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Glissement de terrain à Tranquebar
Le contracteur EDCC avait aussi averti la NDU
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Glissement de terrain à Tranquebar
Le contracteur EDCC avait aussi averti la NDU
Parlant à l’express le 23 avril, Osman Mahomed avait exprimé sa colère face à la «négligence criminelle» des autorités après le glissement de terrain et l’effondrement de la maison des Ramsahye le 21 avril. Alors que le gouvernement évoquait des descentes d’eau exceptionnelles de la montagne et les effets du changement climatique, l’ingénieur civil expliquait déjà que c’est la démolition intégrale du mur de soutènement en pleine saison des pluies d’été qui avait provoqué la catastrophe.
Ce qui l’avait encore plus irrité, c’est qu’il avait adressé le 15 mars une lettre à la secrétaire parlementaire privée (PPS) de la circonscription, Sandra Mayotte, pour la prévenir du désastre – qui se produira cinq semaines plus tard. Il n’avait eu aucun retour et avait appris des habitants que la PPS leur avait dit «que le gouvernement ne prenait pas en considération les lettres d’Osman Mahomed».
«Je tiens Mayotte et Hurreeram personnellement responsables», déclarait l’ingénieur civil, réitérant hier après avoir pris connaissance d’une lettre du constructeur EDCC adressée le 1er avril à la National Development Unit (NDU), dont dépend Sandra Mayotte. Dans cette lettre, le directeur d’EDCC, le Dr Seeva Durmoo, évoque les risques de dégâts pouvant résulter de la démolition du mur, dont il ne voudrait pas être tenu pour responsable. Selon lui, ce n’est qu’après avoir démoli une partie du mur qu’il s’est rendu compte que le terre-plein n’était pas compact (sans doute composé de terre et d’autres ordures), et qu’en cas de déluge, le terre-plein serait emporté. Cependant, il ne précise pas si les maisons voisines risquaient d’être déstabilisées, voire de s’effondrer. Il se contente de parler de «damage from flooding».
Tous responsables
Pour Osman Mahomed, tout ingénieur digne de ce nom aurait dû, à la lecture de cette lettre, déduire qu’il existait de graves risques d’effondrement des habitations. «En fait, il y a toute une chaîne de responsabilités, commençant par le consultant Gibb (Mauritius) Ltd, chargé de la conception et qui aurait dû prendre connaissance de la nature du terre-plein. A-t-il réalisé des études géotechniques (soil test) ? Et Lux Consult, responsable de la supervision des travaux en tant que consultant, qu’a-t-il fait en constatant l’état du sol après la démolition du mur ? Quant au contracteur, pourquoi a-t-il démoli tout le mur malgré la mauvaise qualité du remplissage ? Et cela, en pleine saison des pluies ? Et que dire de Sandra Mayotte ? A-t-elle enquêté sur le danger auprès des consultants et du constructeur ? Elle n’a pas tenu compte de mes avertissements, ni parlé aux riverains. Le plus grand responsable est Bobby Hurreeram, qui préside un système manifestement défaillant.»
L’autre député rouge Ehsan Juman nous rappelle qu’au cours d’une émission sur Top FM, le ministre des Infrastructures nationales, Bobby Hurreeram, avait tenté de rejeter toute la responsabilité sur le constructeur. «En tout cas, la NDU était au courant du danger mais n’a pas levé le petit doigt. Résultat : des familles ont subi d’énormes dommages. Heureusement que cela ne s’est pas produit la nuit. Sinon, il aurait pu y avoir des pertes de vies humaines et des blessés. Je me demande encore pourquoi les autorités n’ont pas évacué les familles à risque.»
De plus, dit-il, c’est le contribuable qui sera appelé à dédommager les victimes pour la négligence de la NDU. «L’assureur va-t-il indemniser après la divulgation de cette lettre du contracteur EDCC, qui semble rejeter au moins une partie de la responsabilité sur le maître d’œuvre qu’est la NDU ?»
Osman Mahomed a d’autres questions : pourquoi y avait-il deux consultants au lieu d’un seul pour ce projet ? «C’est un gaspillage d’argent, de temps et une complication inutile.» Il veut surtout savoir ce que la NDU a fait à la réception de la lettre d’EDCC. En outre, il veut savoir pourquoi le mur a été démoli si rapidement. Il s’attend à ce que Bobby Hurreeram lui donne des explications demain en réponse à sa question B/303 «et qu’il ne passera pas de longues minutes à énumérer tous les projets passés, en cours et à venir».
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