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L'art de se diviser ou de s'unir ?
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L'art de se diviser ou de s'unir ?
On parle des chiffres, mais quid des hommes et des femmes qui aspirent à nous servir, sans intention, disent-ils, de se servir ?
La formule PTr 35/MMM 17/PMSD 8 n’est pas finalisée. Si les Rouges auront, à coup sûr, leurs 35 tickets comme partenaire majoritaire, rien n’est encore joué par rapport au nombre restant (25 tickets) à être partagés entre le parti de Paul Bérenger et celui de Xavier-Luc Duval. Les deux veulent grignoter davantage.
Cette façon de procéder en essayant d’établir des quotas davantage ethniques que politiques – qui fait hélas partie de notre culture – prouve que nous pataugeons dans un désert intellectuel. La méritocratie n’a pas sa place car elle est en panne sèche de militants (croyants et pratiquants confondus). C’est la principale raison pour laquelle les mêmes politiciens s’alternent au pouvoir sous nos yeux blasés. C’est aussi pourquoi les fils à papa et les filles à papa, aidés par une clique de cousins et de beaux-frères, de flagorneurs et de profiteurs, poussent comme des champignons dans notre arrière-cour. Pourtant, le désir d’une vraie alternance (et non pas une sempiternelle musical chair avec les éternels patronymes), la soif de la démocratie et d’un État de droit demeurent une aspiration universelle pour beaucoup d’entre nous.
Autre drame national : nous nous tirons une balle dans le pied après chaque élection générale. Seules 50 % de nos ressources humaines – déjà rares – sont mises à contribution, et les autres 50% sont ostracisées ou occultées, de notre équation nationale. Un ami me disait récemment qu’on aime se tenir sur une seule jambe et regarder avec un seul œil. Puis vient l’alternance.
Nous changeons alors de pied et d’œil – mais toujours un seul pied, et un seul œil à la fois. Jamais les deux en même temps pour mieux marcher ou pour mieux voir. Nous prenons plaisir à nous amputer ainsi de nos moyens. Dès lors, comment voulez-vous qu’on sorte de la mélasse, surtout que nous n’avons pas de ressources naturelles comme d’autres pays ?
Si les attaques sous la ceinture entre la bande à Pravind Jugnauth et celle de Navin Ramgoolam sont de plus en plus nombreuses, nos voix citoyennes, elles, demeurent plus ou moins silencieuses dans l’espace public agité par les tapageurs politiciens qui donnent l’impression de tout maîtriser alors qu’ils sont surtout des représentations ethniques ou patronymiques pour la plupart, avec pas grand-chose, pour beaucoup, dans la tête. Mais qu’à cela ne tienne ; la grosse majorité d’entre nous préfèrent rester muets et regarder ailleurs. C’est plus facile de se taire, de profiter de son weekend, en famille, à écouter la radio, ou, encore, à palabrer sur les gens qu’on ne connaît même pas. Et puis de critiquer sur la Toile (comme pour se vider de sa frustration). Pourtant, la critique sociale, la vraie, est incontournable si l’on veut s’ériger en un peuple «smart» au lieu d’être un pays peuplé seulement de «smart cities» en béton armé.
La question à se poser : qu’est-ce qui réduit au silence nos intellectuels – ceux qui auraient pu éclairer le troupeau, remettre en question la Constitution, la gouvernance, la politique économique et l’ordre établi, et questionner notre commencé et les chemins à emprunter pour des lendemains meilleurs ?
Pour garantir un développement durable et réduire les inégalités, nous ne pouvons que regretter le manque de cohérence de nos acteurs politiques, qu’ils soient du pouvoir, de l’opposition ou de l’opinion publique. Si les politiciens qui composent le gouvernement et l’opposition nous ont (suffisamment) démontré qu’ils jouent au même jeu de chaises musicales, l’opinion publique, elle, a le devoir de s’assurer qu’on ne perpétue pas l’immobilisme, en prenant les mêmes et en les réalignant mandat après mandat, sans restriction aucune.
Il nous faut «démugaber» la politique à Maurice dans le sens où il faut lutter contre les inamovibles et les dynasties ou le règne sans partage au sein des partis politiques. S’il n’y a pas de démocratie au sein des partis, ou s’il y a une forme de démocratie qui maintient un leader ou une famille aux commandes pendant cinq décennies, alors il faut revoir tout le fonctionnement sans tarder. La méritocratie doit prendre le pas sur le règne des dynasties, et des fils et des filles à papa. S’ils sont méritants, tant mieux, mais qu’ils ne viennent pas piper les dés au sein de leur parti respectif, trop souvent confondu avec un business familial, au nom d’une transmission naturelle ou génétique de la chose politique.
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