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L’AHRIM dénonce les failles qui freinent le tourisme
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L’AHRIM dénonce les failles qui freinent le tourisme

Alors que le gouvernement s’apprête à présenter son premier Budget, l’Association des Hôteliers et Restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM) tire la sonnette d’alarme. Entre manque de données fiables, problèmes de connectivité aérienne, pénurie de maind’œuvre et enjeux environnementaux, le secteur touristique fait face à des défis majeurs.
«L’année 2025 a démarré sur une note morose, avec tous les indicateurs clés en territoire négatif», peut-on lire dans le mémoire de l’AHRIM. Pour l’association, cette année marque le début d’un nouveau cycle, axé sur la compétitivité du marché, la valorisation de la destination et le développement d’un tourisme responsable. Mais pour progresser, encore fautil disposer des bons outils.
Or, selon l’AHRIM, le secteur souffre d’un sérieux déficit en données et en in- formations pertinentes. «Depuis des années, nous sommes confrontés à un manque criant de données fiables et d’informations adaptées.» L’association appelle à une refonte en profondeur des statistiques de l’industrie. Elle recommande notamment d’améliorer les rapports de Statistics Mauritius en y intégrant les hébergements hors hôtels et toutes les activités réalisées en dehors des établissements touristiques classiques. Elle propose aussi de s’appuyer davantage sur d’autres autorités nationales afin d’affiner la qualité des rapports, de mieux mesurer la valeur ajoutée du secteur et de comptabiliser l’emploi dans un contexte où de plus en plus d’entreprises ont recours à la sous-traitance. Dans ces conditions, l’AHRIM estime qu’il n’est pas pertinent de débattre du tourisme ni de définir des priorités ou de nouvelles politiques sans une base statistique solide.
Sièges d’avion
Selon l’AHRIM, la compétitivité de la destination Maurice doit être re- définie, en misant sur une amélioration continue de la connectivité aérienne et un renforcement stratégique d’Air Mauritius. L’association appelle à une augmentation du nombre de sièges disponibles et à des tarifs aériens plus compétitifs. Elle cite l’exemple des Maldives, qui ont adopté une approche résolument ambitieuse en matière de connectivité, qui permet une meilleure régulation des coûts de voyage pour les compagnies aériennes comme pour les voyageurs, qu’ils viennent de marchés traditionnels ou de régions émergentes telles que l’Asie du Sud-Est, l’Europe centrale ou les pays scandinaves. La connectivité, dit-elle, demeure l’un des principaux freins à la croissance et à la diversification des marchés.Les améliorations récentes sont jugées modestes et insuffisantes, au point de constituer un véritable goulot d’étranglement pour le secteur. «C’est un rappel brutal des défis à relever pour rester compétitifs sur la scène mondiale.» Air Mauritius doit rapidement retrouver un rôle de leader fort sur le marché.
Le problème de l’érosion des zones côtières est également au cœur des préoccupations de l’AHRIM, qui appelle à une réponse plus proactive et coordonnée. «Il est impératif que les autorités prennent ces enjeux à bras-le corps. Les travaux de correction et d’atténuation, lorsqu’ils sont nécessaires, doivent être correctement traités, évalués et approuvés conjointement dans des délais raisonnables.» Il est temps d’adopter une ap- proche solide, fondée sur des connaissances scientifiques éprouvées et une expérience de terrain, pour faire face à ce phénomène à court, moyen et long termes.
Dans un contexte marqué par des coupures d’électricité récurrentes et un problème d’approvisionnement en eau qui perdure, l’AHRIM demande que ces difficultés soient enfin résolues de manière durable.
Pour renforcer la visibilité de la destination, elle réclame également des ressources additionnelles en faveur de la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA), du ministère du Tourisme, ainsi que des compagnies aériennes et des voyagistes engagés dans la promotion de Maurice. La protection des clients figure aussi parmi ses priorités, tout comme la mise en place d’un organisme national de coordination pour gérer la problématique des chiens et chats errants.
Renforcer la main-d’œuvre
La pénurie de maind’œuvre demeure l’un des freins majeurs à la croissance du secteur touristique. «Notre industrie est probablement la plus sévèrement touchée par la pénurie de main-d’œuvre nationale.» L’association, qui a déjà soumis ses doléances au ministère du Travail, plaide pour une politique équitable et non discriminatoire envers le secteur du tourisme et de l’hôtellerie. Elle demande, entre autres, la suppression du principe des secteurs en pénurie, l’élimination des lourdeurs administratives inutiles, ainsi qu’une accélération des procédures d’approbation pour l’hébergement des travailleurs.
Selon les données compilées par l’AHRIM, le secteur compte actuellement 21 319 employés à temps plein, dont 368 expatriés ou travailleurs étrangers. Les besoins en main-d’œuvre étrangère sont estimés à 3253 personnes pour l’année à venir, et devraient croître jusqu’à atteindre environ 4795 personnes d’ici cinq ans. Cette tendance concerne notamment les postes techniques, comme les techniciens de maintenance, qui représenteront, à eux seuls, environ 8 % de la main-d’œuvre totale à l’horizon 2030. L’Inde, le Népal et Madagascar sont les principaux pays ciblés pour le recrutement de ces travailleurs.
Sur le plan tarifaire, l’AHRIM souligne que Maurice offre une large palette d’hébergements adaptés à tous les budgets. Cependant, le prix des billets d’avion reste naturellement plus élevé, en raison de l’éloignement géographique de l’île, située à la pointe des routes aériennes de l’océan Indien. Contrairement aux Seychelles et aux Maldives, qui misent presque exclusivement sur des complexes hôteliers haut de gamme, Maurice propose une offre plus diversifiée, ce qui se traduit par un revenu moyen par visiteur plus faible.
«Aux Seychelles et aux Maldives, environ 93 % des touristes séjournent dans des établissements de luxe. À Maurice, ce taux descend à 77%, les visiteurs privilégiant de plus en plus des hébergements hors du circuit hôtelier traditionnel comme les locations de courte durée. Cette évolution fait naturellement baisser le revenu moyen par touriste.»
Cette tendance devrait perdurer, notamment dans un contexte où les interactions avec la population locale sont encouragées et où les touristes recherchent des expériences plus authentiques. Par ailleurs, les marges de manœuvre pour augmenter les dépenses par visiteur restent limitées car les distances à parcourir sur l’île sont courtes, l’accès aux parcs publics et musées est gratuit, le shopping est modéré, et Maurice ne vise pas à devenir une destination de jeux de hasard ou de grands parcs d’attractions.
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