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Plumes engagées
Le cerf-volant brisé
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Plumes engagées
Le cerf-volant brisé

Cedric Lisette.
À l’heure du tout à l’image et du buzz sans suite, «l’express» souhaite faire découvrir la plume de poètes, de chanteurs, d’écrivains et de tous ceux qui jettent leur âme sur le papier, et qui mettent en mots des réflexions profondes.
Il était un petit cerf-volant de huit ans seulement, libre et léger,
Porté par l’amour, bercé par l’été.
Son fil le liait à un ciel sans nuage,
Où l’innocence tissait son doux paysage.
Mais vint un souffle, un vent sans visage,
Un cyclone noir, un orage sans présage.
Il n’annonça ni bruit, ni tonnerre, ni cri,
Juste une ombre qui glissa dans la nuit.
Puis, d’un coup sec, son fil fut coupé net,
Il fut arraché, projeté, balayé.
Le ciel devint un gouffre sans fin,
Un vide froid où se perdent les destins.
Il flotta, dérivant sans repère,
Un enfant perdu, un cri solitaire.
Personne ne vit les rafales en lui,
Personne ne sentit le vent d’effroi.
Son sourire devint un masque de verre,
Fragile façade d’un monde en colère.
Il voulait parler, hurler son naufrage,
Mais les mots mouraient, étouffés dans l’orage.
Le silence devint sa seule prison,
Un écho sourd à sa déraison.
Chaque rafale lui soufflait la honte,
Chaque ombre murmurait : «C’est à toi la faute.»
Et pourtant, le temps passa, lentement,
Les tempêtes s’éloignèrent, faussement.
Il crut que le vent s’était enfin tu,
Que son ciel pourrait redevenir nu.
Mais le cyclone sommeillait dans l’ombre,
Prêt à surgir, à l’étreindre dans l’ombre.
Un mot, un geste, un souffle inconnu,
Et tout son passé s’est rouvert, nu.
Il comprit alors qu’il n’y a pas d’oubli,
Que le vent laisse en nous son empreinte infinie.
Mais il n’était plus ce cerf-volant tremblant,
Aujourd’hui, il tenait son fil en sang.
Oui il ne volerait plus jamais comme avant,
Mais il volerait, malgré les tourments.
Car même brisé, même marqué par l’enfer,
Un cerf-volant peut encore danser dans l’air.
Oui, lui, c’est moi! Ce petit cerf-volant…
Mais combien d’enfants faudra-t-il encore briser ?
Combien de fils faudra-t-il encore couper ?
COMBIEN de vies faudra-t-il encore souiller
Avant que ce cauchemar cesse enfin d’exister ?
Arrêtez. Écoutez. Protégez.
Le vent ne doit plus jamais être un prédateur,
Plus jamais un enfant ne doit voler vers l’horreur.
Bio
Cedric Lisette
Âgé de 28 ans, il est originaire de Rodrigues et travaille à Maurice comme éducateur d’économie au secondaire. Il écrit actuellement son premier ouvrage, une autobiographie.
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