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L’avenir s’écrit en lignes de code
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L’avenir s’écrit en lignes de code
Un amas de lignes vertes renfermant un message crypté, à savoir un algorithme parfaitement agencé permettant à une machine douée d’intelligence de tout régenter. Ces images empruntées à Matrix, film culte de la fin des années 90, étaient, pour le moins, prophétiques. Aujourd’hui, l’avenir de l’humanité semble s’écrire en lignes de code. Jusqu’où la machine pourra-t-elle remplacer l’homme ? Une question qui suscite des interrogations, alors qu’au sein de la Silicon Valley et en Chine, les techno-entrepreneurs dévoilent au grand jour les innovations permises par l’apprentissage automatique ou machine learning.
En 2023, le phénomène ChatGPT, un chatbot développé par Sam Altman qui génère du contenu rédactionnel en se basant sur le contexte et les conversations passées, a eu l’effet d’une onde de choc. Fustigés par les universitaires qui évoquent les cas de tricheries et des écrivains comme George Martin, l’auteur de Game of Thrones, qui ont engagé des poursuites contre OpenAI pour violation de droits d’auteur et accueillis favorablement par les entrepreneurs connaisseurs en technologie qui y voient un outil pour générer des rapports rapidement, ChatGPT suscite ces jours-ci des débats passionnés, notamment sur la nécessité de réglementer l’usage de l’IA. Il y a définitivement un vide à ce niveau qu’il convient de combler.
Si ChatGPT a braqué les projecteurs sur les potentialités de l’IA, c’est toutefois loin d’être la seule innovation sortie des laboratoires technologiques. D’autres applications mobiles d’IA telles que Byziness, qui propose des services de comptabilité, ou Midjourneys, une IA générative qui crée des images, ont été adoptées par un grand nombre d’entreprises.
Certes, la Silicon Valley demeure la pépinière par excellence des innovations technologiques, mais la Chine a fait un pas de géant dans l’adoption et l’exploitation de l’IA. Ainsi, sous l’impulsion de Xi Jinping, qui est clair dans sa vision d’utiliser l’IA pour moderniser l’économie chinoise, la Chine a consenti à des investissements colossaux dans cette filière technologique. Pas moins de 14 milliards d’euros seront injectés dans l’IA en 2023. Ces investissements vont grimper jusqu’à 35 milliards d’euros d’ici à 2027. La course à l’IA a démarré et Pékin fait montre d’une volonté farouche pour dépasser les États-Unis et devenir la première puissance mondiale dans ce secteur à l’horizon 2030. Un objectif réalisable car la société chinoise est très numérisée et, de ce fait, est perméable aux innovations technologiques. Pour l’heure, la politique de l’administration Biden de restreindre l’acheminement de produits de haute technologie comme les semi-conducteurs vers la Chine n’a pas eu l’effet escompté. Ainsi, Huawei a, malgré l’embargo américain, été en mesure de développer une puce 5G pour ses téléphones.
Aujourd’hui, l’IA est présente dans toutes les sphères de la vie sociale et économique chinoise. Le cas de Nanjing Silicon Intelligence est édifiant. Cette entreprise technologique a, à ce jour, créé des milliers d’influenceurs virtuels, donc infatigables. Une opportunité saisie à bras-le-corps par les entreprises chinoises qui s’appuient beaucoup sur les influenceurs pour vendre leurs produits notamment sur TikTok. Se payer les services d’un influenceur virtuel coûte au minimum 8 000 euros. La société Netdragon a, pour sa part, créé sa P-DG, prénommée Tang Yu, qui dirige quelque 6 000 salariés. Alors que Replika permet d’avoir un compagnon virtuel pour un minimum de 70 euros. Mais la contrepartie, c’est que ce développement effréné de l’IA risque de faire disparaître nombre de métiers, surtout dans l’industrie créative. En Chine, on évoque le chiffre effarant du remplacement de 50 % des emplois dans vingt ans.
Sur le plan de la réglementation du secteur de l’IA, la Chine a une bonne longueur d’avance sur les Occidentaux. Depuis le mois dernier, le pays a adopté des réglementations strictes régissant l’utilisation de l’IA en touchant plusieurs questions clés comme l’obligation d’indiquer sur les réseaux sociaux les contenus générés par l’IA générative, l’utilisation responsable des données, la protection des utilisateurs et le respect des droits de propriété intellectuelle.
Pendant ce temps, l’Union européenne s’attelle à mettre en place son cadre sur l’IA. Alors qu’aux États-Unis, l’on est au stade des discussions avec les techno-entrepreneurs. Dans tous les cas, il s’agit de ne pas adopter des réglementations trop restrictives qui freineraient le progrès.
En France, alors que la Première ministre, Elisabeth Borne, vient de lancer le premier comité de l’IA, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, s’est exprimé avec force en soutenant que le pays devait «impérativement maîtriser les technologies de l’intelligence artificielle pour éviter de subir la norme des autres puissances».
À Maurice, des start-up comme LuckyDodo exploitent déjà le potentiel de l’IA générative. Mais, clairement, il faudrait favoriser la mise en place d’un écosystème puissant pour inciter les techno-entrepreneurs à développer leurs projets. De même, les grosses entreprises devraient se montrer plus aventureuses et soutenir plus activement les start-up technologiques.
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