor) et une roupie dévaluée soit en sa défaveur. D’où le recours à la violence à l'encontre des manifestants dont le délit serait d’avoir scandé «Jugnauth voler» !

En utilisant la répression pour étouffer la liberté d’expression des citoyens, le gouvernement projette une image fragile de son équipe et provoque une vague de sympathie envers des manifestants vus par l’opinion publique comme étant des victimes d’un État autoritaire. La tentative de justifier l’intervention musclée des forces de l’ordre par les porte-paroles du gouvernement qui allèguent que les contestataires étaient venus faire du désordre et proférer des insultes envers le Premier ministre n’a fait qu’attiser une colère qui a pris la tournure d’une mobilisation des membres de la communauté tamoule ce samedi après-midi !

Va-t-on vers un épisode de bras de fer qui annonce de nouvelles dérives et un autre pas dans le piétinement de notre démocratie ?

Publié le 2 septembre.