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Impressions de séance

Le bon dieu sans confession !

8 juin 2024, 08:31

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Pas une seule réforme structurelle. Pas de consolidation financière apparente. Aucune projection pour l’inflation ou la balance des comptes courants. Pas, non plus, d’hypothèse sur la valeur de la roupie en 2025…

Avec cette toile de fond, rien d’étonnant que l’idée de ce Budget, encore plus que celle de ses prédécesseurs, était de s’assurer que chacun des citoyens de ce pays se sente d’abord identifié et ensuite choyé ! Le récapitulatif à la fin de plus de deux heures de discours (para 568 +) en est la démonstration certaine…

Ce gouvernement a certes quelques réalisations sociales solides à son actif : le salaire minimum, la pension de vieillesse améliorée (qui augmente encore !), des allocations CSG généreuses qui auront même déjà vidé ces caisses-là et ce discours du Budget ajoute même que le PIB de 2023 sera de 3,7 % plus gros que prévu et que l’investissement aura progressé par 30,9 % face aux 7,8 % de 2022. Ce n’est pas rien, si validé !

Mais après les notes de caution solides du FMI dans son dernier rapport, on se serait attendu à un peu moins d’euphorie distributive, et à un peu plus de transparence et de dignité dans la mise en perspective, notamment par rapport à l’avenir de notre roupie nationale.

En effet, la roupie s’est dépréciée de 40,6 % face au dollar depuis janvier 2015 et la glissade est continue, même si ralentie, puisque la balance des comptes courants est toujours déficitaire et que l’accès aux devises dans le marché bancaire local devient de plus en plus compliqué.

Dès lors, les magnanimités budgétaires auraient été plus crédibles si elles étaient dénominées… En dollars ou si le ministre des Finances s’était engagé pour une roupie stabilisée. Cela n’a pas été le cas.

Au chapitre de l’économie, les quelques mesures positives auront été malheureusement éclipsées par de nombreuses mesures excusant des prêts non remboursés, renouvelant et augmentant des subsides divers et assurant moult «grants». Ces largesses sont, certes, pour les PME, mais créent un environnement solidement artificiel duquel il sera difficile de sortir un jour…

Parmi d’autres non-dits inquiétants : on nous annonce diverses propositions pour de l’énergie renouvelable, mais il n’y a aucune quantification des résultats atteints jusqu’ici, notamment par rapport à l’objectif de 60 % de renouvelable dès 2030… C’est dans cinq ans ! Le ministre rappelle aussi fièrement les 7 000 familles du «Social Register» (27 600 individus) qui vont désormais être aidées au taux de Rs 1 500 par mois, sans préciser combien de celles-ci se sont affranchies dudit registre… depuis les débuts en 2016.

Ce Budget, électoraliste à souhait, aurait souhaité faire le bonheur de tout le monde, mais hier soir, c’est la mâchoire du bon dieu qui a dû en tomber d’entendre que les subsides aux religions augmentaient par encore 60 % (170 % d’augmentation depuis 2014 !), qu’à partir du 1ᵉʳ janvier 2025, donc après les élections (*), que le gouvernement subventionnerait les pèlerinages à l’étranger et que TOUS les prêtres enregistrés allaient désormais bénéficier de véhicules duty-free, renouvelables tous les sept ans. Le bon dieu sans confession grâce aux prêtres fonctionnaires ?

(*) Comme la pension de vieillesse d’ailleurs, qui augmente de Rs 500 de plus le 1er juillet et augmentera d’encore Rs 1 000 le 1ᵉʳ janvier 2025…